

LPJ - En quelques mots, comment se présente l'hôtel ?
Şerban Dimitrie Sturdza - L'hôtel est situé sur la principale rue commerçante de Constanta et à 70 mètres de la plage. Entièrement rénové, il date de 1896 et a gardé son ancienne façade que nous avons rénovée pendant 9 mois ! Au rez-de-chaussée, le restaurant, géré de façon indépendante, et connu pour être le meilleur de la ville, dispose d'un toit ouvrant (en été) et d'une grande terrasse chauffée pendant l'hiver. Sur deux étages, nous proposons 18 "deluxe suites"et "deluxe mini-suites"dont la supercifie va jusqu'à 44 m2. Nous avons ouvert cette année, à la mi-juillet, et sans avoir fait beaucoup de publicité notre taux d'occupation est plus que satisfaisant. Nos prix vont de 123 à 153 euros, petit-déjeuner inclus. Et récemment nous avons obtenu la distinction officielle de 4 étoiles.
Vous avez récupéré l'immeuble il y a peu, comment cela s'est-il passé ?
Cela nous a pris quatre ans, à partir de 1999, pour récupérer cet immeuble qui appartenait à ma grand-mère, Chérica, et qui fut nationalisé en 1950. Puis il a fallu le libérer de ses locataires. Les travaux de consolidation, de rénovation, ont commencé début 2004. Le bâtiment, d'un peu plus de 2000 m2, était dans un état déplorable, en ruine. Rien n'avait été fait depuis plus de 50 ans. Une partie du toit n'existait plus, le plancher en bois était pourri, il n'y avait pas d'eau ni d'électricité. Difficile d'imaginer comment vivaient les anciens locataires. Plus de quatre ans ont été nécessaires pour tout remettre à neuf, et il a fallu 300 conteneurs de plus de 20 tonnes chacun pour dégager les ordures et les déchets. En même temps on a construit une nouvelle structure en béton armé. Au total, ce fut un investissement d'un million d'euros, sans le restaurant.
Ci-après l'édifice juste avant sa rénovation...

En 1896, année de son inauguration, l'édifice appartenait aux moines orthodoxes roumains du Mont Athos, c'était leur pied-à-terre à Constanta, et c'est eux qui l'ont construit. Puis mon arrière-grand-père l'a racheté, je ne me rappelle plus vraiment à quelle date. En tout cas l'immeuble est rentré dans le patrimoine de ma famille avant 1918. C'est ma grand-mère qui en a hérité et qui l'a utilisé comme résidence, tout en louant quelques appartements. Jusqu'en 1950, année de sa nationalisation.
Quand avez-vous su que l'édifice vous appartenait ?
En 1997, avant je ne savais pas que cet immeuble appartenait à ma famille. Je suis parti de Roumanie en 1987, j'ai vécu en France jusqu'en 1994, puis je suis parti vivre pendant quatre ans au Canada avant de revenir ici. C'est ma mère qui est allée faire les démarches à Sinaia pour savoir quels étaient les biens et les terrains de ma grand-mère à Galati, Bucarest, Sinaia et Constanta.
D'où vient le patrimoine de la famille Sturdza ?
Mes ancêtres ont régné sur la Moldavie avant que les trois anciennes principautés forment la Roumanie. Michel Sturdza a régné de 1834 à 1849. Je suis un des descendants directs de la branche principale du Prince régnant Michel Sturdza.
L'hôtel aujourd'hui...

Entre 30 et 40% des biens qui nous appartenaient. Mais nous avons aussi perdu des dossiers. En ce moment, et depuis huit ans, on essaie de récupérer la résidence principale de mes grands-parents qui se trouve à quelques pas de piata Victoriei, une grande propriété s'étalant sur plus de 5492 m2, estimée à environ 30 millions d'euros. La maison, de style art déco, n'a jamais été nationalisée mais ma famille a été mise à la porte par les troupes soviétiques en 1947. Cette demeure est aujourd'hui occupée par les services de renseignement roumains, le SIE (Serviciul de informatii externe, ndlr). Après huit années de procès, on a perdu, ce fut un vrai calvaire, nous avons été traités de façon injuste. Mais nous allons faire appel devant la Cour européenne des droits de l'homme. Je vais d'ailleurs bientôt me rendre à Strasbourg.
Votre désir aujourd'hui ?
J'ai toujours cherché à être cohérent vis-à-vis de ce patrimoine historique et architectural. Désormais, l'immeuble se rapproche enfin de ce qu'il a été dans le passé, car je me suis inspiré de ce que mes grands-parents ont fait, et comment ils ont vécu. En fait, dans cet endroit, j'ai envie que les gens oublient l'accident souffert par la Roumanie, ces 50 années de communisme.
Propos recueillis par Laurent Couderc (www.lepetitjournal.com - Bucarest){mxc}
Pour réserver, téléphoner au 021 411 66 90 ou au 0372 372 372. Et pour plus d'infos, visiter le site de l'hôtel : www.cherica.hotel.tourneo.ro


































