Le Ching Ming (ou Qingming) festival est l’une des nombreuses « public holidays » de Hong Kong, et tombe cette année le 4 avril. Profitons de ce jour férié pour découvrir le sens de ce festival et ce que font les Hongkongais et Chinois du continent en ce jour spécial. Kevin, Jasmine, Chapman, Nathalie, Nicole et Stéphanie ont répondu à nos questions.
L’histoire de la fête de Ching Ming
Plusieurs mythes sont associés aux origines du Ching Ming festival. Le plus connu remonte au 6ème siècle avant JC, et raconte l’histoire du duc Wen et de son fidèle serviteur Jie Zitui. Pour certaines raisons, le Duc avait dû s’exiler et était devenu un paria. Son serviteur Jie le sauva face à une mort certaine, alors que le Duc était affamé, en lui donnant un morceau de sa propre chair et en lui cuisinant un bouillon pour le nourrir. Le duc promis alors de récompenser Jie.
Quelques années plus tard, alors que le Duc avait repris le pouvoir sur son royaume, il décida de récompenser son fidèle serviteur. Celui-ci s’était retiré dans une montagne et vivait en ermite pour échapper à la société corrompue. Le Duc, n’arrivant pas à faire venir Jie, mis le feu à la montagne pour l’obliger à redescendre. La mythologie chinoise raconte que Jie périt dans l’incendie. Le Duc décida alors de commémorer sa loyauté en interdisant l'utilisation du feu pendant trois jours pour pleurer sa mort. Sans feu, les habitants ne mangèrent que des aliments froids. De cette histoire est né le Festival Han Shi, Han Shi signifiant « nourriture froide », ancêtre du Festival Ching Ming.
Le Festival Ching Ming est né de la combinaison du Festival Hanshi, lorsque les gens mangent de la nourriture froide, et du Festival Shangshi (上巳節), lorsque les Chinois se baignent pour se débarrasser des mauvais esprits.
Comment Ching Ming est célébré à Hong Kong ?
En ces premiers jours de printemps, les familles se réunissent sur la tombe ou près de la niche funéraire de leur proches pour l'entretenir et se recueillir. Les pierres tombales ou les plaques contenant les urnes funéraires sont nettoyées, et les gravures portant le noms des défunts sont rafraichies. Pour prévenir les ancêtres de leur arrivée, les proches allument des bâtons d'encens. Des offrandes en papier représentant de l’argent, des maisons, des voitures ou encore des vêtements, sont brûlées afin qu'elles parviennent au défunt, et qu’il puisse les utiliser dans l’au-delà.
Tout le nécessaire est apporté au défunt, pour ainsi l’inciter à rester dans l'au-delà et à ne pas revenir hanter les vivants. Il est aussi commun d’apporter des branches de saule pour repousser les esprits et d’autres fleurs telles que les chrysanthèmes. De la nourriture et des boissons (vin et thé) sont aussi apportés sur les lieux commémoratifs. Le rituel terminé, les proches peuvent consommer ces offrandes pour symboliser une réunion de famille avec les ancêtres.
Il est de plus en plus rare de nos jours de se recueillir sur les tombes, en raisin du coût d'un enterrement, une proportion croissante de la population choisit d'emblée la crémation et le dépôt des cendres dans un columbarium. Ainsi, nombreux sont les Hongkongais qui se recueillent dans les temples où sont disposées les urnes funéraires de leur défunts.
La tradition voudrait également que les personnes consomment de la nourriture froide et cuisinée quelques jours à l’avance, comme par exemple des boulettes de riz froides, vertes et gluantes. Mais cela est rarement observé aujourd'hui.
La plupart des personnes que nous avons interviewées, qu’elles soient de Hong Kong ou de Mainland, n’ont pas de repas particulier pour Ching Ming. Néanmoins, deux personnes expliquent que leur tradition familiale est de manger du cochon rôti en revenant du cimetière, et une autre me dit que sa famille privilégie des aliments simples et un repas minimaliste.
Est-ce que les jeunes célèbrent encore Qing Ming ?
Certaines des traditions du Festival Ching Ming ne sont plus observées par les jeunes générations. Nous avons donc interrogé quelques étudiants sur l'importance qu'ils accordent à ce jour et les réponses sont très variées!
D'un côté il y a ceux qui n'accordent pas grande importance à Ching Ming. Deux étudiants hongkongais interviewés nous racontent que la seule tradition chinoise qu'ils suivent est le Nouvel An Chinois. Quant à Nicole, Chinoise à Hong Kong, elle trouve tout cela trop superstitieux à son goût mais aime commémorer ses ancêtres. D'autres n'y accordent pas énormément d'intérêt et suivent simplement leur famille durant les rituels.
De l'autre côté, il y a ceux pour qui Ching Ming représente beaucoup.
Stephanie, étudiante venue de Mainland, accorde une grande importance au festival, qui marque un jour assez sombre et triste pour elle, durant lequel elle prend le temps de communiquer avec sa défunte grand-mère.
Le festival est aussi important pour Chapman, jeune hongkongais, car il aime suivre les traditions familiales et se rappeler ce que ses grands-parents ont fait pour lui, et leur montrer sa gratitude. Cela lui donne aussi une piqure de rappel pour profiter de ses autres grands-parents, eux toujours en vie et les honorer en suivant les traditions qu’ils lui ont enseignées.
Jasmine partage l’opinion de Chapman car Ching Ming lui rappelle ses racines de Chine continentale, et lui permet d'honorer ses ancêtres et de perpétrer la tradition, pour ensuite la transmettre aux futures générations.
Nathalie, chinoise à Hong Kong, et Kevin, Hongkongais au Royaume-Uni se trouvent bien loin de là où leurs proches sont enterrés. Ils comptent alors sur les membres de leur famille pour nettoyer les tombes en leur nom. Kevin profitera tout de même de ce jour pour penser à ses parents et ses grand parents. Quant à Nathalie, elle prévoit de faire une activité en nature.