Deux années de bonheur et de défis pour Pascale Barboteau, gérante de La Pause française, qui accueille les amoureux du papier et de la langue de Molière depuis février 2022. Une aventure à l’instar des quelque 150 autres librairies françaises à l’étranger, partagées entre passion du métier et réalités économiques.
Déjà deux ans d’existence, quels sont les points positifs d’évolution depuis l’ouverture de la librairie ?
J’ai la chance de compter sur la fidélisation d’une partie du public. C’est bien sûr capital de pouvoir retrouver des clients réguliers !
Parmi les points positifs, il y a aussi le soutien précieux d’autres professionnels. Ma collègue Isabelle Lemarchand de la librairie française La Page de Londres et présidente de l’Association Internationale des Libraires Francophones (AILF) est venue m’épauler pendant deux jours. Nous avons réfléchi notamment à la disposition des ouvrages en rayon. Cela peut paraître assez anodin mais c’est en réalité une problématique importante quand on travaille en librairie.
Je profite aussi du soutien de partenaires à Francfort tels que l’Institut français de Francfort et Mayence, le lycée Victor Hugo, les Kindergarten Le Jardin ou encore la bibliothèque allemande de Kronberg qui passent par moi pour commander des ouvrages pour leur fonds ou lors de la venue d’auteurs par exemple.
Quels sont les défis qui restent aujourd'hui à relever pour le développement de la librairie ?
Je me réjouis de la fidélisation de certains clients et la fréquentation a augmenté de 20 % depuis l’ouverture mais cela n’est pas encore suffisant pour générer des profits et me verser un salaire. Il faudrait dans l’idéal que la fréquentation augmente encore significativement pour assurer une activité tout à fait pérenne et se lancer dans une politique de développement d’envergure.
C’est une problématique que rencontrent beaucoup de libraires aujourd'hui face à la dématérialisation de la commande du livre.
Pourrait-on évoquer aussi un manque d’attractivité de la langue et de la culture française en Allemagne ?
Plus qu’un manque d’attractivité de la langue française, je pense qu’il y a principalement deux freins à une fréquentation plus régulière des librairies, à Francfort ou ailleurs.
Le premier est le déplacement en librairie à proprement parler. C’est un temps qu’on ne s’accorde malheureusement plus beaucoup aujourd'hui. Commander en ligne en un clic est un geste désormais ancré dans les pratiques alors qu’en réalité, pour ce qui concerne La Pause française, la librairie n’est qu’à 10 minutes de Konstablerwache, point névralgique des transports à Francfort.
Le deuxième frein, lié au premier, est peut-être le délai de livraison. Les livres à la Pause française ne sont acheminés qu’entre 5 et 10 jours à partir du moment où je les commande et il est certain que je ne peux pas rivaliser avec certains poids lourds qui livrent les gens en un jour ou deux. Cela nécessite une certaine patience qu’on ne cultive plus forcément.
Le public de la Pause française a-t-il évolué au cours de ces deux dernières années ?
Mon public est composé à part égale environ, de Français et d’Allemands, et ce, depuis le début.
Je me réjouis bien sûr de pouvoir accueillir des Allemands. Beaucoup parlent remarquablement bien le français et viennent avant tout pour lire des œuvres en version originale. Mais je propose également un rayon d’une vingtaine de titres français traduits en allemand, des romans ou des récits pour la plupart (Michel Houellebecq, Delphine de Vigan, Edouard Louis, Annie Ernaux…).
Quels types de lectures intéresse respectivement ce public allemand et français ?
Pour les Français, il s’agit surtout des albums jeunesse et des livres liés à la scolarité des enfants. Au moment de la rentrée notamment ou au cours de l’année, des professeurs peuvent demander la lecture d’ouvrages qu’on vient commander. Pour les plus jeunes, ça reste important de pouvoir feuilleter des albums jeunesse avant de se décider pour l’un d’entre eux.
Concernant le public allemand, il apprécie beaucoup des auteurs contemporains tels que Leïla Slimani ou Jean-Christophe Rufin pour n’en citer que quelques-uns. J’ai une autre partie de ce public allemand qui a parfois des demandes très spécialisées. C’est assez drôle d’ailleurs, j’apprends parfois l’existence de certains auteurs dont je n’avais jamais entendu parler !
La Pause française a-t-elle des perspectives et autres projets de développement pour l’avenir ?
Je souhaite continuer à développer les ateliers de lecture pour enfants le samedi matin. C’est un moment de partage convivial important. Cela se déroule maintenant en deux groupes : pour les 2-4 ans et les 4-6 ans, environ deux samedis par mois. Je réfléchis également à d’autres activités à mettre en place pour les enfants.
Pour la rentrée, je prépare également un book club mensuel pour les adultes. Les personnes souhaitant y participer peuvent d’ailleurs dès à présent s’inscrire à l’adresse suivante contact@lapausefrancaise.com.
Il m’est arrivé aussi d’accueillir plusieurs rencontres toujours autour de la thématique littéraire. Les prochaines rencontres auront lieu les 12 et 17 juin prochains autour du conteur martiniquais Valer’ Egouy qui animera deux soirées contes à destination des adultes, en partenariat avec DYS à Francfort et l’ADFE.
C’est important aussi que je continue à accompagner les écoles et Instituts lors de la venue d’auteurs.
Je vais également mettre à disposition un espace dédié convivial. Il sera possible de louer la salle attenante à la librairie pour des rencontres, des cours, des ateliers par exemple
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