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Voyage au centre de Copenhague avec… Jules Verne !

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Elisabeth Tinseau
Écrit par Elisabeth Tinseau
Publié le 24 juin 2020, mis à jour le 12 novembre 2023

Peut-être la période estivale sera-t-elle propice à la relecture des classiques de la littérature française ?

Dans son célèbre roman Voyage au Centre de la Terre, Jules Verne nous fait découvrir le Copenhague des années 1860.

Découvrez, vous aussi, Copenhague et sa région à travers les yeux de Jules Verne, au travers des extraits de son livre. Partez à la découverte de ces endroits si emblématiques de Copenhague et n´hésitez pas à vérifier par vous-même s´ils existent toujours !

 

Voyage au Centre de la Terre, un genre littéraire nouveau

Le XIXe siècle est le siècle des grands romans et des grands romanciers, dont Jules Verne. A partir de la seconde moitié du XIXe siècle, les sciences d´observation, la physique, l´histoire naturelles sont très à la mode en France. Cette tendance se retrouve dans les romans qui deviennent plus réalistes. Jules Verne se sert des découvertes des savants de son époque et crée un genre littéraire nouveau : le roman scientifique d´anticipation. Grâce à ses romans, il nous fait voyager dans le monde entier, sur les différents continents, en mer…; il nous entraine également dans des mondes mystérieux et inaccessibles. Cependant, la plupart du temps, il ne se rendait pas sur place.  Mais pour son célèbre roman, il semble qu´il en est été autrement. Jules Verne nous propose, en effet, une plongée dans le Copenhague des années 1860, lors d´une escale, avant de rejoindre l´Islande en bateau, à bord d´une petite goélette danoise, La Valkyrie, en remontant le détroit de l´Øresund, les côtes norvégiennes et en passant non loin des îles Feroë.

 

Escale au Danemark

En 1863 le minéralogiste allemand Lidenbrock trouva une voie qui menait à l´intérieur de la Terre en passant par un volcan. Il se lança alors, avec son neveu, dans une expédition fantastique dont le point de départ était l´Islande et descendit dans un monde fabuleux en empruntant le cratère du volcan au nom imprononçable Snæfellsjökull. En se rendant en Islande, le professeur et son neveu font escale à Copenhague.

Alors que ces personnages et cette histoire ont été inventés par Jules Verne, la description de Copenhague est si réaliste dans son célèbre roman Voyage au Centre de la Terre, qu´elle donne l´impression que Jules Verne est certainement venu lui-même dans cette ville ! Qui plus est, le directeur du Musée des Antiquités nordiques dont il est question, est le fidèle portrait de Christian Jürgensen Thomsen, célèbre archéologue danois, que Jules Verne a certainement rencontré en personne.

 

Sur les traces de Jules Verne à Copenhague. Extraits du livre Voyage au Centre de la Terre, paru en librairie en 1864

 

«[...] Enfin, à dix heures du matin, nous prenions pied à Copenhague; les bagages furent chargés sur une voiture et conduits avec nous à l´hôtel du Phoenix dans Bredgade. Ce fut l´affaire d´une demi-heure car la gare est située en dehors de la ville. Puis mon oncle, faisant une toilette sommaire, m´entraîna à sa suite. Le portier de l´hôtel parlait l´allemand et l´anglais; mais le professeur, en sa qualité de polyglotte, l´interrogea en bon danois, et ce fut en bon danois que ce personnage lui indiqua la situation du Muséum des Antiquités du Nord.

Le directeur de ce curieux établissement où sont entassées des merveilles qui permettraient de reconstruire l´histoire du pays avec ses vieilles armes de pierre, ses hanaps et ses bijoux, était un savant, l´ami du consul de Hambourg, M. le professeur Thomson. 

Mon oncle avait pour lui une chaude lettre de recommandation. En général, un savant en reçoit assez mal un autre. Mais ici ce fut tout autrement. M. Thomson, en homme serviable, fit un cordial accueil au professeur Lidenbrock et même à son neveu [...]. M. Thomson se mit entièrement à notre disposition et nous courûmes les quais afin de chercher un navire en partance. [...]

Nous nous rendîmes à Kongens-Nye-Torw, place irrégulière où se trouve un poste avec deux innocents canons braqués qui ne font peur à personne. Tout près au numéro 5, il y avait une « restauration » francaise, tenue par un cuisinier nommé Vincent ; nous y déjeunâmes suffisamment pour le prix modéré de quatre marks chacun (2 francs 75 centimes environ).

Puis je pris un plaisir d´enfant à parcourir la ville ; mon oncle se laissait promener; d´ailleurs il ne vit rien, ni l´insignifiant palais du roi, ni le joli pont du XVIIe siècle, qui enjambe le canal devant le Muséum, ni cet immense cénotaphe de Torwaldsen, orné de peintures murales horribles et qui contient à l´intérieur les œuvres de ce statuaire, ni, dans un assez beau parc, le château bonbonnière de Rosenborg, ni l´admirable édifice renaissance de la Bourse, ni son clocher fait avec les queues entrelacées de quatre dragons de bronze, ni les grands moulins des remparts, dont les vastes ailes s´enflaient comme les voiles d´un vaisseau au vent de la mer. [...]

Cependant, si mon oncle ne remarqua rien de ces sites enchanteurs, il fut vivement frappé par la vue d´un certain clocher situé dans l´île d´Amak [Amager], qui forme le quartier sud-ouest de Copenhague.

Je reçus l´ordre de diriger nos pas de ce côté ; je montais dans une petite embarcation à vapeur qui faisait le service des canaux, et, en quelques instants, elle accosta le quai de Dock-Yard.

Après avoir traversé quelques rues étroites où des galériens, vêtus de pantalons mi-partie jaunes et gris, travaillaient sous le bâton des argousins, nous arrivâmes devant Vor-Frelsers-Kirk. Cette église n´offrait rien de remarquable. Mais voici pourquoi son clocher assez élevé avait attiré l´attention du professeur : à partir de la plate-forme, un escalier extérieur circulait autour de sa flèche et ses spirales se déroulaient en plein ciel. [...]

Tant que nous fûmes emprisonnés dans la vis intérieure, tout alla bien ; mais après cent cinquante marches, l´air vint me frapper au visage, nous étions parvenus à la plate-forme du clocher. Là commençait l´escalier aérien, gardé par une frêle rampe, et dont les marches, de plus en plus étroites, semblaient monter vers l´infini. [...]

Force fut de le suivre en me cramponnant. Le grand air m´étourdissait ; je sentais le clocher osciller sous les rafales ; mes jambes se dérobaient ; je grimpai bientôt sur les genoux, puis sur le ventre ; je fermais les yeux ; j´éprouvais le mal de l´espace.

Enfin mon oncle me tirant par le collet, j´arrivai près de la boule.

« Regarde, me dit-il, et regarde bien! Il faut prendre des leçons d´abîmes »

J´ouvris les yeux. J´aperçus les maisons aplaties et comme écrasées par une chute, au milieu du brouillard des fumées. Au-dessus de ma tête passaient des nuages échevelés, et, par un renversement d´optique, ils me paraissaient immobiles, tandis que le clocher, la boule, moi, nous étions entraînés avec une fantastique vitesse. Au loin, d´un côté s´étendait la campagne verdoyante, de l´autre étincelait la mer sous un faisceau de rayon. Le Sund se déroulait à la pointe d´Elseneur, avec quelques voiles blanches, véritables ailes de goéland, et dans la brume de l´est ondulaient les côtes à peine estompées de la Suède. Toute cette immensité tourbillonnait à mes regards.[...]

Le jour du départ arriva. [...] Quelques instant plus tard, la goélette [...] appareilla et donna à pleine toile dans le détroit. Une heure après, la capitale du Danemark semblait s´enfoncer dans les flots éloignés et la Valkyrie rasait la côte d´Elseneur. Dans la disposition nerveuse où je me trouvais, je m´attendais à voir l´ombre d´Hamlet errant sur la terrasse légendaire. [...]

Mais rien ne parut sur les antiques murailles. Le château est, d´ailleurs, beaucoup plus jeune que l´héroïque prince du Danemark. Il sert maintenant de loge somptueuse au portier de ce détroit du Sund, où passent chaque années quinze mille navires de toutes les nations.

Le château de Kronborg disparut bientôt dans la brume, ainsi que la tour d´Helsingborg, élevée sur la rive suédoise, et la goélette s´inclina légèrement sous les brises du Cattegat. [...]

Vers le soir la goélette doubla le cap Skagen à la pointe nord du Danemark, traversa la nuit le Skager-Rak, longea l´extrémité de la Norvège par le travers du cap Lindness et donna dans la mer du Nord. [...] »

 

 

Nous espérons que ces courts extraits vous donneront l´envie de lire l´ouvrage entier ! Bonne lecture estivale

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