

Le Conseil constitutionnel ivoirien a révoqué les résultats de l'élection présidentielle donnant vainqueur le candidat de l'opposition, Alassane Ouattara.Mais Laurent Gbagbo n'est pas prêt à lâcher prise. Redoutant de nouvelles violences, les frontières de Côte d'Ivoire ont été fermées
Le centre-ouest et le centre-est ont été la cible de violences après le premier tour du scrutin (Seyllou - AFP)
Les résultats du second tour de l''élection présidentielle ivoirienne du 28 novembre dernier, scrutin crucial pour l'avenir du "pays des éléphants", viennent de tomber. La Commission électorale indépendante (CEI) a annoncé hier soir l'opposant Alassane Ouattara vainqueur avec 54,1% des voix, contre 45,9% des suffrages attribués au président sortant Laurent Gbagbo. Seul hic : la CEI a communiqué ses chiffres après le délai imparti.
Des résultats ? dans 7 jours
Une heure à peine après l'annonce des résultats, le Conseil constitutionnel a immédiatement rejeté les résultats. Le président du Conseil, Paul Yao N'dré, un proche de Laurent Gbagbo, a expliqué que le CEI avait failli à ses obligations et n'était en conséquence "plus à même de décider quoi que ce soit". "Les résultats provisoires n'ont pas de validité juridique" puisque la CEI est allé au-delà du délai imposé de 72 heures, a renchéri le directeur de campagne du président sortant. Le Front populaire ivoirien (FPI), parti de Gbagbo, évoque d'ailleurs des fraudes électorales dans le nord du pays, fief d'Ouattara. L'opposition parle, elle, de pressions sur la CEI, pour que les résultats ne soient pas publiés à temps. Le Conseil constitutionnel a annoncé qu'il étudierait tous les litiges et que les résultats définitifs seront communiqués dans une semaine.
Le pays fermé
La situation est donc très tendue en Côte d'Ivoire où l'on redoute de nouvelles violences entre les deux camps. Dans la nuit de mercredi à jeudi, des hommes armés ont attaqué une permanence d'Alassane Ouattara située à Abidjan. Au moins huit personnes sont mortes et une quinzaine de personnes ont été blessées. D'autres incidents ont éclaté alors que des partisans d'Alassane Ouattara fêtaient la victoire de leur leader. L'armée a déclaré hier soir la fermeture des frontières du pays. "Les frontières aériennes, terrestres et maritimes du pays sont fermées à tout mouvement de biens et de personnes à compter de ce jour, 2 décembre 2010 20h00 et jusqu'à nouvel ordre", a déclaré le porte-parole de l'armée, Babri Gohourou, à la télévision ivoirienne. Le couvre-feu (19h à 6h) instauré par décret présidentiel a été étendu jusqu'au dimanche 5 décembre. La diffusion des chaînes d'information étrangères, dont France 24, a également été suspendue. Le Quai d'Orsay précise que "les vols d'Air France du jeudi 2 et vendredi 3 décembre sont annulés" et qu'il "est préférable, dans la mesure du possible et sauf motif impérieux, de différer les voyages vers la Côte d'Ivoire."
Gbagbo s'accroche
Le possible futur président de Côte d'Ivoire, Alassane Ouattara a appelé publiquement au calme, au "rassemblement" et à "la paix". Il a rappelé à son "frère", Laurent Gbagbo, leur "engagement commun à respecter les résultats proclamés par la CEI". Le représentant de l'opposition ivoirienne a promis de former "un gouvernement d'union". Mais Laurent Gbagbo ne semble pas prêt à accepter sa défaite. La tenue de l'élection présidentielle avait ainsi été maintes fois reportée alors que le mandat du président s'achevait normalement en 2005. Le leader du puissant FPI avait mis tous les moyens de son côté pour remporter cette élection. Il sera donc très difficile pour lui d'admettre de se retrouver dans l'opposition même si celle-ci obtient quelques portefeuilles ministériels. Laurent Gbagbo en veut toujours à Alasanne Ouattara, alors Premier ministre de Félix Houphouët-Boigny, de l'avoir fait arrêter et mis en prison en 1992. Après une décennie de tensions politiques, les Ivoiriens en sont toujours au même point : ils attendent.
Damien Bouhours (www.lepetitjournal.com) vendredi 3 décembre 2010
En savoir plus
Article du Figaro, Côte d'Ivoire : les résultats de la présidentielle invalidés
Article du JDD, Côte d'Ivoire: Résultats invalidés, frontières fermées








































