Tentant sans succès de renouveler l’exploit du 12 juin 2019 où la mobilisation avait empêché l’adoption de la loi sur l’extradition, les anti-Pékin avaient lancé un mot d’ordre pour bloquer les transports et accès au parlement (LegCo) ce Mercredi. L’enjeu: l’adoption de la loi punissant les insultes à l’hymne national chinois avec en toile de fond le projet de Pékin d’imposer à Hong Kong une loi anti sédition. Or, la police était au rendez-vous.
Forte mobilisation policière
Depuis Mardi soir, où l’on craignait déjà des actions de sitting ou de blocage, les accès à la zone du parlement étaient verrouillés. Mercredi, près de 3.500 policiers étaient mobilisés et dans la matinée, la police annonçait sur son compte Twitter avoir déjà procédé à des arrestations en rapport avec la préparation d’actions violentes et saisi du matériel destiné aux affrontements. On signalait aussi la disposition de barrages de clous pour empêcher les accès des véhicules policiers vers le centre ville.
Balles au poivre et arrestations
Dès 14:00, des milliers de personnes se ressemblaient en plusieurs points de la ville Kowloon autour de Langham Place, Causeway Bay et Central. C’est dans ce dernier secteur, sur D’Aguilar Street exactement, que plusieurs tirs de "pepper balls", des projectiles diffusant une poudre irritante à l’impact, avaient lieu pour disperser un groupe important de manifestants. A Causeway Bay, c’est une cinquantaine de personnes qui sont interpellées et parquées devant Hysan Place avant d’être emmenées par la police. À Kowloon, 30 personnes seront arrêtées. En tout la police fera mention de 360 arrestations pour la journée de Mercredi, les manifestants continuant à défier la police après la tombée de la nuit dans le secteur de Mongkok. La grande majorité des arrestations se fera sur la base de la distanciation sociale, une règle mise en place contre le coronavirus mais qui trouve depuis la fin de l’épidémie une nouvelle utilité.
Lois liberticides
Devant en principe durer quatre jours, les discussions préalables à l’adoption par la majorité pro Pékin de la loi sur l’hymne national prévoit des peines allant jusqu’à HKD 50.000 et 3 ans de prison pour les insultes faites aux emblèmes nationaux que sont l’hymne et le drapeau chinois. On se souvient à ce sujet que lors des manifestions, les Hongkongais ont créé de toute pièce un hymne reprenant leurs aspirations, qui est régulièrement entonné lors des rassemblements depuis. De même, un drapeau chinois piétiné et un autre jeté dans le port ont fait le tour des réseaux sociaux chinois, les internautes pro-régime jugeant l’affront intolérable.
Plus récemment, la décision par Pékin d’imposer dans la constitution de Hong Kong une loi sur la sécurité nationale visant la "sédition", les actes de "sécession", le "terrorisme" et "l’ingérence étrangère" relance la contestation dans un Hong Kong qui veut défendre sa particularité affirmée dans le principe "un pays deux systèmes". Déjà écornée par la tentative de Carrie Lam d’imposer un projet d’extradition des justiciables vers la Chine qui a conduit plus de 2 millions de personnes dans la rue en 2019, la confiance de Hong Kong vis-à-vis de Pékin n’a jamais été aussi basse. Les Hongkongais ont en effet le sentiment d’avoir été trahis par des dirigeants acquis au pouvoir central. Le monde des affaires s’est fait Vendredi dernier l’écho de ce sentiment avec une chute de l'indice Hang Seng de 5.6%.
La fin de Hong Kong
Sur ces événements, la chaîne d’information américaine CNN n’hésite pas à titrer "la fin de Hong Kong tel que nous la connaissons", eût égard aux accords privilégiés de commerce avec les États-Unis qui permettent l’exonération de taxes pour les importations venant du Port des Parfums. Dans le sens inverse, 2/3 des investissements vers la Chine transitant actuellement par Hong Kong pour des questions de stabilité juridique, la remise en cause du système légal de Hong Kong pourrait bien signer l’arrêt de l’utilisation de cette place privilégiée dans les échanges financiers avec la Chine. Au delà des droits de l’homme et des libertés individuelles, jusqu’alors relativement préservés à Hong Kong, l'enjeu de la période actuelle est le rôle de Hong Kong en Asie et en perspective l'équilibre économique de la Chine elle-même.
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