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Florence Reisch : expatriation mode d'emploi

Pour un regard plein d’empathie et riche justement de dizaines d’expatriations accumulées au fil des ans depuis l’enfance, assorti d’une mine de conseils tournez-vous vers Florence, la « serial expat » qui changera votre regard sur ce statut unique, que vous en soyez à votre première aventure ou non

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Écrit par Marie-Jeanne Acquaviva
Publié le 6 décembre 2023, mis à jour le 7 décembre 2023

L’expatriation : un mot-valise, dans tous les sens du terme, qui recouvre beaucoup de réalités différentes, qui peut impressionner comme faire rêver, souvent mal compris, sur lequel on colle plein de clichés – qui n’a pas dû expliquer aux amis restés « en Métropole » ou dans son pays d’origine que non, nous ne sommes pas sur la plage ou en vacances toute l’année ?...Une vie qu’il n’est pas toujours simple de s’approprier au grès des déménagements et des départs à zéro accumulés. Pour un regard plein d’empathie et riche justement de dizaines d’expatriations accumulées au fil des ans depuis l’enfance, assorti d’une mine de conseils tournez-vous vers Florence, la « serial expat » qui changera votre regard sur ce statut unique, que vous en soyez à votre première aventure ou non : suivez le guide pour s’épanouir en expatriation !

 

Lepetitjournal.com/dubaï : Pour dédramatiser et faire sourire (car les mésaventures font toujours sourire après coup), vos pires expériences en expat et les leçons apprises ?

Florence Reisch : Ma première nuit en Afrique : un départ décalé pour Cotonou, pour cause de tempête de neige au décollage, et une escale non prévue à Abidjan où je me retrouve sans visa…que « tout le monde » m’avait assuré ne pas être nécessaire. Une première nuit que je passe donc… en prison ! Ce que j’en tire, c’est un principe qui ne m’a jamais quittée : on a beau être guidé ou conseillé, rien ne vaut les démarches que l’on effectue soit même, les mains dans le cambouis administratif – qui peut être pesant. C’est la seule façon d’éviter vraiment ce genre de surprises… et puis relativiser : on s’en sort toujours, et cela fait de belles anecdotes à raconter !

Une autre erreur : ne pas avoir pris le temps de venir visiter le pays, même rapidement, avant le déménagement définitif. Les premières expatriations sont souvent sous le signe d’un enthousiasme baigné d’inconscience, on se sent porté par le vent de l’aventure… ce qui n’empêche pas, dans la mesure du possible, de venir se faire une idée rapide, se rendre compte de l’ambiance, de prendre la température, de se faire un premier « feeling » de la ville, des quartiers… toutes choses extrêmement utiles avant le grand saut : lorsque c’est possible, n’hésitez pas !

Et enfin, rétrospectivement, toujours faire de la place dans son container pour au moins une caisse de choses relativement inutiles mais personnelles. Il n’est pas toujours évident de se meubler et s’installer de telle sorte que son chez soi soit plus qu’un « appart ikea » (quand il y a un Ikea…) et soit au contraire un refuge, un endroit chaleureux dans lequel on se ressource. C’est pourtant très important, et irremplaçable. Donc là aussi pas d’hésitation : roulez les tableaux, les photos de familles imprimées en grand, les housses de coussins, ajoutez un vieux canapé ou un tapis que vous adorez, des choses qui ne risquent pas le transport mais que vous serez si heureux de retrouver sur vos murs tout blancs et vides, et qui vous suivront. Bien sûr vous vous meublerez sur place et trouverez à chaque fois de nouveaux souvenirs, mais de transporter son foyer avec soi c’est important aussi.

Continuons dans les écueils à éviter : les pires conseils que l’on vous a donné lorsque vous étiez encore « expat novice » ?

Oh celui-ci est facile à identifier: rester entre expats ! Se cantonner dans sa « communauté » , ne pas apprendre ou essayer d’apprendre la langue, ne pas s’ouvrir culturellement ou intellectuellement aux autres, rester percher sur ce que l’on sait ou croit savoir du pays et juger sans connaitre…. Clairement la pire attitude possible pour une expatriation ! Et puis tomber dans le clicher qu’au fond l’expatriation c’est la liberté et l’insouciance, et ne pas penser à son avenir : professionnel, financier, scolaire (pour ses enfants), il faut planifier, s’organiser et ne compter que sur soi, faire preuve de discipline et d’une certaine vision pour sa famille.

Enfin, et sans doute ce qui me tient le plus à cœur : se négliger, faire passer sa santé mentale en dernier. L’expatriation n’est jamais une caricature de carte postale, il faut s’autoriser à vivre cette vie particulière pleinement, avec ses hauts et ses bas. Il y a beaucoup de moments durs: toujours recommencer à zéro, gérer les transitions, le bien-être des enfants qu’on déplace tout le temps, élever des TCK (third culture kids) bien dans leurs chaussures, trouver sa place encore et encore, faire face à la solitude des débuts, aux imprévus, aux rapatriements, au fréquent manque d’indépendance financière et de reconnaissance pour le « conjoint suiveur », se sentir coupable d’être loin de sa famille, de ses parents qui vieillissent…..et ne pas se sentir honteux de se sentir mal, d’affronter ce que l’on doit, même au « paradis », ne jamais oublier que c’est ok de dire « stop » ou juste « non », même si sur le papier nos vies font toujours rêver ceux qui ne les vivent pas.

Enfin, le viatique que nos lecteurs attendent : vos 3 meilleurs conseils, si vous n’en aviez que trois à donner ?....

Encore une fois, apprendre la langue du pays… en parlant de viatique, c’est pour moi le passeport indispensable : tout le monde en est capable, au moins assez pour se faire comprendre !

Ensuite pour moi cela a été rejoindre des groupes de femmes, surtout pas selon votre nationalité ou votre langue maternelle, mais selon vos centres d’intérêt : que vous travailliez ou non, pratiquez un sport, une passion, cultivez une curiosité culturelle, un instrument de musique, peu importe pourvu que vous le fassiez en groupe, c’est une porte d’entrée dans le pays ludique et riche ! Évidemment cela fonctionne aussi pour les hommes (rires).

Enfin cultiver votre « soi », la grande clé de mon adaptabilité, de ma flexibilité et au fond de mon bonheur trouvé en expatriation c’est d’avoir toujours eu ma vie à moi. De ne m’être jamais cantonnée à être uniquement la femme de- et la mère de-. Grace à cela, au fait que j’ai toujours cultivé mon jardin secret, repris des études, créé des projets, j’ai toujours eu ma propre identité, et cela a tout changé.

Pensez vous que l’on nait expat dans l’âme ou qu’on le devient ?

S’il s’agit de moi, je vous répondrais que je suis née expat avant de le devenir : née en expatriation j’ai accumulé 13 écoles non pas parce que j’étais particulièrement indisciplinée mais parce que nous bougions tout le temps !....Mais surtout née avec le désir et la curiosité de l’autre chevillée au corps… il parait qu’à 4 ans j’allais me balader dans l’immeuble sonner aux portes pour rencontrer les gens et me faire de nouveaux amis, au fond je n’ai pas changé (rires).

J’ai pensé qu’il fallait inventer un autre mot pour définir cette réalité qui ne correspondent plus vraiment au sens strict d’expatriation… oui on quitte sa « patrie » mais on en rencontre d’autres, et on n’est pas perpétuellement en transit, ce n’est pas tout à fait juste … Que diriez vous ?

Je chercherais un mot pour combiner la fois de l’aspect transitif du voyage, de la découverte et de l’aventure et celui de l’ancrage : on crée un foyer à chaque aventure, on plante ses racines à chaque voyage, on est jamais un touriste, toujours invité…. Quelque chose comme « translocalien » ? Se sentir local partout où on va !

"S'épanouir en expatriation" est disponible à télécharger sur Fnac livres 

 

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Publié le 6 décembre 2023, mis à jour le 7 décembre 2023

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