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3 courageux de la crise à Hong Kong

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De gauche à droite, Mathieu et Sarah, Domitille et Sébastien se sont lancés dans une nouvelle aventure en 2020, et ce malgré les circonstances.
Écrit par Karine Yoakim Pasquier
Publié le 8 mars 2021, mis à jour le 9 mars 2021

Ils s’appellent Mathieu, Sébastien et Domitille… et ils ont tous deux points communs : ils sont Français et ont décidé – malgré le Covid – de lancer leur business en 2020. Qui sont ces courageux de la crise ? Lepetitjournal.com revient sur leur parcours et ce qui les a poussés à se lancer en temps de pandémie.

Domitille, Lyonnaise de 37 ans et maman de trois enfants, Mathieu, 32 ans, également d’origine lyonnaise et Sébastien, 45 ans, de Bordeaux et père de deux enfants, ont tous trois un point commun : cette année, malgré le Covid et la récession, ils ont décidé d’oser et de lancer un nouveau business à Hong Kong.

Lepetitjournal.com vous présente donc ces courageux de la crise, ceux que le Coronavirus n’aura pas fait trembler

J'ai décidé de me lancer

Pourriez-vous vous présenter en quelques mots. Qui êtes-vous et quel est votre parcours ?

Domitille: Je suis passionnée par le piano depuis toujours. Toutefois, au moment de mes études, j’ai choisi un parcours classique. Après une prépa HEC, suivie par l’ESCP, j’ai commencé ma carrière à Paris dans un grand cabinet de conseil en management. 5 ans plus tard, je suis partie en Angleterre où j’ai conservé cette activité, et où j’ai monté un business avec une collègue dans ce domaine précis. Puis, lorsque mon mari a été muté à Hong Kong, je l’ai suivi et j’ai continué, à distance, cette même activité. En 2021, j’ai décidé de me lancer et d’ouvrir une école de musique, en parallèle à ma carrière d’entrepreneuse.

Mathieu: Avant de venir à Hong Kong, je travaillais dans le F&B à Paris. J’y étais bien. Je ne prévoyais pas spécialement de quitter la capitale. Puis, il y a trois ans, on m’a contacté pour un boulot à Hong Kong. 3 mois plus tard, j’étais ici. J’ai tout d’abord travaillé dans la restauration en tant que manager de salle avant de me lancer et d’ouvrir la Guinguette, une cave à vins / épicerie française en septembre 2020, aux côtés de ma compagne, Sarah.

Sébastien: Après avoir fait un DESS de mathématique appliquée et un master spécialisé en Supply chain, j’ai travaillé plus de 20 ans dans le retail, sujet qui me passionne, dans de grands groupes internationaux. Je suis arrivé à Hong Kong en 2016, pour une mission professionnelle. Puis cette année, j’ai lancé mon entreprise, My Gourmandises.

 

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Sébastien Pecou, qui a lancé MyGourmandises, en 2020 - Photo@Sebastien Pecou

Je voulais valoriser des produits originaux

Vous avez décidé de démarrer un business en 2021. Pouvez-vous m’en dire plus à ce sujet ?

Domitille: J’ai commencé le piano très jeune, vers 4 ans, que j’ai ensuite étudié de longues années dans une école de musique à Lyon. J’ai d’ailleurs eu la chance d’avoir comme enseignant, Bruno Robillard, qui a été un professeur extraordinaire. Mais mes parents n’étaient pas enthousiastes à l’idée de me voir devenir professeure de piano. Du coup, ça ne s’est jamais concrétisé, jusqu’à ce que j’arrive à Hong Kong… 

Mon fils, Grégoire, qui a 7 ans, voulait apprendre cet instrument. J’ai donc cherché une école qui ressemble à ce que j’avais connu à Lyon, mêlant cours individuels et cours de solfège en groupe. Je n’ai malheureusement pas trouvé. Ici, les cours sont plutôt individuels, manquent de dynamique de groupe, ne comprennent que peu de solfège et presque pas de culture musicale. En parlant avec d’autres parents, je me suis rendu compte que je n’étais pas la seule dans cette situation. Comme mon activité de conseil a été légèrement impactée par le Covid, j’ai pu me libérer du temps. J’ai donc décidé d’ouvrir une école de musique.

Mathieu: J’avais l’envie d’ouvrir mon propre commerce depuis longtemps. En 2020, j’ai terminé une de mes missions professionnelles. C’était par conséquent le moment idéal. On a décidé de se jeter à l'eau fin juin 2020 et en deux mois, on a tout mis en place…

En ouvrant la Guinguette, je voulais simplement valoriser des produits originaux et de qualité afin de faire découvrir les terroirs français et ses artisans par le biais de leurs productions à mes clients. Si ce n’est pas compliqué de trouver de grands vins, à Hong Kong, les petits producteurs sont beaucoup moins (voire pas du tout) représentés alors que certains proposent des choses tout à fait exceptionnelles.

 

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Mathieu et sa compagne, Sarah, devant leur nouvelle Guinguette

 

Sébastien: J’étais depuis un petit moment à la recherche de sens. 2020, comme pour beaucoup, a été une année particulièrement éprouvante. Alors que je suivais une formation, une participante m’a interpellé et m’a demandé si mon nom de famille avait un lien avec la Maison Pécou, qui est spécialisée dans les dragées et douceurs chocolatées depuis 140 ans… Comme j’avais entendu dire qu’il était compliqué à Hong Kong de se procurer des dragées pour les évènements religieux, cela a fait tilt. D’autant plus, étant un grand amateur de sucreries et autres chocolats, j’étais resté un peu sur ma faim à Hong Kong, coincé entre une offre d’entrée de gamme ou hyper luxueuse, sans réelle alternative.

Pour moi, c’était donc l’occasion de me réinventer en proposant des produits qui fassent plaisir aux gens. Il n’y avait rien de mieux qu’un Pécou pour développer la Maison Pécou à Hong Kong et appeler sa société My Gourmandises !

Nous avons démarré la vente en ligne

Comment se sont passés l’ouverture et le lancement de votre activité ?

Domitille: J’ai réfléchi pendant environ six mois sur la manière d’ouvrir une école de musique à la française à Hong Kong. Initialement, j’avais comme idée de proposer des cours de piano et cours de solfège qui soient liés. Puis, j’ai décidé de ne pas m’arrêter là… Je me suis entourée de profs partenaires afin de varier l’offre pour permettre à chaque enfant qui souhaite découvrir la musique, la possibilité de le faire dans un environnement amusant et en groupe.

L’école s’est créée assez vite. C’est la troisième entreprise que je monte et du coup, j’ai eu de la facilité de ce côté-là. Le bouche-à-oreille a ensuite fait son office. En 2-3 semaines, les classes étaient complètes.

Mathieu: Les premiers mois ont été plutôt positifs. Nous n’avons fait que très peu de communication et le bouche-à-oreille a bien fonctionné, notamment dans la communauté française. Les retours que nous avons sont très encourageants, on peut sentir que nous sommes dans la bonne direction et qu’il faut garder notre ligne de conduite.

Cela fait 6 mois que La Guinguette a ouvert, c’est un premier palier, c’est important de se remettre périodiquement en question afin de s’améliorer au quotidien et proposer une offre qui reste attractive, surtout pour nos clients réguliers qui aiment être surpris à chaque fois.

Sébastien: À cause du Covid, nous avons démarré avec la vente en ligne. C’est toujours un moment excitant, ayant passé beaucoup de temps sur les phases de tests.

Nous avons aussi enclenché les communications sur les réseaux sociaux pour toucher les consommateurs pour la Saint-Valentin et le Nouvel An chinois. Les retours ont été au-delà de nos espérances avec de secondes commandes dans la foulée et beaucoup de recommandations. Nous avons été très surpris par l’engouement concernant certains produits qui ont quasiment fini en rupture seulement après 15 jours !  

Le Covid m'a poussé à penser autrement

Ouvrir un commerce en 2021 : quels ont été les difficultés, les défis, mais également les opportunités que vous avez rencontrés ?

Domitille: Le Covid m’a en effet mis quelques bâtons dans les roues. Les parents sont prudents, surtout les non-Français qui ont préféré attendre avant d’inscrire leurs enfants. Mais malgré tout, nous avons déjà beaucoup d’élèves. Sinon, en termes de logistique, on se doit d’être très vigilants. Gel hydroalcoolique, distanciation sociale, masques transparents pour les élèves de chorale… ça demande de la préparation pour respecter les règles en vigueur.

En termes d’opportunités, comme les élèves n’ont pas classe l’après-midi, j’ai pu proposer plus d’heures que prévu.

 

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Domitille en train d'enseigner le piano à son fils, Grégoire - Photo@Domitille Delattre

 

Mathieu: Initialement, c’est un restaurant que j’aurais aimé ouvrir. Le Covid m’a forcé à penser autrement et la Guinguette est née. Sinon, au-delà des inconvénients personnels, c’est le fait de ne pas pouvoir voyager en France et visiter les vignerons et producteurs qui a été le plus problématique. Il est en effet compliqué de dénicher de nouvelles références, tout en étant à distance. Mais, la dynamique économique mise à part, je n’ai pas ressenti de difficultés particulières pour l’ouverture du magasin. Ouvrir une boutique en 2020 est une forme de défi et on nous en fait régulièrement la remarque, mais quand on sortira de tout ça on pourra être fiers de ce qu’on a fait.

Concernant les opportunités, on va forcément penser aux prix des loyers à la baisse, mais c’est difficile de savoir s’il y a réellement une grosse différence, j’imagine que les propriétaires restent assez prudents.

Sébastien: De mon côté, l’enjeu a été de faire découvrir la Maison Pécou à ceux qui ne la connaissaient pas. Avec la pandémie, nous avons en effet dû changer notre stratégie de lancement. Nous avons commencé par les consommateurs finaux avec le canal Ecom, puis à mesure que les mesures de distanciations sociales se relâchaient, nous avons approché les réseaux professionnels. Ces derniers ayant énormément souffert des mesures, l’idée était de pouvoir les rencontrer et leur faire découvrir nos produits dans de bonnes conditions. 

Je ne me met aucune pression

Des projets pour la suite ?

Domitille: Aujourd’hui, je suis déjà bien occupée. Si un jour j’arrive à me libérer plus de temps, ou si je trouve un partenaire, je souhaiterais pouvoir ouvrir une antenne à Tseung Kwan O. J’ai ouvert cette entreprise parce que cela me fait plaisir, parce que je sentais qu’il y avait un manque. C’est donc très libérateur et je ne me mets aucune pression.

Mathieu: L’objectif à court terme est de développer la vente en ligne sur notre site internet. Sur le moyen terme l’enjeu est de consolider la marque avec une offre toujours plus large et pourquoi pas une 2e ouverture l’année prochaine ? Sinon, je garde aussi dans un coin de ma tête l’envie de créer un restaurant, mais j’ai encore le temps pour ça…

Sébastien: Nous allons continuer d’améliorer le site et l’expérience consommateurs. Les mesures de distanciations sociales se libérant un peu, nous allons pouvoir présenter nos produits aux professionnels et rencontrer les amateurs de douceurs dans différents évènements. Nous préparons aussi Pâques activement, autre grand moment autour du chocolat, avec une offre de délices et de dragées inédites à Hong Kong.   

 

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