Dans un contexte mondial marqué par l’urgence climatique et l’évolution vers des économies plus vertes, le Vietnam affirme sa volonté de devenir un acteur clé de la transition écologique. Porté par des engagements politiques clairs et des stratégies ambitieuses, le pays s’inscrit résolument dans une dynamique de développement durable. Toutefois, la mise en œuvre reste semée d’embûches, notamment au niveau local.


Le Vietnam a fait du développement durable une priorité nationale, en parfaite adéquation avec les tendances mondiales. En adoptant les 17 Objectifs de Développement Durable (ODD) des Nations Unies, le pays a traduit ses ambitions en actions concrètes.
Depuis 2019, une feuille de route nationale et la résolution 136/NQ-CP (2020) viennent structurer ces engagements à travers des indicateurs numériques précis. La Stratégie nationale de croissance verte, mise en place à l’horizon 2020 puis prolongée jusqu’en 2030, mise sur la promotion des énergies propres, la production verte et l’équité sociale.
Un engagement ferme pour le développement durable
Avec sa stratégie climatique 2050, le Vietnam vise la neutralité carbone d’ici 2050 une échéance plus ambitieuse que celle de la Chine (2060) ou de l’Inde (2070).
Afin de donner corps à son projet de développement durable, le Vietnam s’est doté de politiques novatrices destinées à encadrer et accélérer la transition écologique. Parmi les initiatives majeures, la loi environnementale de 2020 introduit deux piliers fondamentaux : l’économie circulaire et la Responsabilité Élargie des Producteurs (REP). En parallèle, un plan d’action national 2025 soutient l’utilisation efficace des ressources, encourage les emplois verts et vise une réduction drastique des déchets.
Grâce à ces avancées, le Vietnam est aujourd’hui reconnu comme l’un des pays les plus dynamiques de l’ASEAN en matière de politiques de développement durable.
Des défis majeurs à surmonter
De manière globale, la transition écologique du Vietnam se heurte à quatre blocages majeurs :
- Des politiques parfois trop générales et un manque de coordination intersectorielle.
- Des capacités d’exécution limitées, notamment au niveau local.
- L’insuffisance des financements dédiés, avec une confusion entre budgets climatiques et ceux pour la croissance verte.
- L’absence d’un écosystème vert intégré, regroupant tous les acteurs (entreprises, centres de recherche, finance, État).
Malgré cette volonté politique forte, les défis sur le terrain demeurent importants. Le principal obstacle réside dans la mise en œuvre locale, entravée par un manque de coordination, de financement et de technologie.

Entre 2011 et 2022, la stratégie de croissance verte n’a pas permis d’atteindre plusieurs objectifs clés: réduction des émissions, développement des énergies propres, production durable. Les Petites et Moyennes Entreprises (PME), pilier du tissu économique, peinent à suivre faute de ressources et de soutien adapté.
Pour concrétiser ses ambitions, le Vietnam devra alors se concentrer sur plusieurs leviers :
- Déployer massivement des infrastructures vertes et intégrer les technologies numériques dans la production.
- Mobiliser des financements verts via les obligations, crédits et fonds d’investissement durable.
- Créer un écosystème vert et numérique, réunissant entreprises, instituts de recherche, banques et plateformes de données.
- Intensifier la sensibilisation des travailleurs, dirigeants et consommateurs aux enjeux environnementaux.
- Accélérer le déblocage des fonds internationaux, comme les 15,5 milliards $ prévus par le Partenariat pour une transition énergétique juste.
Enfin, la Responsabilité Élargie des Producteurs (REP), bien qu’intégrée dans la loi de 2020 et précisée par le décret 08/2022/ND-CP, connaît une mise en œuvre complexe.
Le cadre juridique est en place, mais les PME rencontrent encore de nombreux obstacles : manque d’informations, technologies obsolètes, faiblesse des infrastructures de recyclage, et soutien financier limité. Seules quelques grandes entreprises, telles que Unilever, Nestlé ou Coca-Cola, participent activement aux initiatives de REP.
De plus, le grand public est peu sensibilisé à la gestion des déchets, et les habitudes de tri restent limitées. L’absence d’un écosystème numérique robuste pour suivre et déclarer les efforts de recyclage freine aussi les progrès.
Quelles sont les recommandations pour une transition réussie?
Pour surmonter les obstacles à la transition écologique, plusieurs mesures prioritaires doivent être mises en œuvre. Il est essentiel de renforcer le rôle de l’État en tant que facilitateur, en fournissant aux entreprises un meilleur accès au financement, à la technologie et à la formation.
Parallèlement, il est nécessaire de simplifier les démarches administratives grâce à des mécanismes clairs et transparents, afin de favoriser une mise en œuvre plus efficace des politiques vertes. Les entreprises doivent également être incitées à considérer la transition écologique non pas comme un coût, mais comme une opportunité stratégique de croissance et de compétitivité.
De plus, le développement d’un marché domestique du carbone pourrait constituer un levier important pour financer les efforts de réduction des émissions.

Enfin, l’intégration de l’éducation à l’environnement dès la petite enfance est indispensable pour ancrer durablement une culture de la durabilité au sein de la société vietnamienne.
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