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Alexandrine Kantor, symbole de réussite dans un milieu très masculin

Alexandrine Kantor, réussite expatriationAlexandrine Kantor, réussite expatriation
Alexandrine Kantor en pleine réunion avec ses collègues du secteur robotique.
Écrit par Vincent Villemer
Publié le 11 avril 2018, mis à jour le 12 avril 2018

Ingénieure dans la recherche robotique depuis quatre ans chez UKAEA, le plus grand projet mondial sur la fusion nucléaire, Alexandrine Kantor est l’exemple parfait de ces femmes qui ont su s’imposer professionnellement dans un univers très masculin. Est-ce lié à son expatriation au Royaume-Uni ? Symbole de détermination et de réussite, elle nous raconte son expérience et sa vision sur la place des femmes dans les secteurs où elles se font rares.

 

Lepetitjournal.com : Pouvez-vous nous résumer votre parcours professionnel ?

Alexandrine Kantor : Après avoir obtenu mon BAC STI Génie Electrotechnique, j’ai fait un BTS Electrotechnique puis une Licence QMEE (Qualité et Maitrise de l'énergie électrique) en alternance. J'ai commencé mon expérience professionnelle en tant que dessinatrice chez Autocad, puis pour SPIE Nucléaire avant d’être conseillère en Ingénierie pour Extia. J'ai démissionné pour aller au Royaume-Uni rejoindre la fonction publique dans la recherche sur la fusion nucléaire, le plus grand projet mondial, la base de ITER. J'ai été 3 ans Senior Electrical Designer travaillant sur les réacteurs et depuis 1 an je suis Electrical Systems Design Engineer dans la recherche nucléaire/robotique.

 

Pourquoi avoir choisi le secteur de l’ingénierie ?

Pas de raison particulière, je voulais faire médecine mais je ne m'en sentais pas capable car j’avais peu confiance en moi. Je me suis dit que l’ingénierie serait plus abordable, j’ai testé et j’ai très vite appris à aimer ça.

 

Vous êtes désormais chargée d’études dans la fusion nucléaire. En quoi consiste votre mission concrètement ?

Je suis donc Ingénieure en « Electrical systems design ». Concrètement je suis dans la robotique, donc nous créons des robots qui iront faire de la maintenance dans le réacteur nucléaire et qui seront peut-être commercialisés à l’avenir. Du concept à l'étude, en passant par la création des schémas jusqu'à la manufacture, je m’occupe de tout le secteur robotique.

 

Il faut mettre deux fois plus d’intensité pour que cela soit souligné

 

C’est un secteur où peu de femmes sont présentes. Pourquoi selon-vous ?

Parce que la société nous dit que ce n'est pas un « monde » fait pour nous. Dès le plus jeune âge, les enfants sont mis dans des cases. Un garçon voulant faire ingénieur sera encouragé, tandis que pour une fille, ce sera tout de suite déconseillé. Quand j'ai décidé d'aller en Sciences de l’Ingénieur au lycée, mes professeurs insistaient sur la difficulté du milieu alors qu’ils ne portaient pas le même discours pour les garçons. Un jour, un professeur m'a même dit qu'il n'était pas utile de m'enseigner quoi que ce soit car je finirais mère au foyer. C’était dur à encaisser mais j’en ai fait une force, surtout que mes camarades masculins n’étaient pas toujours très sympas. Donc je peux comprendre que beaucoup de femmes choisissent une autre orientation. 

 

Alexandrine en train de tester la réalité virtuelle du robot.
Alexandrine en train de tester la réalité virtuelle du robot.

 

Le fait de vous expatrier en Angleterre vous a-t-il aidé professionnellement en tant que femme dans un milieu masculin ?

Oui, en Angleterre cela est plus simple car la discrimination homme/femme est illégale, l’égalité est beaucoup plus respectée. Être une femme ingénieure en France était plus compliqué. Ici, il y a moins de jugement, on ne se focalise pas sur l’apparence ou les différences. Le fait que ce soit une société tolérante aide beaucoup professionnellement.

 

Justement, comment êtes-vous perçue au travail et comment sont les relations avec vos équipes ? 

Je suis parfaitement intégrée bien que le fait d'être une femme rende mon travail plus compliqué. La parole de mes collègues masculins pèse malheureusement toujours plus que la mienne. Quotidiennement, il faut mettre deux fois plus d’intensité dans nos actes pour que cela soit souligné. Mais c’est un phénomène international, c'est ce qu’on appelle en anglais "unconscious bias", ce sont les attitudes discriminantes que l'on a parfois sans même s'en rendre compte.

 

Sentez-vous une progression de la place des femmes dans ce milieu professionnel ? 

Cela progresse, mais doucement, un peu trop même. Il y a des entreprises qui ont l'initiative d'égaliser les salaires, mais au lieu d’augmenter le revenu des femmes au niveau de celui des hommes, ils abaissent le salaire des hommes à celui des femmes. C’est à la fois injuste pour les hommes, et un mauvais message pour les femmes aussi. Mais je pense que l’on verra une vraie amélioration de la place des femmes au sein de chaque secteur professionnel dans les années à venir.

 

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vincent villemer
Publié le 11 avril 2018, mis à jour le 12 avril 2018