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DISPARITION – Lucie Aubrac, résistante à vie

Lucie Aubrac s'est éteinte mercredi à l'âge de 94 ans. Symbole féminin de la résistance française, elle considérait qu'il fallait se battre pour la liberté, autant en temps de guerre qu'en temps de paix

Lucie Aubrac s'est battue toute sa vie pour garder sa liberté. (photo AFP)

"Ne rien faire, c'est laisser faire". Lucie Aubrac a gardé cette maxime en tête toute sa vie, à ses risques et périls.
La grande résistante est décédée. Elle s'en est allée à l'âge de 94 ans mercredi soir à l'hôpital suisse de Paris à Issy-les-Moulineaux. C'est son mari, avec qui elle venait d'écrire un texte sur la présidentielle, qui a annoncé sa mort.
50 ans après la deuxième guerre mondiale, Lucie Aubrac avait conservé cet esprit critique face aux maux de notre société et parcourait la France pour montrer aux jeunes que la résistance ne se limite pas aux périodes de guerre. Résister, refuser, défendre sa liberté, en temps de paix le vote confère cette chance à tous, estimait-elle?

D'une nature engagée
Née en 1912 dans une famille de vignerons bourguignons, la jeune Lucie n'était pas du genre à se laisser marcher sur les pieds. Elle a intégré l'École normale mais préférait laisser l'uniforme au placard et faire la nique aux exigences de l'internat. Lucie Bernard, de son nom de jeune fille, était d'un tempérament débrouillard. À 17 ans elle faisait la plonge dans un restaurant de Paris pour gagner sa liberté. Plus tard elle distribuait des journaux communistes et se battait pour la condition féminine. C'est à Strasbourg qu'elle a été nommée professeur et qu'elle rencontre son mari, Raymond Samuel alors ingénieur des Ponts et Chaussées. Face au régime de Vichy instauré en 1940, le couple a trouvé refuge dans la résistance où ils ont troqué le nom de Samuel contre celui d'Aubrac. Du refus de l'embrigadement à l'anti-conformisme, les Aubrac ont fait de cette guerre leur combat contre l'abrutissement des masses.
En 1943, Raymond Aubrac et Jean Moulin ont été enlevés par la Gestapo à Caluire. Lucie Aubrac loin d'être intimidée, a refusé de laisser son mari aux mains des tortionnaires. À la tête d'un commando armé, elle a mené une opération militaire et a réussi à le libérer avec une dizaine d'autres résistants. Recherchée, elle a gagné Londres le 8 février 1944 avec son petit garçon Jean-Pierre pour accoucher quatre jours plus tard d'une fille, Catherine.

Pas de retraite
Après la guerre, elle a refusé la carrière politique qui s'offrait à elle pour reprendre ses activités d'enseignante et de femme engagée, notamment auprès d'Amnesty International. Lucie Aubrac a été une vraie rebelle du XXe siècle. Le réalisateur Claude Berri lui a d'ailleurs rendu hommage en 1997 en offrant son rôle à Carole Bouquet.
Brillante, débrouillarde, combative et humble, l'histoire de Lucie Aubrac donne aujourd'hui encore de véritables leçons de vie.
Ophélie GIMBERT. (
www.lepetitjournal.com) vendredi 16 mars 2007

NouvelObs, "Pour un autre Programme",par Lucie et Raymond Aubrac
Le Monde, Lucie Aubrac, héroïne de la Résistance

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