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Hommage à Samuel Paty dans les écoles, collèges et lycées de France

Photographie de Samuel PatyPhotographie de Samuel Paty
Écrit par AFP
Publié le 14 octobre 2021, mis à jour le 16 octobre 2021

A travers une minute de silence, un chant, un débat sur la liberté d'expression, des millions d'élèves en France ont rendu hommage vendredi au professeur Samuel Paty, tué il y a un an pour avoir montré en classe des caricatures de Mahomet.

Au collège même où Samuel Paty travaillait, à Conflans-Sainte-Honorine (Yvelines), les élèves ont été invités à écrire des poèmes décrivant leur enseignant mort à 47 ans, raconte à l’AFP un jeune de 3e dont il était le professeur principal l'an dernier.

"Des personnes de ma classe avaient écrit des poèmes sur lui. Ils ont dit que c’était un professeur gentil, spécialement là pour nous. Je trouve qu'ils ont raison. Ca le définit bien", raconte Guillaume*, 14 ans, à l'AFP. "Ces poèmes, c'était bien, mais ça me fait penser que ça serait bien d’être encore avec lui. J'aurais voulu apprendre à plus le connaître".

Le 16 octobre 2020, Samuel Paty avait été poignardé puis décapité à Eragny-sur-Oise (Val-d'Oise), à quelques centaines de mètres de son collège de Conflans-Sainte-Honorine. Le jeune assassin de 18 ans, un réfugié russe d'origine tchétchène qui lui reprochait d'avoir montré en classe des caricatures de Mahomet, avait été tué peu de temps après par la police.

Partout en France, les équipes pédagogiques étaient libres de décider du contenu des hommages souhaités par le ministère de l’Éducation nationale.

"En nommant (Samuel Paty) des salles, des écoles, des établissements, en faisant des cérémonies comme celle-ci, nous montrons à ceux qui veulent nous terroriser, à ceux qui veulent jouer avec la peur contre la liberté, que nous jouerons contre la peur, avec la liberté", a affirmé le ministre Jean-Michel Blanquer, qui s'est rendu dans un lycée parisien.

- "Droit de blasphémer?" -

A Villeneuve-d'Ascq, près de Lille, des élèves de 1ère du lycée Raymond-Queneau ont échangé pendant une heure, en cours d'enseignement moral et civique (EMC).

"Qu’est-ce pour vous la liberté d’expression? Est-ce que vous vous sentez libres de vous exprimer dans la vie de tous les jours sans blesser les autres? A-t-on le droit de blasphémer?", a demandé Anne-Sophie Branque, professeure d’histoire-géographie, à sa classe d'une vingtaine d'élèves.

"Samuel Paty avait fait un cours en parlant du prophète", avance alors Chaymae, une élève de la classe. "Non, il a fait un cours sur la liberté d'expression en utilisant des caricatures de Charlie Hebdo en tant qu'exemple", reprend la professeure. "Attention à ce que vous avez comme information. Il ne faut surtout pas faire d'amalgame", a-t-elle insisté.

afp

A Lyon, au collège Les Battières, où Samuel Paty avait fait ses débuts comme enseignant-stagiaire au début des années 1990, les élèves d'une classe de 4e ont enchaîné hommage, minute de silence, puis débat en classe.

"La liberté d'expression c'est un droit capital de l'homme, on n'a pas à se faire tuer pour s'être exprimé", explique Elias, au premier rang. "Un prof c'est indispensable, ce prof était indispensable. Et pourtant il n'est plus prof, il n'est même plus du tout", assure l'élève.

"Les réponses de nos élèves sont réfléchies car on y travaille, c'est enclenché depuis un an, ce qui permet d'être dans l'échange et pas la confrontation", note Clélia Mazzetti, 37 ans, professeure d'histoire-géographie et d'EMC dans cet établissement.

- "C'est poignant" -

Au lycée Jean de La Fontaine à Paris, un choeur d'élèves a entonné un chant baptisée "La ballade pour Samuel" dans l'auditorium, en présence du ministre. S'adressant aux élèves, M. Blanquer a expliqué que ce vendredi était "un jour grave" et aussi "un jour pour rendre hommage aux professeurs".

afp

Il a assuré les enseignants du soutien de "l'institution toute entière". "Personne ne doit se sentir seul face à ce qui peut ressembler à une menace ou à une attaque", a-t-il dit.

Cette journée, "c'est touchant, c'est poignant", a glissé Perla, 16 ans, élève de 1ère, qui a vécu l'hommage comme quelque chose de "super important", "surtout de le faire dans un établissement scolaire, pour les jeunes, la future génération".

Pour Sophie Vénétitay, secrétaire générale du Snes-FSU, premier syndicat du secondaire (collèges et lycées), on "sent beaucoup d'émotion qui remonte chez les profs, face aux souvenirs et au choc que cela a représenté".

Samedi, dans l'entrée du ministère, "une plaque qui pour toujours rendra hommage à Samuel Paty" sera inaugurée, a souligné M. Blanquer. Le Premier ministre viendra, ainsi que d'autres membres du gouvernement, avec les parents et la famille de Samuel Paty.

afp

La famille sera ensuite reçue dans l'après-midi à l’Élysée par Emmanuel Macron.

Puis un square Samuel-Paty sera inauguré face à la Sorbonne, lors d'une cérémonie que la mairie de Paris veut simple et recueillie.

asm-slb-mk-cmk-al-ag-clw/lbx

*prénom modifié

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Publié le 14 octobre 2021, mis à jour le 16 octobre 2021
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