Édition internationale

ECO – Les parachutes dorés explosent en vol

Alors que la tempête sévit sur les marchés, et que chacun s'interroge sur les conséquences de la crise financière sur nos porte-monnaie, les organisations patronales font des propositions pour mettre fin au scandale des parachutes dorés , à la demande de l'Elysée

Cela devenait urgent : la polémique provoquée par l'indemnité de départ du patron de Dexia, Axel Miller qui réclamait 3, 7 millions d'euros alors que la banque franco-belge était sauvée de justesse de la faillite, a encore accéléré les choses. Sous la pression de l'Etat français, qui a menacé de ne pas débloquer les fonds nécessaires au sauvetage de Dexia, Axel Miller a renoncé à son parachute doré.
Et les organisations patronales ont été sommées par l'Elysée de faire des propositions concrètes, permettant de rétablir un lien entre rémunération et performance. Car la pratique des parachutes dorés est décriée depuis longtemps.
Cette rémunération était censée remercier un dirigeant pour services rendus a l'entreprise, et compenser un éventuel manque à gagner lié au respect de la clause de non-concurrence. Mais on se souvient du tollé provoqué par le départ de Noël Forgeard d'EADS avec 8,2 millions d'euros alors que l'entreprise était en crise, ou plus récemment des 6 millions d'euros touchés par Patricia Russo en quittant Alcatel.

50 millions d'euros distribués en 2007
La France était en 2007 le pays d'Europe dans lequel les patrons disposaient des parachutes les plus importants et, début juin, une étude réalisée par le cabinet de conseil Investorsight pour Le Monde révélait qu'un quart des sociétés du CAC 40 prévoyait de verser des indemnités de départ à leurs dirigeants pour un montant cumulé de 50 millions d'euros. En s'attaquant aux parachutes dorés, Nicolas Sarkozy entend tenir une de ses promesses de campagne.
La loi en faveur du travail, de l'emploi et du pouvoir d'achat (dite loi TEPA) votée en aout 2007, avait déjà lié l'attribution de parachutes dorés à des conditions de performance établies à l'arrivée d'un dirigeant dans l'entreprise, mais visiblement de façon insuffisante. 

Un code de bonne gouvernance
Devant l'insistance de l'Elysée, le MEDEF et l'Afep (Association représentant les grandes entreprises) ont réussi tant bien que mal à trouver un accord sur "un code de bonne gouvernance"permettant de rendre les rémunérations des dirigeants plus transparentes.
Ils recommandent, entre autres, de prohiber le cumul de l'exercice d'un mandat social et d'un contrat de travail ainsi que de limiter les parachutes dorés à deux ans de rémunération, en mettant fin à ce versement en cas de départ volontaire ou d'échec. De plus, les plans de stock-options seront subordonnés à l'existence de dispositifs associant l'ensemble des salariés. Laurence Parisot, la présidente du MEDEF a ainsi indiqué qu'"aucun patron qui a échoué ne devrait toucher de parachute doré ". 
Cette mesure devrait rencontrer un écho favorable dans l'opinion publique, encore échaudée par l'affaire AIG : moins d'une semaine après le sauvetage in extremis de la faillite de la société d'assurances American International Group, on a appris que ses dirigeants ont profité de vacances luxueuses lors d'un séminaire à 440 000 dollars. De quoi s' étrangler !
Marie-Pierre Martin. (www.lepetitjournal.com) mercredi 15 octobre 2008

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