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Crack à Paris: le campement de Forceval évacué par la police

Écrit par AFP
Publié le 5 octobre 2022, mis à jour le 6 octobre 2022

Lieu de rassemblement des consommateurs de crack depuis un an dans le nord-est de Paris, le campement de Forceval a été démantelé mercredi par la police dans le but d'empêcher sa reconstitution ailleurs dans la capitale, mais des élus et associations en doutent.

Débutée peu avant 07H00, l'opération d'expulsion semblait bouclée quelques heures plus tard et les abris, des cabanes ou des tentes, ont été démontés par les services de nettoyage de la ville de Paris. Quelques toxicomanes étaient visibles dans les rues environnantes, ont constaté des journalistes de l'AFP.

Depuis plus de deux ans, les consommateurs de crack -un dérivé fumable et très addictif de la cocaïne, baptisé "drogue du pauvre" en raison de son faible coût (10 euros la dose)- ont été déplacés à plusieurs reprises au gré de la colère des riverains. Errant Place Stalingrad, ils ont été dirigés près du périphérique, square Forceval (XIXe arrondissement), plus à l'écart. Un mur, vite baptisé le "mur de la honte", y a même été érigé.

Sur instruction du ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin, un millier de policiers et gendarmes sont mobilisés pendant une semaine, selon des sources policières, afin d'empêcher toute reconstitution ailleurs.

L'opération "permettra de laisser pendant plusieurs jours, plusieurs semaines, plusieurs mois s'il le faut, des centaines de policiers à Paris, de la Place de Stalingrad (XIXe arrondissement) jusqu'aux deux villes d'Aubervilliers et Pantin pour empêcher la reconstitution de ces villages à ciel ouvert", a affirmé le ministre, répondant à une question de la sénatrice LR de Paris Catherine Dumas.

- 211 contrôles -

M. Darmanin a, par ailleurs, précisé qu'au cours de l'opération il y a eu "211 contrôles de personnes", dont "52" en situation irrégulière et "39 interpellations dont 17 fiches de recherche". "Soixante-trois personnes ont été mises à l'abri, notamment des femmes (six au total) particulièrement vulnérables", en plus de "cins hospitalisations d'office (de toxicomanes)".

A 06H45, les camions de gendarmerie sont arrivés. Certains "crackeux" en ont profité pour partir sans être interpellés.

afp

L'opération s'est déroulée à l'abri des regards des journalistes, au fond du campement.

Selon Elisabeth Avril, directrice de Gaia, "un bus a ramené 37 personnes" à l'espace de repos pour toxicomanes situé porte de La Chapelle (XVIIIe arrondissement) où cette association vient en aide à ces toxicomanes avec Aurore, autre structure de réduction des risques.

Du côté des associations de riverains et de commerçants, c'est le "soulagement" qui prédomine, teinté d'inquiétudes.

"Il y a une dispersion des usagers et dans quelques mois, on les verra dans les halls d'immeuble", prédit Marie Debrus, référente des risques liés aux usages des drogues à Médecins du monde.

En fin de journée, la mairie de Paris a réagi dans un communiqué soulignant que "la seule dispersion des personnes présentes sur site ne fera que reporter le problème sur d’autres secteurs, comme souvent principalement dans les quartiers populaires du nord-est parisien et dans les communes limitrophes".

- Opération "pas suffisante" -

Pour le maire PS du XIXe arrondissement, François Dagnaud, la reconstitution du camp est un "risque que tout le monde doit avoir à l'esprit".

Laurent Nuñez a été nommé en juillet à la tête de la PP et le ministre lui a donné "un an" pour éradiquer le problème du crack. Le 25 septembre, il a promis que le site fermerait.

afp

D'après les acteurs associatifs, entre 300 et 400 personnes la journée et 150 la nuit, dont 35 à 40% de femmes, étaient présents dans ce square. Les dealers y vendaient les cailloux (dose de crack) au milieu des consommateurs.

"On est sceptique sur cette évacuation, on n'a pas l'impression qu'elle soit suivie de ce qu'on demandait (…) une prise en charge et un accompagnement de ces personnes. On a peur que ce soit bis repetita avec un déplacement comme des bêtes et ça c'est insupportable", a déploré Melinda Bernardeau, du collectif "93 Anti-Crack", présente sur place.

Depuis un an, les habitants du quartier et de celui de La Villette à Paris n'ont cessé de se plaindre des agressions, vols et autres nuisances engendrés par l'installation des consommateurs de crack.

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Publié le 5 octobre 2022, mis à jour le 6 octobre 2022