La communauté internationale a redoublé mercredi d'efforts diplomatiques pour empêcher une riposte massive d'Israël contre l'Iran qui risquerait d'embraser le Moyen-Orient, tout en promettant des sanctions contre Téhéran qui a menacé son ennemi d'une réponse "féroce".
Le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, a réitéré mercredi le droit de son pays "à se protéger" face aux appels de la communauté internationale qui tente d'empêcher une riposte d'Israël contre l'Iran risquant d'entraîner le Moyen-Orient dans une spirale de conflits.
Alors que les négociations en vue d'une trêve dans la guerre toujours plus meurtrière entre Israël et le Hamas palestinien dans la bande de Gaza piétinent, le Qatar a déclaré mercredi "procéder à une réévaluation globale" de son rôle de médiateur de premier plan dans les tractations pour une pause dans les combats.
Outre le Hamas et l'Iran, qui a mené une attaque inédite contre le territoire israélien dans la nuit du 13 au 14 avril, Israël fait face également à des tirs du Hezbollah libanais, allié de Téhéran et du mouvement islamiste palestinien.
Le Hezbollah a annoncé mercredi avoir frappé avec des drones explosifs et des missiles une base militaire du nord d'Israël, en riposte à des frappes ayant tué trois de ses combattants. Quatorze soldats israéliens ont été blessés, dont six grièvement, selon l'armée israélienne.
En visite en Israël, la ministre allemande des Affaires étrangères, Annalena Baerbock, a appelé toutes les parties à faire preuve de "retenue".
"Je ne parle pas de céder, je parle ici de retenue intelligente", a déclaré la première responsable étrangère à faire le déplacement en Israël, avec son homologue britannique David Cameron, depuis l'attaque iranienne du week-end dernier.
Cette attaque, qualifiée de "légitime et méritée" par le Hamas, a été suivie de menaces de représailles croisées entre Israël et l'Iran, qui a promis une réponse "féroce" à toute riposte, dans un contexte de vives tensions régionales depuis le début de la guerre entre Israël et le Hamas, allié de Téhéran, déclenchée par une attaque sanglante du mouvement islamiste palestinien le 7 octobre.
Le ministère de la Santé du Hamas, mouvement qui a pris le pouvoir dans la bande de Gaza en 2007, a dénombré mercredi 56 morts en 24 heures à travers le territoire palestinien, assiégé et bombardé quotidiennement par Israël qui a juré de détruire le mouvement islamiste, qu'il considère comme une organisation terroriste, de même que les Etats-Unis et l'Union européenne (UE).
Cela porte le bilan des morts dans l'offensive israélienne, menée en représailles à l'attaque du Hamas, à 33.899, la plupart des civils, selon le ministère de la Santé du mouvement palestinien.
- Appel "au monde entier" -
Israël "se réserve le droit de se protéger", a affirmé Benjamin Netanyahu lors de ses entretiens avec les deux ministres européens.
Téhéran a affirmé avoir agi en état d'autodéfense en attaquant le territoire israélien, après une frappe meurtrière contre le consulat d'Iran à Damas le 1er avril, qu'il a attribuée à Israël.
"Nous ne pouvons pas rester les bras croisés face à une telle agression, l'Iran ne sortira pas indemne", a promis mardi le porte-parole de l'armée israélienne, le contre-amiral Daniel Hagari, sans préciser la forme que pourrait prendre cette riposte.
Les Etats-Unis, alliés indéfectibles d'Israël, ont dit ne pas vouloir "d'une guerre étendue avec l'Iran" et qu'ils ne participeraient pas à une riposte israélienne.
- "Sanctions coordonnées" -
La Maison Blanche a en revanche annoncé qu'elle allait imposer "de nouvelles sanctions visant l'Iran, dont ses programmes de drones et missiles", ses Gardiens de la Révolution, l'armée idéologique de la République islamique, et son ministère de la Défense.
L'UE envisage elle aussi d'élargir le champ de ses sanctions. Annalena Baerbock avait plaidé mardi pour de nouvelles sanctions européennes sur les drones iraniens.
David Cameron a souhaité mercredi que les pays du G7, qui se réunissent dès mercredi soir en Italie, imposent des "sanctions coordonnées" contre l'Iran.
Depuis le début de la guerre dans la bande de Gaza, les tensions grandissent au Moyen-Orient, impliquant Israël et l'Iran, ennemis depuis la Révolution iranienne de 1979, et leurs alliés respectifs.
La République islamique s'était gardée jusqu'à présent d'attaquer frontalement Israël et les deux pays avaient l'habitude de s'affronter par tiers interposés, comme les rebelles yéménites houthis et le Hezbollah.
- La guerre pour le pouvoir -
Après plus de six mois de guerre à Gaza, Benjamin Netanyahu se dit déterminé à combattre "sans pitié" le Hamas et maintient son projet d'offensive terrestre contre la ville de Rafah, dans le sud, malgré la présence d'un million et demi de Palestiniens.
"Il est évident que (Benjamin) Netanyahu essaie d'entraîner la région dans la guerre pour rester au pouvoir", a accusé mercredi le ministre turc des Affaires étrangères, Hakan Fidan, en visite au Qatar.
La ville de Rafah a de nouveau été bombardée mardi soir, selon des témoignages recueillis pas l'AFP. "Vers 22H45, une roquette israélienne a frappé une maison de déplacés (...) La famille était en train de dîner lorsqu'un missile israélien a démoli leur maison au-dessus de leurs têtes", a raconté Sami Nyrab, un habitant de Rafah.
L'ONU, qui redoute une famine généralisée dans le territoire de 2,4 millions d'habitants, a lancé mercredi un appel aux dons de 2,8 milliards de dollars pour aider les Palestiniens à Gaza et en Cisjordanie, occupée par Israël.
Benjamin Netanyahu a récusé mercredi "les allégations des organisations internationales sur une famine à Gaza" et affirmé qu'Israël faisait "tout son possible sur la question humanitaire".
L'armée israélienne a annoncé peu après l'entrée dans la bande de Gaza de huit camions transportant de la farine du Programme alimentaire mondial via le port israélien d'Ashdod.
La guerre a été déclenchée par une attaque sans précédent menée le 7 octobre par des commandos du Hamas infiltrés depuis Gaza dans le sud d'Israël, qui a entraîné la mort de 1.170 personnes, en majorité des civils, selon un bilan de l'AFP établi à partir de données officielles israéliennes. Plus de 250 personnes ont été enlevées et 129 restent retenues à Gaza, dont 34 sont mortes d'après des responsables israéliens.