En 2004, en inaugurant une plaque commémorative en l’honneur des Françaises et Français de l'étranger morts pour la France, la République a enfin reconnu la contribution de centaines de Françaises et Français de l’étranger qui ont combattu et sont morts pour la France.
Vingt ans après, alors que s’ouvre à Paris la 40ème session de l’Assemblée des Français de l’étranger, les conseillères et conseillers élus représentant les 3,5 millions de Françaises et Français de l’étranger se recueillent ce jour à l’Institution nationale des Invalides en présence du ministre délégué aux Français de l’étranger, M. Franck Riester. Ils marqueront la profonde gratitude de la République envers ces Françaises et Français qui avaient : « La patrie au cœur. Ils sont venus mourir pour elle. »
Si les données statistiques sont peu connues bien qu’elles existent, il est encore plus difficile de mettre des noms sur ces chemins de vie, sur ce sacrifice ultime pour la France. Les Françaises et Français de l’étranger, parfois au bout du monde, n’ont pourtant jamais abandonné leur patrie.
Pendant la Première Guerre mondiale, parmi les 1,3 million de vies humaines tombées pour la France, ce sont 883 Français expatriés à Genève ou Suisses engagés volontairement qui ont péri au combat ou encore 698 hommes qui venaient d’Espagne. Ce sont 66 Français nés au Chili, un Français né en Tanzanie, qui s’appelait Marcel Ernest Pierre Farre et qui est mort à l’âge de 18 ans; ou encore ce compatriote Charles Marolle, né au Costa Rica, à Aquadilo et mort à l’âge de 23 ans dont la mention « Tué à l'ennemi » figure dans les archives nationales.
Au Cambodge, sur le monument aux morts dit Roup Pi qui vient d’être reconstruit par les autorités locales, après avoir été détruit par le régime des Khmers rouges, ce sont 184 noms de soldats qui figurent pour rendre hommage aux morts de la grande guerre dont 33 Français et 151 Cambodgiens.
Dans le monde entier, des Françaises et Français se sont engagés, à l’image d’Arsène Mélik Sarkissiantz né en Iran, à Tabriz, engagé volontaire, formé en 1914 avec des personnels de Sidi-bel-Abbès en Algérie, et mort sur le champ d’honneur à l’âge de 21 ans, en 1915.
C’est à tous ces héros de la France que nous rendons hommage aujourd’hui.
En 1940, depuis Londres, le fameux appel du 18 juin était lancé par le général de Gaulle qui était alors un Français établi hors de France : « Moi, général de Gaulle, actuellement à Londres, j'invite les officiers et les soldats français qui se trouvent en territoire britannique ou qui viendraient à s'y trouver, avec leurs armes ou sans leurs armes, j'invite les ingénieurs et les ouvriers spécialisés des industries d'armement qui se trouvent en territoire britannique ou qui viendraient à s'y trouver, à se mettre en rapport avec moi. »
Là encore, nombreux sont ceux qui ont répondu présents. C’est le cas du jeune Jean-François Istel, qui quitta la France occupée pour rejoindre le Canada et s’enrôler dans l’Aviation royale canadienne.
En 1943, trois autres Français de l’étranger, la chanteuse Anna Marly et les écrivains Joseph Kessel et Maurice Druon, ont composé l’hymne de la résistance, le Chant des partisans, diffusé par la BBC anglaise, et dont les paroles ont été imprimées clandestinement dans les Cahiers de la Libération pour être distribuées en France.
Cette année, notre communauté française en Italie commémorera le Corps expéditionnaire français (CEF) commandé par le général Alphonse Juin et qui s’est engagé au sein de la 5e armée américaine de novembre 1943 à juillet 1944 en Italie. Composé de 120.000 hommes de différentes nationalités, ce corps a participé aux côtés d’autres nations à défaire la présence nazie en Italie.
Depuis toujours, les Françaises et les Français de l’étranger ont répondu présents lorsque notre pays était en danger. Parfois même, ils ont dû combattre contre leur gré dans des conflits dont l’histoire se serait bien dispensée. C’est aussi à eux tous et toutes que nous rendons hommage en ce jour, devant cette plaque commémorative qui porte l’inscription suivante : « Ils avaient la patrie au cœur, ils sont venus mourir pour elle ».
Si la nature des conflits a changé, les morts restent, eux, toujours trop nombreux. Malheureusement, des Françaises et Français de l’étranger continuent de mourir dans des zones de conflit ou de guerre, au même titre que les populations des pays où nous vivons.
Trente-cinq Français ont été tués dans l’attaque terroriste perpétrée par le Hamas le 7 octobre 2023 contre Israël. Quarante-deux victimes françaises sont aussi à dénombrer à la suite des bombardements de Gaza par l’armée Israélienne.
En Ukraine, bien qu’il soit difficile d’obtenir des chiffres, sept Français seraient morts depuis le début du conflit.
En œuvrant activement à ce devoir de mémoire, cette commémoration rappelle que loin des clichés, loin des récupérations voulues par certains, nous, Françaises et Français établis hors de France, sommes souvent aux avant-postes des bouleversements du monde et sommes parmi les premiers engagés.
Ce matin, à Paris, aux Invalides, devant cette plaque en hommage aux Françaises et Français de l’étranger morts pour la France, souvenons-nous du vœu fait par Missak Manouchian deux heures avant d’être fusillé : « Bonheur à ceux qui vont nous survivre et goûter la douceur de la Liberté et de la Paix de demain ».
Plus que jamais, alors que l’Europe est directement confrontée au retour de la guerre sur son continent, travaillons inlassablement à ce nécessaire devoir de mémoire. Les Françaises et les Français de l’étranger se souviennent et n’oublient pas.