

Le tribunal correctionnel de Paris tente actuellement de percer le vrai du faux dans l'imbroglio que représente la machination Clearstream. Ce véritable jeu de Cluedo grandeur nature fait la Une de tous les journaux français. Lepetitjournal.com vous en présente les pions essentiels
(Rédaction internationale) - Après des années d'enquête, le procès de l'affaire Clearstream est finalement en marche. Cette audience sous les projecteurs des médias doit faire la lumière sur le déroulement de ce sombre scandale politico-financier. L'arme du crime, elle, est connue : des listings falsifiés de la chambre de compensation luxembourgeoise Clearstream. Les personnalités mises en cause le sont aussi : des hommes d'affaires comme Alain Minc ou Philippe Delmas, des hommes politiques à l'instar d'Alain Madelin, Michel Charasse et même des vedettes du showbiz : Alizée et Laetitia Casta.
La victime : Nagy/Bocsa, alias Nicolas Sarkozy
Parmi la centaine de personnes mise en cause dans les fameux listings, une victime sort clairement du lot : Nicolas Sarkozy (AFP). Le président de la République n'a pas lésiné sur les déclarations publiques. Son honneur a été bafoué et il est prêt à tout pour "pendre les coupables à un croc de boucher". Son impatience est telle qu'avant même le verdict des juges, il affirme que les personnes aujourd'hui sur le banc des accusés sont toutes "coupables". Est-il cependant si étranger à l'affaire qu'il ne le dit ?
L'ancien vice-président d'EADS avait envoyé anonymement en 2004 les listings falsifiés au juge Renaud Van Ruymbeke. Les listings originaux récupérés par l'informaticien Imad Lahoud, aurait alors été modifiés en rajoutant des noms de personnalités connues, notamment ceux de ses concurrents. Il aurait présenté les faux listings à Dominique de Villepin qui l'aurait poussé, suite à des ordres présidentiels de Jacques Chirac, de fournir les fausses accusations à la justice. Jean-Louis Gergorin (AFPTV) affirme cependant qu'il pensait les listings authentiques et qu'il s'est fait piégé comme un "gogo"par Imad Lahoud, selon lui, le seul à être au courant à l'époque de la falsification. Le manipulateur se serait-il fait manipulé ?

L'informaticien Imad Lahoud (François Guillot/AFP) mis en relation avec le numéro d'EADS par le biais de son frère. Il aurait obtenu les véritables listes des mains d'un ex-auditeur d'Arthur Andersen, Florian Bourges, et d'un journaliste, Denis Robert, tous deux également présents sur le banc des accusés. Le brillant mathématicien a reconnu avoir falsifié les listings mais assure que, comme un bon soldat, il n'a fait qu'obéir à la demande de Jean-Louis Gergorin. Sa version des faits a cependant changé plusieurs fois tout au long de l'enquête. Est-il le commanditaire de la supercherie ou un simple exécutant ?

L'ancien Premier ministre, Dominique de Villepin (AFP) a été mêlé à l'affaire après la découverte des carnets secrets du Général Philippe Rondot. D'après le militaire, plusieurs réunions auraient été organisées en 2003 entre le ministre de la Défense d'alors, et Jean-Louis Gergorin. Une entrevue aurait également eu lieu avec Imad Lahoud. Il les aurait incités à communiquer les listes à la justice pour mettre des bâtons dans les roues du ministre de l'Intérieur, Nicolas Sarkozy, qui ne cachait pas à l'époque ses ambitions présidentielles. L'énarque nie évidemment toutes ces accusations en bloc et va même plus loin en accusant à son tour Nicolas Sarkozy de complot politique. Imad Lahoud aurait en effet déjeuné à plusieurs reprises avec un proche conseiller de Nicolas Sarkozy, François Pérol. Et l'ordinateur de son beau-frère, Michel Piloquet, aurait été piraté. Alors qui croire ?

Ce maître espion français (Coex/AFP), ancien chef des services secrets, témoin de l'affaire, a tout noté dans ses carnets. Et c'est sur ces quelques feuilles que se base tout le procès. L'homme de l'ombre affirme n'avoir reçu d'ordres de Dominique de Villepin que pour une enquête sur les fonctionnaires présents sur la liste et pas sur Nicolas Sarkozy. La lecture publique le 5 octobre de ses carnets dont certaines parties ont été supprimées ou sont encore incompréhensibles pourrait apporter son lot de surprises. Peut-être alors sera connue la réponse à cette question qui brûle les lèvres de la France entière : qui est le coupable ?
Damien Bouhours (www.lepetitjournal.com) lundi 28 septembre 2009
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