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La multiplication des anges à Copenhague

anges Copenhague sculpture anges Copenhague sculpture
©Violaine Caminade de Schuytter
Écrit par Violaine Caminade de Schuytter
Publié le 28 juillet 2021, mis à jour le 1 octobre 2021

Copenhague n’est pas que la cité de la sirène. Il est probable que, quand elle était trop prise d’assaut par les touristes, elle rêvait, quant à elle, de s’échapper à tire-d’aile. Le repos dont elle jouit depuis quelques mois lui fait-il regretter sa célébrité d’antan ? Les statues sont probablement plus raisonnables que les humains et moins contradictoires, pétrifiées dans leur sort défini une fois pour toutes, ainsi ne sont-elles pas écartelées entre diverses aspirations.

 

Au musée de la musique de Fredericksberg, on trouve un modèle de harpe à double mouvement décoré de sirènes ailées. Elle est signée : ”Erard Facteurs de Pianos et Harpes du roi et des Princesses. 13.21 Rue du Mail Paris. Erard par brevet d’Invention 1350”.

 

harpe anges ailées Copenhague musée musique
Musikmuseet, MMCCS 1981-8 ©Violaine de Schuytter


Mais au fait, qui donc détient le brevet d’invention de l’ange ? Dieu, me dira-t-on ? Peut-être ! Je laisse à chacun sa croyance. Il est du moins immémorial. L’ange désacralisé circule dans tous les domaines. Est-ce la nostalgie d’un monde ayant du sens ? Bien que paganisé parfois, il semble véhiculer une spiritualité qui refuse d’être étouffée par l’absurde et s’émancipe de ses origines pour relayer un message positif, qui n’en a pas besoin ?

Voici que je me lance en l’honneur des 20 ans du Petit journal le défi de réunir 20 anges dans une ville qui n’en manque pas, c’est peu dire que mon mérite est faible.... Car la ville est le produit d’un syncrétisme, superpose couche religieuse à couche laïque, couche élitaire à populaire et brasse le tout. Voici donc une petite sélection parmi d’autres possibles.

L'église de la Trinité construite au XVIIème siècle, qui sert jusqu'à aujourd'hui d'église à l’université, abrite de nombreux anges, on est en plein baroque.

 

église Trinité Copenhague
©Violaine de Schuytter


Autour de l’autel ce n’est rien moins que 10 anges toutes espèces confondues (n’est-ce pas un peu tricher 10 d’un coup?) qui composent le foisonnement coloré de l’aura divine. Voilà qui fait d’emblée exploser mon compteur. Alors abandonnons vite cette manne trop providentielle pour être honnêtement spirituelle, un peu plus de dépouillement ne sied-t-elle pas à la révélation. Sortons pour laisser le champ libre à l’inespéré du miracle qu’on attend, qu’il porte le nom de hasard ou de coïncidence.

A la David collection, qui comprend une des plus riches collections d’art islamique au monde, j’avais été autrement sensible à un ange aux ailes colorées. Qu’il soit islamique m’a paru énigmatique, comme si je m’étais trompée de culture.

 

ange Islam David Collection Copenhague
©Violaine de Schuytter


Je sollicite le musée pour en apprendre davantage sur cette figure : c’est l’ange du verso d’une page de manuscrit qui, au recto, se démultiplie avec une inquiétante étrangeté. Sur cette miniature iranienne, l’Ange Gabriel montre donc du doigt un ange gigantesque qui, lui-même désigne un ange à 70 têtes.

David Collection anges islam
“The David Collection, Copenhagen” inv. no. 14/2012, ©Pernille Klemp

 

Le manuscrit recourt à l’alphabet ouïgour, qui était celui utilisé en Asie centrale Timouride. Il s’agit d’une copie d’un manuscrit, « Les chemins du Paradis », qui daterait de 1437. Celui-ci est à présent conservé à la Bibliothèque nationale de Paris. On croit donc à tort que le Coran interdit de représenter le visage humain. Mais il n’en est rien et très tôt les musulmans, quand ils ne jetaient pas l’opprobre sur la représentation humaine comme idolâtre, ont passé commande d’objets, de peintures ornées de visages. Pourtant même si les anges chrétiens et musulmans se ressemblent, ils ont encore du boulot pour qu’entre religions, les hommes se fassent bonne figure.

D’emblée laissons aussi un peu de place à celui qui n’est pas attendu, et pour cause puisqu’il est étranger à Copenhague ! Il me plaisait déjà quand les anges ne m’attiraient pas plus que ça : il s’agit de celui de Saint-Germain-en-Laye près de la bibliothèque. On me pardonnera ce petit pas de côté avant d’entrer plus avant dans la danse des anges danois.

ange Saint-Germain-en-Laye
©Violaine de Schuytter


Les anges, on ne les voit pas toujours du premier coup, ils se méritent...ou pas. Si on monte les marches de la tour à l’église de Notre Sauveur, on peut en apercevoir un, paraît-il. Mais je n’ai rien vu ou je ne m’en souviens pas. Cette tête d’ange visible sur internet ne me fait ni chaud ni froid, ne me procure aucune émotion alors que je garde en revanche vivace le souvenir du vertige qui gagne lorsqu’on s’élève vers le sommet. C’est donc à proprement parler une rencontre manquée. Mais il n’est pas toujours nécessaire de grimper pour se retrouver nez-à-nez avec un ange. Parfois même vaut-il mieux rester terre-à-terre. Et ils sont légion au cimetière (Assistens).

 

cimetière Assistens Copenhague ange
©Violaine de Schuytter

Cet ange accompagné de son ombre : est-ce que ça compte double ? Il s’appuie à la croix avec la mélancolie de qui ne minore pas le supplice enduré... et se sent bien impuissant. Il m’attendrit à chaque passage. On a envie de lui donner un petit coup de pouce. Dans un cimetière on est toujours un peu en porte-à-faux, a fortiori quand on est étranger, d’autant que tout nous administre la leçon d’un compte à rebours alors les anges, qui nous parlent indirectement de résurrection, sont plus que bienvenus. Sauf qu’au Danemark les cimetières sont doublement repeuplés, lieux de déambulation, de retrouvailles, ils réconcilient indéniablement les morts et les vivants. Tout un chacun s’y sent bien et à sa place, c’est dire. Ces papillons relayent quant à eux avec légèreté leur message funèbre ou vital, comme l’on voudra. Et si rien n’était si dramatique ? Laissons s’écouler le sable et les anges passer à leur aise pour relativiser nos tracas et nos chagrins. 

 

ange tombe cimetière Copenhague
©Violaine de Schuytter

L’ange se prête au symbole, à l’envol, à la rêverie, il est oecuménique, sacré et laïc, on le trouve dans les églises comme en vente à Tivoli sous la forme de colifichets, de décorations de pacotille, à accrocher ici ou là. En revanche cet ange, solidement fixé à la façade de la Glyptothèque, prisonnier de son mur, aurait besoin du renfort d’autres ailes pour réussir à s’échapper.

ange Copenhague Glyptothèque
©Violaine de Schuytter


Il est escorté d’un petit animal bien danois : une autre créature ailée qui lui fait concurrence en miniature, occasion pour moi de mettre à jour mes connaissances animalières et de savoir distinguer la chouette du hibou couronné d’aigrettes, d’autant que j’ai jeté mon dévolu sur une assiette Royal Copenhagen avec chouette, modèle de 1974. Tant qu’à goûter une « danoiserie », autant que ce ne soit pas du bout des doigts mais en grande pompe et en sage compagnie, c’est déjà plus
raisonnable ! Dans la série traditionnelle on peut également trouver l’ange bien sûr, mis à contribution décorative. Mais là, l’ange, non pas mis en boîte mais en assiette, c’est le pompon du mauvais goût. J’en connais qui face à mon récent emballement de collectionneuse d’assiettes « kitsch » poussent des cris d’orfraie (mot, qui étymologiquement signifie « briseur d’os », mon service l’a échappé belle !).
 

ange assiette Royal Copenhagen
Détail assiette Royal Copenhagen ©Violaine de Schuytter

 

Mais la chouette volette aussi ailleurs comme un cachet d’authentique sagesse. Comme sur ce médaillon d’un enfant abandonné sur l’épaule d’un ange maternel. C’est au numéro 3 de Sankt Knuds Vej que je l’ai vu pour la première fois : 

 

ange Copenhague
Médaillon cimetière ©Violaine de Schuytter

Je découvrirai au cimetière où le motif se répète comme des petits cailloux qu’il n’y a pas qu’un mais deux enfants. Et quand on le voit en gros plan, pas de doute : ils ont l’air plus que bien.

Certaines tombes plus contemporaines donnent parfois lieu à un rassemblement. On n’est pas égal face à la mort en fonction de la vie menée. Ainsi devant celle de la rappeuse Natasja Saad manifestement très appréciée, un groupe de fans lui rend un culte joyeux et quand je demande qui elle était, l’un d’eux s’exclame : « she was so cool ! ». Peut-on en dire autant d’une Carla Bruni, qui met en garde dans sa chansonnette « Un ange » : « Gare à ne pas tomber amoureux ! ». Faut-il la croire sur parole ? Peter Falk dans Les Ailes du désir (1987) de Wenders reconnaissait l’ange Damiel comme sur écoutes : « Je ne vous vois pas, mais je sais que vous êtes là », reconnaissance qui poussait ce dernier las de sa condition à faire « le grand plongeon » en tombant dans sa propre mortalité et en volant au secours de la jolie trapéziste. Mais trêve d’allusion cinématographique, regagnons notre ville danoise dont on s’efforce ici de ne pas ternir la réputation angélique.

anges Copenhague
©Violaine de Schuytter


Dans l’ombre, il faut reconnaître que même un ange est un peu lugubre. Mais qu’un rayon de soleil l’enrobe et la confidence se fait douce. On prête alors intérieurement l’oreille à ce murmure apaisant. Ces deux-là, dont les contours s’estompent un peu, sont bien polis (par le temps ?) et se tiennent compagnie, sans malice. La bonté qui émane d’eux interdit tout vil persiflage, toute médisance déplacée à l’égard des pauvres mortels qui ignorent ce qui les attend. Mais l’aveuglement n’est pas le monopole des humains puisque sur une peinture allégorique de l’Université (Frue Plads 4) un petit ange a le visage obscurci comme par l’ombre des bienfaits que répand sous forme de roses une femme ailée sereinement souveraine.

 

femme ange Copenhague
 Femme aux roses et petit ange ©Violaine de Schuytter

 

Aux alentours du cimetière Assistens se dresse Hellig Kors Kirke. A supposer qu’un oiseau se soit arrogé le droit d’entrer, vous profitez de cette intrusion naturelle pour vous glisser dans l’enceinte car les portes étaient ouvertes afin que l’oiseau pût s’échapper quand las d’avoir tourné il chercherait à regagner un lieu moins clos mais ça vous ne l’apprenez qu’après, pour l’instant vous vous contentez d’entrer sur la pointe des pieds, en retenant votre souffle, pas d’office en cours, le champ est libre...l’église déserte. Alors on s’assoit. La dernière fois c’était pour un concert de Noël, avant les vagues de la covid. Les lustres sont surmontés d’un ange que je n’avais alors pas vu, accaparée par le spectacle des instruments et des joueurs amateurs, joliment endimanchés. Mais là c’est une autre mélodie par laquelle je me laisse bercer : la cacophonie plaisante et joyeuse des petits de l’école voisine qui s’ébattent dans la cour de récréation et dont le chahut parvient en sourdine. A tout prendre, ces petits anges bien réels sont tout aussi magiques que cet ange trop haut perché, et ce, soyons honnête, d’autant que leur bruit assourdi n’exige rien de l’auditeur, aucune intervention requise (ouf !). Un bruit de pas m’alerte, destiné à me prévenir qu’il ne convient pas de s’adonner à la méditation plus que de raison. En effet un homme, qui n’a rien d’un cerbère, va et vient et je comprends que cette halte bénie doit prendre fin : n'abusons donc pas de ce moment rare et regagnons l’espace profane de la rue.

Autre plafond, autre spectacle. Sur celui du passage couvert jouxtant le Théâtre Royal danois, passage nommé August Bournonvilles (du nom d’un danseur d’origine française qui y fut maître de ballet), Ejnar Nielsen compose dans les années 1930 une vaste mosaïque. Si, en général, vous n’aimez pas comme moi les chérubins, angelots trop en chair - je les trouve bien mièvres - ceux qui figurent sur ce fragment trouveront peut-être grâce à vos yeux.

 

mosaïque ange Copenhague
Fragment de mosaïque ©Violaine de Schuytter

 

Le théâtre que je finis par consulter me répond qu’il s’agirait de Blanche Neige (selon - me dit-on - l’historien d’art Ole Nørlyng). Je n’imaginais pas celle-ci à demi-nue ! C’était occulter l’impudeur danoise, bien qu’un voile délicat recouvrît ce corps de conte ! En dessous, rien de moins qu’un petit elfe de lumière sur un cygne pour compléter l’envol. Peu importe en définitive, me voici prise et conquise au filet de cette naïveté presque enfantine qui, employons un mot rare pour l’occasion, « séraphise » la jeune femme. Et pourtant, à en croire l’expression de son visage, elle semble peinée de son ravissement ; est-ce car cette fragile poupée de mosaïque n’est faite que de verre, fût-il de Venise ? Contentons-nous de passer donc, comme y invite le lieu.

ange assis Copenhague
Artiste ange assis ©Violaine de Schuytter

Cet ange artiste au pinceau semble exercer lui aussi un travail délicat ....Il se repose pour l’éternité et prend ses aises. L’inspiration sans date butoir pour rendre sa copie est-elle si souhaitable, n’est-ce pas la promesse à coup sûr de se noyer dans l’indicible ? Il est assis, ce qui n’augure pas d’un résultat séance tenante. Et quand tout un chacun est debout, si non couché, c’est presque inconvenant.....ou bien au contraire le signe irréfutable de la sagesse, à l’instar d’un plus moderne voisin ?

 

ange bouddha cimetière Copenhague
Bouddha ©Violaine de Schuytter

 

Ce bouddha invite en effet généreusement à la paix partagée. Si l’on ne voit pas ses ailes, c’est qu’elles sont invisibles ! Morten Lindberg mieux connu sous le nom de Master Fatman était végétarien et cultivait son image d’homme gros en réaction à la dictature de la minceur. Les valeurs qu’il prônait étaient non matérielles, et sa statue massive respire la sérénité et attire les témoignages de reconnaissance. La sagesse ne s’impose pas de façon doctrinale mais par l’exemple comme tout un chacun sait. Entrons-nous bien ça dans le crâne, une bonne fois pour toutes !

 

ange Copenhague
Ouvrier zélé ©Violaine de Schuytter


Au numéro 30 de Hermodsgade, un ange sculpte avec zèle. Mais un esprit mal tourné pourrait imaginer qu’il donne des coups et tape. J’ai d’abord pensé à un ouvrier valorisé comme à l’ère du stakhanovisme, dans une usine quelconque qui essuierait les plâtres d’une idéalisation idéologique. Le marteau fait songer à la faucille, symbole utilisé pour représenter le communisme léniniste. J’en viens à me dire plus vraisemblablement qu’il s’agissait peut-être d’une usine de statues pour cimetières. Non, décidément pourquoi toujours ramener tout Copenhague à ce cimetière, y compris quand on semblait prendre le large ? C’est une manie, me dira-t-on. Suivons plutôt le fil de Lénine, cet « ange exterminateur », Lénine dans une vitrine d’un atelier de Norrebro, Prins Jørgens Gade 14B, avec une mine de plomb...Il effaroucherait le passant s’il n’était condamné à l’illusion d’un regard sourcilleux purement factice.

Lénine ange Copenhague
Lénine ©Violaine de Schuytter

 

Mais les anges exterminateurs se trouvent aussi chez soi, sinon en soi ! Je tombe dans mon propre logis sur ce dessin (qu’on croirait sorti de « Bernard et Bianca »). Il n’est pas tombé du ciel, mais du camion de l’imagination d’un petit dessinateur en herbe !

 

dessin
Dessin ©Violaine de Schuytter


Naguère son sourire enfantin semblait dire : inutile d’avoir peur. Les anges qui sont présentés ici sont, rassurez-vous en effet, bien inoffensifs.

 

enfant
H petit ©Violaine de Schuytter

 

Dans la vitrine d’une boutique d’encadrement à H.C. Orsteds Vej, un chien est parfois installé aux premières loges et regarde nonchalamment le trafic de la rue mais le plus souvent roupille tranquillement. Assurément un ange-gardien sur qui il ne faut pas trop compter...A chaque fois que j’ai voulu le prendre en photo, il a fichu le camp et déguerpi en vitesse. Mais si vous me lisez encore, c’est qu’un ange me seconde ! La multiplication des anges ? Soit ? Encore faudrait-il ne pas perdre en route tous ses lecteurs. Patience ! la fin approche car en cours de voyage ou au terme du périple j’ai retrouvé celui que je cherchais. Le « mien », je l’ai déjà présenté en effet dans un autre article. Je me contentais jusqu’ici de le contempler, émue. Je ne savais pas qu’il me racontait aussi mais pour détourner les propos du père de ces jeunes disparus de 15 et 20 ans lors de leurs funérailles : « nous n’avons pas besoin de tout savoir ici ». Cet ange, le voici photographié à une autre échelle, en plan plus large.

 

ange tombe Copenhague
Pierre tombale © Violaine de Schuytter


Je passe pour l’occasion un cap et me suis en effet renseignée sur les personnes concernées ; après le battement de coeur, j’élargis donc le cadre et apprend la tristesse de leur histoire : une noyade . Mais cette étreinte de l’ange si féminin me semble alors si peu glaçante, bien au contraire. Moi qui n’avais jusqu’à Copenhague jamais été plus que ça sensible aux anges, je suis à nouveau emportée par ce corps-à-corps fusionnel qui console et comble. Morten Christian Skovgaard et Eskil Skovgaard portent le nom connu d’une famille de peintres danois. Leur père Joachim a peint les fresques dans la cathédrale de Viborg illustrant l’histoire de la Bible protestante. Il y d’ailleurs un musée en face dédié à la famille. Ces deux frères se sont noyés dans le fjord de Roskilde en août 1914. Et moi qui ai découvert avec euphorie la baignade en eau danoise cet hiver, je me sens, allez savoir pourquoi, si proche d’eux. Quand je quitterai Copenhague, ils se mêleront au souvenir des amis que j’y laisserai. Encore de quoi s’emmêler les pinceaux si aux vivants, on ajoute les morts, ça en fait des gens qui comptent ! Vivre la multiplication des rencontres comme un gain et non comme la menace d’une perte, n’est-ce pas le lot des « expatriés » (mais qui ne l’est pas d’une manière ou d’une autre ?) qui font et défont leurs valises au gré des sautes d’humeur du marché et du monde ? Un petit pincement au coeur à cette perspective qu’on veut encore lointaine. On s’assoit sur un des nombreux bancs qui s’offrent dans Copenhague entre autres à l’estropié, au fatigué, au découragé ! Une petite voix dynamique s’offusque : on se lève et « on se casse ». C’est sûr qu’à la cérémonie des césars de l’auto-apitoiement, on aurait la palme. Debout ! Car il est encore temps d’arpenter la ville, y compris cet émouvant cimetière avant un hypothétique départ qui nous concerne tous peu ou prou. Elle a bien des trésors encore à dévoiler : ainsi ne manquons pas (vivement la réouverture des musées !) ce tableau du SMK : « Le Christ Rédempteur souffrant » de Mantegna (1429-1506) car l’ange est surtout synonyme de compassion. Le Christ mort y est soutenu par deux anges aux ailes colorées. L’avantage de la peinture par rapport à la pierre c’est la couleur mais il nous revient de tirer de notre palette intérieure les nuances requises pour réanimer ces stèles délaissées.

 

Christ Mantegna SMK
Mantegna au SMK 

 

Allez, un petit dernier pour la route : un ange-arbre de vie... qui a fleuri à l’air libre, dans la rue. 

 

Murale Copenhague arbre ange
Mural arbre ©Violaine de Schuytter

 

Découvert lors du premier confinement, je constate qu’il est toujours là, survivant au passage des saisons et aux métamorphoses des virus, à l’orée du printemps qui revient comme chaque année....J’ai oublié finalement de compter avec précision et les anges et les années qui passent. Tant pis ou tant mieux ! Et pour couronner ce chiffre qui a failli être rond, histoire de retomber sur mes pieds, je m’incline, O ville mésange, devant tous tes anges, qu’ils soient grands et victorieux ou petits et défaits.

 

ange cimetière Copenhague
©Violaine de Schuytter

 

ange cerisiers fleurs Copenhague
©Violaine de Schuytter

 

 

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