Édition internationale

“Nous faisons beaucoup avec peu”, Jean-Noël Barrot auditionné sur le PLF 2026

Le 28 octobre 2025, Jean-Noël Barrot est entendu en commission des Affaires étrangères. Le ministre de l'Europe et des Affaires étrangères présente le budget de son ministère pour le projet de loi de finances pour 2026, ainsi que la logique qui a conduit à son élaboration.

Jean Noel BarrotJean Noel Barrot
Jean-Noël Barrot, ministre de l'Europe et des Affaires étrangères
Écrit par Mélanie Pierre
Publié le 29 octobre 2025, mis à jour le 31 octobre 2025


Auditionné sur le budget 2026, le 28 octobre 2025, Jean-Noël Barrot, ministre de l’Europe et des Affaires étrangères, défend un ministère « efficace malgré des moyens limités ». Il rappelle que la diplomatie française fonctionne avec « un budget équivalent à celui de l’Opéra de Paris et des effectifs correspondants à ceux de la métropole de Toulouse ». En réfutant l’idée d’un ministère privilégié, il montre que la part du Quai d’Orsay dans le budget de l’État est passée de 1,5 % en 2019 à 0,93 % en 2025, et même 0,6 % hors aide publique au développement. « Notre ministère a déjà contribué davantage que la moyenne à l’effort d’économies », affirme-t-il.

 

graphique budget

 

 

Les trois grandes missions du Quai d’Orsay

Lors de l’audition, Jean-Noël Barrot rappelle les trois piliers de l’action du ministère de l’Europe et des Affaires étrangères. La première mission étant de protéger les Français à l'étranger, « les catastrophes naturelles, les tensions géopolitiques placent les Françaises et les Français, qu'ils résident ou qu'ils soient de passage à l'étranger, dans des situations de difficultés ou d'insécurité. Et j'ai une pensée particulière pour nos compatriotes qui sont détenus arbitrairement ou retenus otages à l'étranger. Grâce au travail de nos équipes, en 2025, trois libérations ont pu être obtenues », exprime-t-il.

La deuxième mission du ministère vise à défendre les intérêts de la France et des Français, aussi bien dans le cadre des relations bilatérales que dans les instances européennes et multilatérales. « Cela suppose d'être présent en permanence et sur tous les fronts pour défendre les priorités des Françaises et des Français, l'emploi, l'immigration, la santé et la transition écologique », justifie Jean-Noël Barrot.

Enfin, informer les Françaises et les Français sur ce qui se passe dans le monde mais aussi informer le reste du monde de ce que sont les positions françaises, constitue le troisième pilier du Quai d’Orsay. Le ministre insiste sur la nécessité de mieux riposter dans la guerre informationnelle et de renforcer la présence française à l’international. « La force de notre diplomatie vient aussi de notre force intérieure, économique, morale et budgétaire », conclut-il.

 

 

Un effort budgétaire de 434 millions d’euros pour le ministère des Affaires étrangères

Le ministère de l’Europe et des Affaires étrangères devra contribuer à hauteur de 434 millions d’euros à l’effort d’économies demandé par le Premier ministre pour 2026, soit à peu près une économie de 8 %, quand le budget général de l’État progresse de 3,6 %. « Alors, comment s'y prendre ? Je vais d'abord m'interroger sur ce qui, dans les crédits du ministère, relève de dépenses pilotables à court terme, de celles qui ne le sont pas », explique Jean-Noël Barrot.

 

dépenses pilotables

 

Il détaille la contrainte, « sur les 5,9 milliards d’euros de crédits du ministère, 4,6 milliards ne peuvent pas être ajustés à court terme. Il ne me reste donc qu’environ 1,3 milliard de dépenses réellement pilotables ». En raison de l’augmentation des charges non pilotables de 38 millions d’euros, ce ne sont pas 434 millions, mais bien 472 millions d’euros d’économies que le ministre doit trouver, soit 40 % des dépenses pilotables. « Dans ces conditions, j’ai choisi de préserver l’investissement, qui passera de 19 à 20 millions d’euros en 2026, et de concentrer les efforts sur le fonctionnement du ministère », justifie-t-il. 

 

Où le MEAE choisit-il d’investir en 2026 ? 

En 2026, le ministère concentrera ses investissements sur trois axes. Sur le renforcement de la guerre informationnelle, la modernisation de l’appareil diplomatique, avec un accent sur la cybersécurité et l’intelligence artificielle, et la poursuite de la dématérialisation des services consulaires. Jean-Noël Barrot cite notamment le service France Consulaire, déjà disponible dans 146 pays, et le futur registre électronique d’état civil. Pour dégager les 473 millions d’euros d’économies nécessaires, le ministre entend préserver ces investissements et agir sur les dépenses de fonctionnement. Les coupes se répartiront ainsi : il y aura une baisse de 306 millions sur les contributions internationales, de 136 millions sur les opérateurs, et de 31 millions sur le ministère lui-même.

 

graphique plf

 

Le Quai d’Orsay privilégiera les financements bilatéraux plutôt que multilatéraux, ramenant la répartition à 50-50, contre deux tiers-un tiers auparavant. Ce recentrage, explique le ministre, répond directement aux échanges avec les parlementaires, « l'avis sera plutôt défavorable sur tout amendement visant à accroître les crédits multilatéraux au détriment du bilatéral, à diminuer les moyens directs du ministère au profit de ses opérateurs ou à réduire les investissements au profit des dépenses du fonctionnement », conclut le ministre.

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