La première bibliothèque pour enfants livrée à domicile à Dubai
Derrière le projet de Sharing Stories il y a Lucie, une française vivant à Dubaï et en manque de livres, comme tant d’entre nous. L’éternel dilemme de l’expat: que rapporter dans sa valise, et que sacrifier pour y faire tenir 30 kilos de livres ?.... Bien entendu il existe des librairies et des bibliothèques francophones, et même des moyens toujours plus simples de commander en ligne, mais Lucie est mère de deux jeunes enfants et elle a vite cerné le problème : la rapidité à laquelle un livre est lu, aimé, épuisé, la difficulté d’identifier et choisir le « bon » livre, et une envie de répondre à ces besoins en simplifiant la vie des parents tout en intégrant une économie circulaire capable de donner une valeur ajoutée au livre échangé…. Ainsi est né « Sharing Stories », une histoire d’histoires partagées !
Lepetitjournal.com/dubaï : Qu’est-ce qui vous a poussée à vous lancer à plein temps dans ce projet de bibliothèque partagée ?
Lucie Wullschleger: La frustration (rires) ! J’ai deux enfants de moins de 4 ans, et je trouvais qu’en tant que parent travaillant avec des horaires intenses, l’offre de bibliothèques ou de librairies françaises à Dubaï ne me convenait pas : peu d’endroits, souvent excentrés, peu de choix, un classement traditionnel (alphabétique et non thématique) ce qui voulait dire qu’il fallait prendre le temps de s’y rendre, de chercher, de demander conseil etc…. Moi je viens du design donc j’ai un gros faible pour les histoires pour les plus jeunes qui sont souvent un mélange percutant entre un super graphisme et une histoire réussie, c’est un monde que j’adore et que je connais bien. J’ai aussi travaillé beaucoup dans le marketing et l’e-commerce, avec des horaires et des rythmes de travail très intenses (qui ne me laissaient que la période de Ramadan où tout se ralentit, pour pouvoir réfléchir un peu à ce projet !). Et enfin j’avais souvenir enfant d’avoir participé en France à des « groupes de lecture » où des familles se réunissaient pour partager leurs livres, un système convivial mais très artisanal et à petite échelle, et qui pouvait certainement être amélioré et adapté à la vie de Dubaï.
Avec toutes ces composantes, ces contraintes et ces envies vous décidez d’apporter une nouvelle façon d’envisager l’accès des familles aux livres pour enfants ?
Oui, il ne s’agit pas de concurrencer les libraires, mais vraiment d’enrichir une offre. Le point sans doute le plus important pour moi dans ce concept de « partager les histoires » c’est le fait que du partage naît une valeur ajoutée : le livre a plusieurs vies, il s’enrichit d’avoir été aimé, il se retrouve classé dans plusieurs catégories ou des dizaines de familles peuvent à nouveau le choisir, le lire, l’aimer et le recommander. D’autre part je suis super sensible au fait de devenir un maillon d’une économie circulaire : Un livre n’est pas fait pour être lu une seule fois, mais des dizaines voire des centaines ou des milliers de fois !
Comment cela fonctionne ?
Vous souscrivez un abonnement qui vous donne accès à 6 livres, ces ouvrages seront livrés chez vous, et vous les avez à disposition durant une période de 4 semaines. Vous pouvez choisir de nous laisser préparer votre « panier » selon vos critères (âge, langue, thème etc.) ou bien sélectionner sur notre catalogue en ligne ceux qui vous intéressent. Les échanges ont lieu le weekend pour que vous puissiez réceptionner le colis en famille, et si vous avez le coup de cœur pour un des livres choisis vous pouvez aussi l’acheter à travers nous… Enfin tous les ouvrages pour les moins de deux ans sont désinfectés avec des produits doux respectueux des petits, et tous les autres suivent la règle de la American Library Association, qui préconise comme moyen de désinfection idéal une quarantaine de 72 heures minimum pour chaque ouvrage emprunté. Bien sûr on comprend que certains livres peuvent être abimés à l’usage (de même que nos clients comprennent qu’ils reçoivent des livres usagés), et si vraiment un livre en votre possession n’est plus réutilisable on vous propose de le racheter pour moins de 20 dirham….
Comment vous êtes-vous lancée?
J’ai commencé tout petit avec un, puis deux ou trois clients, un petit catalogue partagé sur whatsapp… Sharing Stories a vraiment une croissance organique, ce qui me rassure toujours sur le fait que je réponds effectivement à un besoin fort ! Je suis toujours enthousiaste de rencontrer d’autres parents qui souhaitent participer ou enrichir notre catalogue de langues : c’est comme ça que nous proposons aussi désormais des livres en Russe, alors qu’au départ je n’ai aucune connaissance dans ce domaine ! Mais j’ai vraiment commencé avec un site et un réseau minuscule ! Aujourd’hui j’en suis à un catalogue de 2000 livres, encore tous stockés chez moi : j’ai fait le calcul cela représente 4 bibliothèques pleines…. Mais je vous rassure je vais aujourd’hui justement visiter un entrepôt pour envisager de stocker « hors mes murs » ! (rires) ces 2000 livres que je classifie moi-même un à un….
C’est un travail de fourmis ! Mais j’imagine que c’est aussi votre touche personnelle, le côté artisanal de Sharing Stories auquel vous tenez ?
Oui mais je suis rapide, moins de 5’ par livre (rires) et le côté artisanal reste effectivement pour moi une vraie valeur ajoutée propre à Sharing Stories, par rapport à une bibliothèque traditionnelle… ce que la dimension digitale apporte en mettant en ligne des produits de seconde main c’est de permettre au client de trouver un livre selon ses besoins avec différentes entrées : Par exemple un livre pour les enfants de 4 ans qui parle d’ours et d’apprentissage de la propreté va se trouver classé dans plusieurs catégories selon l’auteur, l’illustrateur, la thématique des ours, la thématique pédagogique abordée etc… on a aussi une catégorie « livres favoris » et « nouveautés ». Finalement Sharing Stories c’est mettre à la disposition de tous le produit de nos recherches et de nos coups de cœur de chine et de brocante, mais efficace, facile et adapté à notre société multilingues et à mille à l’heure.
Comment imaginez-vous faire grandir Sharing Stories ?
J’en suis à un stade ou après avoir soigneusement planté une graine je vois sortir deux petites feuilles… mais je ne sais pas encore si ça va devenir un tournesol, un potiron ou un Baobab (rires) ! Plus sérieusement je suis en train de développer trois choses : le « B to B » en m’adressant aux nurseries et aux écoles, et c’est magnifique car le projet est reçu avec beaucoup d’enthousiasme : je viens de démarrer un partenariat avec Blossom Nurseries et c’est très excitant car les retours des maitresses sont très positifs ! Pouvoir présenter Sharing Stories lors des journées de la Francophonie ou des Library Days dans diverses écoles est une opportunité fantastique, encore une fois nous ne concurrençons pas les libraires traditionnelles, c’est juste une offre vraiment différente et complémentaire.
L’autre point qui se développe c’est la variété des langues offertes : j’ai commencé tout simplement avec celles que je maitrise (l’anglais et le français), mais j’ai aujourd’hui grâce à ma partenaire Marina Gresser, un groupe de parents Russes qui me fournit toute une bibliothèque, je suis en recherche active de livres en Arabes et je recherche également à ouvrir notre catalogue à l’Italien et l’Espagnol qui sont très demandés : d’ailleurs si parmi vos lecteurs il existe des familles bilingues, n’hésitez pas si l’aventure vous tente contactez moi !
Puis pourquoi pas dans un deuxième temps élargir notre catalogue aux plus de 10 ans : des romans pour ados, des romans graphiques, des BDs…? Aujourd’hui Sharing Stories enregistre un client nouveau par jour, ma petite pousse verte grandit vite (rire) et j’ai envie de lui offrir le volume nécessaire pour être solide (grâce aux partenariats écoles, nurseries etc.) et développer son efficacité (grâce à un entrepôt, une meilleure gestion du « pick/pack/drop » etc…) tout en gardant et en affinant le côté artisanal et personnalisé qui est vraiment le cœur de ce projet….
Je voudrais que grâce à Sharing Stories toutes les familles expatriées de Dubai aient un accès simple, confortable, ludique, et surtout attractif aux livres que leurs enfants ont vraiment envie de lire, sans se poser la question du « trop cher, trop lourd, trop loin
Contact :
Pour en savoir plus et passer commande c’est ici
Si vous avez des livres dont vous n’avez plus l’usage contactez directement Lucie par Whatsapp : +971 50 650 7548, en particulier en Arabe, Italien ou Espagnol mais aussi bien entendu en Français et Anglais !