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TROPHÉE ENVIRONNEMENT - Christian Legay, un passionné d'agro-écologie au Burkina Faso

christian Legay christian Legay
Écrit par Lepetitjournal.com International
Publié le 17 mars 2015, mis à jour le 3 octobre 2019

 Christian Legay, ingénieur agricole, voue sa vie au développement durable de l'agriculture au Burkina Faso. C'est le Lauréat 2015 du Trophée Environnement des Français de l'étranger. À 40 ans, son travail a permis de faciliter le quotidien des agriculteurs et des femmes burkinabés.

 

Ses études d'ingénieur agricole tout juste terminées, Christian Legay, s'envole au  Burkina Faso à l'âge de 22 ans.La découverte de l'agro-écologie incite en effet Christian à remplacer son service militaire par un engagement à l'AFVP (Association française volontaire du progrès) à Ouagadougou. Sur place, Christian met à profit ses connaissances pour dispenser des cours aux paysans locaux et se déplace pour toucher aussi les campagnes. Il aide les agriculteurs à mieux gérer leurs exploitations agricoles et maîtriser leurs élevages, tout en veillant au respect de l'environnement. Christian s'engage quatre ans plus tard pour Action contre la faim : "J'apportais des conseils pour la construction d'écoles, dispensaires, de barrages et autres formes de projets de construction. J'animais aussi des groupements de femmes pour les aider à déployer des activités. Au milieu de ces nouvelles responsabilités, je n'ai pas abandonné l'agro-écologie. Je veillais activement à ce que les exploitations maraîchères autour des barrages ne polluent pas les eaux".

Touché par le besoin d'aide au développement, Christian décide de s'établir pour de bon au Burkina et de faire de l'agro-écologie son métier."En 1985, je suis passé devant une forêt de baobabs dans le Sahel du Burkina Faso. D'habitude c''était très beau, mais là je les ai vus tous morts suite à la sécheresse des années 83-84 après la sécheresse des années 73. Les baobabs n'ont pu survivre car leurs racines ne pouvaient plus puiser l'eau. Cette expérience m'a marqué".

Sortir les femmes de la pauvreté

Employé chez GERES (groupe  énergies renouvelables, environnement et solidarité), Christian participe à la diffusion de séchoirs solaires pour remédier au problème des surplus d'aliments frais en prévision de pénuries lors de la saison sèche. "Nous avons mené des recherches pour améliorer le séchoir initial et le rendre plus efficace et accessible aux femmes. Grâce aux séchoirs,  elles proposent une plus grande diversité de produits sur les marchés : céréales, fruits  séchés, des jus avec du sucre? Constater que cela répondait à un besoin important pour elles est très positif pour moi. Elles peuvent avoir des revenus, devenir autonomes vis-à-vis de leur mari et peuvent mieux satisfaire les besoins familiaux. La cuisine est rendue plus facile, elles gagnent du temps pour avoir un travail à côté en ville ou veiller à l'éducation de leurs enfants".

Autre Terre


Depuis 14 ans, Christian travaille pour l'ONG Autre terre : "Nous avons développé une filière agro-écologie pour continuer de diffuser des séchoirs au nord du Mali en plein désert. Avec une douzaine de partenaires, nous aidons les producteurs à ne pas utiliser de produits chimiques. Je mène une petite équipe avec laquelle je suis les projets sur le terrain. Je suis actif au niveau des réseaux d'ONG du Burkina. On voudrait aider l'Etat burkinabé à arriver à une économie sociale et solidaire sur le long terme".

Christian Legay a aussi contribué à développer l'apiculture dans les régions où il ne pleut pas assez : "Cette activité peut générer des revenus en cas de déficit céréalier pour alimenter la région. Cela a permis de créer des produits dérivés comme du savon, de la crème pour la peau, des gâteaux. J'ai aussi aidé des agro-pasteurs à pérenniser des croisements de races locales de vaches afin d'obtenir plus de lait. Le lait est pasteurisé et le yaourt, qui très apprécié, est d'avantage développé.  Je participe également à la création de centres de tri pour accueillir les déchets et les recycler. Le but est de les revendre à des fabriques, ou de les rendre biodégradables pour en faire des engrais à destination du Burkina et du Sénégal. Nous espérons pouvoir sensibiliser beaucoup à la gestion des déchets pour obtenir un budget communal spécialisé".

Vers les premiers pas de l'agriculture biologique nationale au Burkina Faso

Christian Legay est entré au bureau exécutif du Conseil National de l'Agriculture biologique, où il a été élu secrétaire à l'information et à l'organisation : "Cet organisme permet d'aller jusqu'à la certification bio des agricultures. Le paradoxe au Burkina Faso, c'est que le bio certifié part pour l'exportation depuis vingt ans mais pas pour le local. Nous ?uvrons à limiter l'utilisation des produits chimiques de plus en plus consommés dans les agricultures maraîchères qui détruisent les sols au détriment de la pérennisation des exploitations." Aujourd'hui le CNAbio est reconnu officiellement par l'Etat. " Nous avons envie à long terme de créer des communautés agricoles et les mettre en relation pour favoriser la commercialisation des produits bio dans chaque point de vente des villes pendant toute l'année. Nous avons mis en place pour cela un système de garantie participative qui permet de montrer aux consommateurs que les différents acteurs se contrôlent ou s'autocontrôlent. Je voudrais aussi développer ce réseau avec des pays limitrophes comme le Benin et le Togo, faire de l'Afrique de l'ouest une région certifiée".

"Une deuxième patrie"


Avec autant d'engagements pour ce pays, le Burkina Faso est devenu sa patrie.Christian est d'ailleurs marié à une Burkinabé depuis 27 ans avec qui il a trois enfants. "À la retraite, je compte passer le plus clair de mon temps ici pour continuer à pousser au développement de l'agriculture écologique. J'ai eu cette chance de pouvoir travailler pour l'environnement, qui est le domaine qui m'intéressait le plus. J'y ai trouvé ma voie. Dans une autre vie je travaillerai sur les plantes médicinales"!

Le Trophée Environnement des Français de l'étranger récompense donc un vrai passionné : "C'est une reconnaissance pas seulement pour moi, mais aussi pour mes collègues (anciens et actuels). Cela nous fait plaisir de voir que notre cause est soutenue".
Propos recueillis par Mathilde Berger-Perrin -www.lepetitjournal.com- Mardi 17 mars 2015

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Publié le 17 mars 2015, mis à jour le 3 octobre 2019