Le cancer colorectal figure parmi les quatre types de cancers les plus courants. Toutefois, de nombreuses personnes sont réticentes à l’idée de parler de leurs habitudes intestinales, comme l'explique le professeur Frank Chinegwundoh MBE, chirurgien consultant et président de Cancer Black Care.
Qu'est-ce que le cancer colorectal ?
Le cancer colorectal peut toucher n'importe quelle partie du gros intestin, incluant le côlon et le rectum, des composantes essentielles de notre système digestif responsables de l'absorption de l'eau, de notre alimentation et de l'élimination des déchets alimentaires de notre organisme. Le professeur Chinegwundoh explique : « Les causes précises du développement d'un cancer colorectal ne sont pas toujours évidentes, mais des facteurs tels que des changements génétiques, des influences environnementales et des modes de vie peuvent y contribuer.
Les personnes en surpoids, fumant, ou ayant des antécédents familiaux de cancer colorectal sont potentiellement plus exposées à ce risque. De même, les individus souffrant de maladies inflammatoires de l'intestin, telles que la maladie de Crohn ou la colite ulcéreuse, ou présentant des polypes intestinaux, peuvent également être plus vulnérables. »
Chaque année, on recense 42 900 nouveaux cas de cancer colorectal au Royaume-Uni, dont 2 600 chez des personnes de moins de 50 ans. « Bien que la grande majorité des cas concerne des individus de plus de 50 ans, il est faut se rappeler que le cancer colorectal peut toucher des personnes de tout âge. », ajoute-t-il.
Puis-je prévenir le cancer colorectal ?
Bien qu’il n’existe pas de prévention pour le cancer colorectal, l'adoption d'un mode de vie plus sain peut contribuer à réduire les risques de développer cette forme de cancer, ainsi que d'autres affections comme le diabète de type 2. Le professeur Chinegwundoh nous conseille : « Des changements minimes peuvent avoir un impact considérable. Adopter une alimentation saine, riche en fruits, en légumes et en fibres est donc avisé. De plus, il est bénéfique de réduire sa consommation de viande rouge et transformée, tout en pratiquant une activité physique régulière. »
Ceux qui souhaitent arrêter de fumer, diminuer leur consommation d'alcool ou perdre du poids, peuvent accéder à des accompagnements si besoin. Pour de plus amples informations et pour télécharger des applications utiles, vous pouvez consulter le site : www.nhs.uk/better-health.
Quels symptômes dois-je surveiller ?
Nous devrions tous connaître nos habitudes intestinales normales, afin de pouvoir détecter d'éventuels soucis. Le professeur Chinegwundoh souligne : « Il est crucial de pouvoir noter les changements qui ont lieu dans notre propre corps, car chaque organisme et chaque habitude sont différents. Examinez la forme, la consistance et la fréquence de vos selles, et vérifiez également la présence de sang sur le papier toilette ou dans la cuvette avant de tirer la chasse. »
Les symptômes qui doivent vous alerter incluent notamment :
• des changements dans les selles, tels que des selles molles, de la diarrhée ou de la constipation
• un besoin d'aller aux toilettes plus ou moins fréquent qu’à l'accoutumée
• la présence de sang dans les selles, de couleur rouge ou noir
• des saignements provenant du rectum
• la sensation de devoir aller fréquemment aux toilettes, même après y être allé il y a peu de temps
• des douleurs abdominales et/ou des ballonnements
• une perte de poids non intentionnelle
• une fatigue importante sans raison apparente
Le professeur Chinegwundoh souligne : « Certaines personnes peuvent se sentir mal à l'aise à l’idée de parler de leurs mouvements intestinaux. Mais il faut se rappeler que le médecin traitant de votre cabinet médical a l’habitude d’examiner des milliers de patients, et de traiter toutes les parties du corps. Vous n'avez donc aucune raison de vous sentir gêné. »
Si vous présentez des symptômes depuis trois semaines ou plus, il est recommandé de prendre rendez-vous avec votre cabinet médical. En cas de selles noires ou d'un rouge foncé, ou en cas de diarrhée sanglante, il est conseillé de prendre un rendez-vous urgent avec votre cabinet médical ou d'appeler gratuitement le NHS 111.
Si vous saignez en continu par le rectum ou si une quantité importante de sang est présente dans la cuvette des toilettes (par exemple, si l'eau devient rouge ou que vous observez de gros caillots de sang), il est alors recommandé de se rendre aux urgences ou d'appeler le 999.
Qu'est-ce que le dépistage du cancer colorectal ?
Les individus éligibles, âgés de 60 à 74 ans, sont conviés à prendre part au programme de dépistage du cancer colorectal du NHS tous les deux ans, en utilisant un kit d'auto-dépistage appelé test immunochimique fécal (FIT, en abrégé). Actuellement, le programme est en cours d'extension pour englober également les personnes âgées de 50 à 59 ans, offrant la possibilité d’être testé avant d'atteindre l'âge de 60 ans.
Vous réalisez le prélèvement chez vous en utilisant le kit, en extrayant un échantillon de selles que vous placez dans un tube à renvoyer au NHS. Cet échantillon est ensuite analysé à la recherche de petites traces de sang, un signe potentiel de cancer, indétectables à l'œil nu. La présence de sang ne signifie pas nécessairement que vous êtes atteint d'un cancer colorectal, mais des examens supplémentaires, tels qu'une coloscopie, sont généralement recommandés.
Environ 98 % des personnes qui utilisent leur kit de dépistage du cancer colorectal n'ont pas besoin d'examens complémentaires. 2 % sont appelées à se rendre à l'hôpital pour des tests supplémentaires. Un peu moins de 10 % de ces personnes recevront un diagnostic de cancer à la suite de ces examens. Cependant, 55 % d'entre elles verront également des polypes détectés lors de la procédure hospitalière. Bien que les polypes ne soient pas cancéreux, ils peuvent évoluer en cancer avec le temps. Ils peuvent alors être facilement retirés lors d'une coloscopie, ce qui réduit le risque de développer un cancer colorectal.
Le programme de dépistage du cancer colorectal du NHS est actuellement étendu pour englober les personnes éligibles âgées de 50 à 59 ans. Ainsi, chaque année, environ 4,2 millions de personnes supplémentaires pourront bénéficier du dépistage. Lorsque le déploiement complet sera achevé, plus de neuf millions de personnes seront éligibles chaque année.
Le professeur Chinegwundoh affirme : « C'est une avancée vraiment positive pour nous tous - si le cancer colorectal est diagnostiqué précocement, il est traitable et guérissable, et quasiment tout le monde survit s'il est détecté à un stade précoce. Si vous ou un membre de votre famille recevez un kit de test, nous vous encourageons à le faire - cela peut réellement sauver des vies.» Pour plus d'informations, veuillez consulter www.nhs.uk/conditions/bowel-cancer-screening.
Mon histoire sur le cancer colorectal, avec Nick Glynn
À côté de la photo : Nick Glynn, inspecteur principal de police du Leicestershire à la retraite.
Ayant œuvré au sein des forces de police pendant plus de 30 ans, j'ai toujours eu une bonne forme physique et une santé robuste. C'est pourquoi mon diagnostic de cancer colorectal à l'âge de 55 ans a été un choc.
J'avais négligé des symptômes classiques, tels que la présence de sang dans mes selles, pendant un certain temps. Lors d'une consultation médicale de routine, je me suis dit « autant mentionner cela aussi ». J'ai été redirigé vers des tests, et après une série d'examens, incluant une tomodensitométrie, une imagerie par résonance magnétique, une coloscopie et une biopsie, le verdict est tombé : cancer colorectal de stade 3 précoce.
En raison de l'emplacement de la tumeur, une intervention chirurgicale s'est avérée nécessaire, impliquant la création d'une stomie, une ouverture pratiquée dans mon abdomen. La première semaine après l'opération a été douloureuse et difficile, mais supportable. Pour réduire la taille de la tumeur, j'ai suivi six mois de chimiothérapie et de radiothérapie, un engagement quotidien qui semblait constituer un travail à plein temps. Heureusement, les effets secondaires ont été limités, et dans les moments difficiles, avoir une mentalité positive et garder le sourire m’a aidé. Bien entendu, ma famille, mes amis, mes collègues anciens et actuels, ainsi que les supporters des Blues (Birmingham City Football Club), ont été d'un soutien exceptionnel.
Le NHS a fait preuve d'une incroyable dévotion. J'ai suivi leurs conseils, pris mes médicaments, écouté mon corps, laissant les traitements agir. En janvier 2023, j'ai reçu la meilleure nouvelle possible : tous les scans et biopsies indiquaient que j'étais totalement guéri. Je suis désormais exempt de cancer, mais je continue à subir des scans tous les trois mois pour m'assurer qu'aucune récidive n'est à déplorer.
Pour tirer quelque chose de positif de ces circonstances difficiles, je partage ouvertement mon diagnostic, je rappelle aux gens que cela peut arriver à n'importe qui et qu'il ne faut pas ignorer les symptômes difficiles ou embarrassants. Plusieurs personnes m'ont confié avoir décidé de se faire tester après avoir pris connaissance de mon parcours. Cela me donne la force et le courage nécessaires pour persévérer dans ma mission de sensibilisation. Je ressens une immense fierté d'avoir reçu le prix Arthur’s Award by Birmingham City Football Club, en reconnaissance de mon dévouement à sensibiliser les supporters au sujet du cancer colorectal.