La réunion du National People's Congress (NPC) ce Vendredi 22 mai a été marquée par l'annonce d'un projet de loi de sécurité nationale pour Hong Kong, censé s'attaquer à l'instabilité qui agite le territoire par des mesures répressives plus strictes vis à vis des opposants politiques. La bourse a accueilli cette nouvelle par une chute des cours.
Fini de jouer!
Après 6 mois de manifestations et d’opposition par les urnes à Hong Kong qui a vu le basculement de 17 districts sur 18 dans le camp des amti-Pékin, il semble que le pouvoir central ait décidé de changer les règles, en introduisant prochainement pour Hong Kong une loi de sécurité nationale permettant de punir les actes de "sécession", "subversion", "terrorisme" et "ingérance étrangère". Pékin envisage ainsi de traiter l’opposition comme elle le fait déjà sur le reste de son territoire, en dotant Hong Kong d'un arsenal législatif sur mesure et d'agences chargées de son application.
Constitution
L’article 23 sur la sédition et les actes de sécession n’ayant jamais pu être mis en application par le gouvernement local, le NPC estime désormais que c’est à lui de prendre en charge les opérations concernant Hong Kong en dotant la SAR des outils juridiques de répression des actes liés à la "sécurité nationale". Dans son discours d’ouverture de la réunion du NPC Vendredi, Wang Chen, Vice President de cette assemblée a souligné l’influence négative de ce qu’il a nommé des “émeutes” sur la bonne marche économique de Hong Kong et l’importance d’y mettre un terme. La loi proposée au vote de l’assemblée dans les prochains jours viendra compléter la Basic Law, indique-t-il, la mini constitution censée pourtant depuis 1997 garantir la gestion des affaires de Hong Kong par les Hongkongais eux-mêmes.
Soutien de Carrie Lam
A Hong Kong, la Chief Executive Carrie Lam s’est empressée Vendredi soir de soutenir cette initiative pour "améliorer le système légal" en réunissant la presse pour une déclaration au milieu de ses ministres. Cette loi "fournira aussi le meilleur système pour la prospérité et la stabilité, sans affecter le modèle capitaliste et la base légale de Hong Kong. Cela n'aura pas d'incidence sur les intérêts des investisseurs étrangers qui sont protégés par la loi de Hong Kong." Souvenons-nous que la très impopulaire Chief Executive avait utilisé des arguments similaires pour essayer de faire passer en force la loi sur l'extradition des justiciables vers la Chine Populaire, déclenchant la panique du monde des affaires et les manifestations qui ont secoué le territoire depuis le mois de Juin 2019.
Nouvelles agences locales
Afin de garantir que la loi qu’elle prévoit de mette en place sera respectée, Pékin envisage la création de nouvelles agences à Hong Kong dépendant directement du pouvoir central sur le modèle du Bureau de Liaison ou celui des Affaires de Hong Kong et Macao dont les représentants indiquaient il y a peu qu’ils avaient tout loisir d’intervenir à leur guise dans le débat et les décisions de Hong Kong, n’étant indiquent-ils pas assujettis à la constitution.
Chute de la bourse
En apprenant la nouvelle, la bourse de Hong Kong, indice de confiance de l’économie dans l’avenir du territoire, a aussitôt plongé de 5,6%. Il est en effet acquis que la stabilité juridique du territoire constitue l’une des principales raisons pour lesquelles les entrepreneurs asiatiques s'installent à Hong Kong pour mener leurs opérations, notamment vers la Chine. Le fait de changer le dispositif en place de Hong Kong inquiète les marchés, soulignant la forte dépendance de Hong Kong aux décisions du pouvoir central qui s’arroge le droit d’intervenir selon son gré dans les affaires du territoire.
Un pays, un sytème!
Sur le volet politique, les députés d’opposition ont violemment manifesté leur désaccord ce Vendredi dans les locaux du LegCo, dénonçant le projet de loi comme une atteinte au principe fondateur “un pays deux systèmes”. De même, à l'international, des voix se sont élevées comme celles des ministres des affaires étrangères du Canada, de l'Australie et de la Grande-Bretagne dans une déclaration commune ou encore celle de Boris Johnson, contre la remise en cause de la relative indépendance de Hong Kong, garantie dans les accords de rétrocession entre la Grande Bretagne et la Chine en 1997. 23 ans après cet événement et 27 ans avant la date prévue pour la levée éventuelle du statut spécial de Hong Kong en matière de libertés individuelles et de gestion autonome, il semble en effet que l’on s'oriente vers le nouveau principe de “un pays, un système”.
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