7.000 kilomètres à vélo en Amérique latine, c’est le défi que se sont lancé Agathe et Philippine. Ces deux étudiantes en management de l’innovation vont pédaler pendant six mois de la Bolivie à la Patagonie. Dans ce berceau de l’agroécologie, elles prévoient de rencontrer les acteurs locaux de la transition agricole pour essaimer les bonnes pratiques en France à leur retour.
Toutes les personnes de notre promo partent en stage de fin d’étude, mais nous, avec Philippine, on voulait se lancer un challenge », confie Agathe, en souriant. Le pari est lancé : les deux étudiantes de Dauphine partiront six mois à vélo sur la cordillère des Andes, pour s’inspirer des pratiques de l’agroécologie. Attablées en terrasse d’un café parisien, Agathe et Philippine nous ont raconté la genèse de ce défi sportif, mais aussi humain et solidaire.
7.000 kilomètres à vélo en Amérique du Sud avec l’agroécologie comme fil conducteur… comment avez-vous eu l’idée de ce projet de fin d’étude ?
Agathe : On est toutes les deux sensibles aux questions environnementales, et on souhaitait que ce projet ait un impact, à notre échelle, et qu’il soit innovant. L’Amérique du sud nous attirait beaucoup et en nous renseignant, on est tombées sur le thème de l’agroécologie. C’était une évidence pour nous de revenir dans le berceau historique de cette pratique.
Justement, pouvez-vous nous en dire plus sur l’agroécologie ?
Philippine : Le principe de l’agroécologie est d’optimiser les ressources que l’on a à disposition pour mieux produire, plutôt que de miser sur des cultures intensives et des produits chimiques. En réalité, plus qu’une technique agricole, l’agroécologie est une manière de penser. L’idée est de prendre en compte tous les éléments de l’écosystème, et donc de valoriser la biodiversité locale. On se rend compte que cela conduit à un meilleur rendement sur le long-terme.
Ce qui nous a aussi tout de suite parlé dans l’agroécologie, c’est son approche sociale. Le mouvement a été porté par des mouvements sociaux en Amérique latine, avec la volonté de réduire les inégalités et les discriminations.
Concrètement, qu’allez-vous faire sur place ?
Agathe : Nous allons rencontrer un tas d’acteurs du monde de l’agroécologie : des agriculteurs, des associations, des centres de formation, des incubateurs, pour s’inspirer de leur action. Nous ne sommes pas des expertes agronomes, donc nous venons avant tout pour observer, poser des questions sur le modèle économique et le management des structures. Cela nous permettra de réfléchir à la manière de diffuser ces pratiques à notre retour en France.
On a décidé de partir de La Paz, en Bolivie, et de descendre la cordillère des Andes jusqu’en Patagonie. Soit environ 7.000 kilomètres… à vélo! Le choix du vélo c’est avant tout par défi sportif. Ensuite évidemment pour voyager en polluant le moins. On part d’ailleurs avec nos tentes, on a réservé aucun logement pour le moment. On compte bivouaquer au maximum et se loger chez l’habitant quand cela sera possible. En étant à vélo, on va pouvoir avoir une liberté incroyable dans nos déplacements et être totalement flexibles.
… être totalement flexibles, et en plus aider des associations !
Agathe : Oui, on a décidé de reverser un euro à une association qui œuvre en France pour la promotion de l’agroécologie, tous les deux kilomètres parcourus ! C’est une façon pour nous d’avoir un impact positif, et en plus de nous motiver à vélo.
Comment ont réagi vos proches quand vous leur avez présenté votre projet ?
Agathe : Nous avons été agréablement surprises par les réactions de notre entourage qui s’est montré globalement très enthousiaste et encourageant.
Philippine : On a bien sûr eu quelques remarques de nos familles et nos amis au début qui étaient un peu étonnés et préoccupés du fait qu’on soit deux femmes, à partir en Amérique du Sud. Cela crée une pression supplémentaire, mais très vite, quand ils ont vu qu’on était confiantes dans notre projet, ils nous ont soutenues.
Agathe : On est jamais à l’abri de réactions un peu cassantes, mais il faut savoir les mettre de côté. Cette semaine, on est allées démarcher un magasin de vélo pour qu’il nous sponsorise. On pitch notre projet au gérant, et là il nous sort, « ah, mais c’est super chiant votre projet, surtout en vélo ! Faites ça en voiture plutôt ». Ce genre de remarque, ça ne fait que nous motiver encore plus à partir en réalité ! On veut montrer que c'est possible pour deux femmes de parcourir des milliers de kilomètres à vélo pendant plusieurs mois.
Comment appréhendez-vous le fait de passer six mois ensemble h24 ?
Agathe : C’est sûr que pendant six mois on va être comme un couple ! On a rencontré plein de personnes qui étaient parties en duo, et à chaque fois le conseil qu’elles nous ont donné, c’est de communiquer. Certains jours l’une peut ne pas avoir envie de parler et avoir besoin d’être seule, ou vice-versa, et dans ce cas-là il faut le dire à l’autre.
Ce projet vous l’envisagez comme une parenthèse ?
Philippine : En rentrant en France, on veut créer une fresque de l’agroécologie pour sensibiliser à la transition écologique dans ce secteur. Et on espère essaimer tout ce qu’on aura appris pour piloter de nouvelles missions en Europe.
Vous souhaitez soutenir La bici de Pachamama ? Agathe et Philippine sont toujours à la recherche de sponsors pour leur permettre de financer ce projet en Amérique du Sud. Elles ont également ouvert une cagnotte en ligne à laquelle il est possible de participer ici.