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Livia Melzi et Emilio Azevedo : “Changer notre perception de la nature”

L’espace Frans Krajcberg à Paris s’intéresse à "L'Ordre des choses”, une exposition où les artistes brésiliens Livia Melzi et Emilio Azevedo puisent leur inspiration dans la nature et l’oeuvre de Frans Krajcberg. Les deux artistes nous incitent à réévaluer notre relation avec la nature.

Exposition l'Ordre des chosesExposition l'Ordre des choses
Écrit par Elena Rouet-Sanchez
Publié le 22 septembre 2023, mis à jour le 9 octobre 2023

Jusqu'au samedi 18 novembre, l'Espace Frans Krajcberg abrite le travail des artistes visuels et photographes brésiliens Emilio Azevedo et Livia Melzi, en collaboration avec la commissaire d'exposition Laila Melchior.

 

L'exposition L'Ordre des choses

 

Comment Frans Krajcberg a-t-il influencé votre démarche artistique et comment cela se manifeste-t-il dans votre exposition ?

Livia Melzi : Frans Krajcberg était avant tout sculpteur, pas photographe. C'est sa relation avec la matière qui a guidé notre réflexion, ce qui nous a poussé à faire un choix inhabituel pour notre exposition, en évitant d'accrocher des tirages photo encadrés au mur. D'emblée, nous avons décidé de faire un exercice expérimental, en ne recourant pas au mur comme support et en travaillant avec la matière brute directement. Cette démarche nous a conduit à nous demander comment présenter cette matière brute photographique de manière accessible, même pour un public non spécialisé en photographie. 

Nous avons dès lors opté pour le grand format, qui permet d'emmagasiner une grande quantité d'informations dans chaque prise de vue, tout en utilisant des diapositives. Ainsi, les images sont claires à voir, et chaque rectangle recèle une multitude d'informations latentes, non encore développées, tout comme les gestes de Krajcberg dans la forêt, où il récupérait des matières brutes et les exposait presque à l'état brut, sans trop d’interférences.

 

Réinventer la relation Homme-Nature : “L’Ordre des choses”, l’exposition de Livia Melzi et Emilio Azevedo

 

Comment se sont articulés vos deux travaux ?

Livia Melzi : Je crois qu'il y a une dimension esthétique dans notre manière de travailler avec la caméra, une esthétique qui se rapproche. C'est pourquoi les thèmes liés au Brésil ont réuni nos démarches. Cependant, pour ma part, c'était la première fois que je m'approchais de la question de la nature. Je suis davantage orientée vers les interactions humaines, plus topologiques que botaniques, pour ainsi dire. C'était une première pour moi d'aborder l’écologie. Personnellement, je m'inscris dans un mouvement, aussi brésilien, visant à comprendre comment nous avons façonné notre conception de la forêt et de la nature, afin de mieux appréhender cette dernière. Je pense que cela implique un changement artistique dans notre démarche, mais c'était un pas nécessaire.


 

Souhaitez-vous aussi amener les visiteurs à réfléchir sur des questions environnementales ?

Emilio Azevedo : Notre projet artistique vise à explorer le réel tel qu'il est, en intégrant les éléments déjà présents dans notre environnement, sans chercher à puiser ailleurs. Nous reconnaissons que notre projet a un impact, notamment en termes de consommation d'énergie et de ressources matérielles, mais notre intention n'est pas de moraliser, ce serait hypocrite de dire l’inverse. Au contraire, nous cherchons à comprendre l'impact de nos pensées et à changer notre perception de la nature, en la considérant avec respect et en nous intégrant à elle. Nous souhaitons cesser de voir la nature comme un simple réservoir à exploiter, mais plutôt comme une partie intégrante de notre existence. C'est là que notre projet a trouvé son point de départ dès le début.

 

L'Exposition l'Ordre des choses


 

Pouvez-vous nous expliquer votre choix de l’utilisation du verre, dans votre exposition ?

Livia Melzi : L’utilisation du verre dans notre exposition découle de la nécessité de créer une structure sans utiliser le mur comme support. Nous avons dû inventer une solution qui dialogue avec la transparence des diapositives positives et négatives, tout en restant modulable. Cette approche a également pris en compte l'architecture spécifique du lieu, qui n'est ni un espace entièrement neutre ni une église. Trouver le bon verre et jouer avec la transparence a été un processus qui a pris du temps. Nous avons également accepté les espaces vides dans nos images, qui existent tout en n'étant pas visibles, ce qui ajoute une couche d'interprétation à notre travail.

 

Nous avons puisé notre inspiration dans les gestes de Krajcberg, notamment sa démarche de récupération lorsqu'il était au Brésil. Nous avons récupéré des matériaux usagés et de l'acier, en déplaçant ce geste de récupération de la nature vers un environnement urbain. Notre exposition est ancrée dans ce contexte citadin, où nous avons accepté cette condition.


 

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