

L'intervention américaine en Irak donne du grain à moudre aux cinéastes. Une flopée de films débarque d'Hollywood pour critiquer la politique de Bush. Engagés, mais succès non assuré
Dans la vallée d'Elah a ouvert, sans succès, la voie à une série de films engagés. A suivre dès le premier semestre 2008
De Voyage au bout de l'enfer (Michael Cimino, 1978) à Outrages (Brian de Palma, 1989), la guerre du Vietnam a eu son lot de brûlots made in Hollywood. Pour l'intervention en Irak, les studios de cinéma n'ont pas attendu la fin du conflit pour réaliser des ?uvres très critiques à l'égard de la politique de Bush.
Dans la vallée d'Elah, de Paul Haggis, est le premier film d'une longue série. Se concentrant sur le traumatisme enduré par les soldats à leur retour d'Irak, le réalisateur canadien dépeint l'enquête d'un retraité de la police militaire - ancien du Vietnam et patriote convaincu - sur le meurtre de son fils alors qu'il était en permission.
Entre drame humain et thriller, le film est le miroir d'une société en proie à ses doutes. Plus qu'une remise en cause de la guerre, Haggis fustige le sens politique qu'on lui donne et le poids qu'elle fait porter sur les GI's. Mais s'attaquer aux ramifications et aux drames collatéraux de la guerre en Irak n'est pas chose aisée.
Réflexion politique contre ambitions commerciales
En effet, l'industrie hollywoodienne n'a pas changé selon Haggis. Toujours tenues au succès, les grandes majors ont rechigné à financer tous ces films. Si ces projets voient le jour, c'est parce qu'ils sont portés par des stars engagées et, surtout, confirmées. Clint Eastwood - grand ami de Haggis depuis leur collaboration sur Million Dollar Baby - a fait le forcing pour que Dans la vallée d'Elah prenne vie.
Pour Rendition, sur les tortures pratiquées par la CIA, Reese Witherspoon et Jake Gyllenhaal ont accepté de réduire leurs cachets. Le cinéaste James C. Strouse a galéré pour trouver des financiers. Grace is gone, qui raconte le deuil d'un homme face à la mort de sa femme tuée en Irak, n'est que sa première réalisation.
Alors on comprend mieux la réticence des producteurs quand Paul Haggis, oscarisé en 2006 pour Collision, ne s'en sort qu'avec un semi échec au box-office. Flop également pour Le Royaume, avec en toile de fond la lutte contre le terrorisme, qui avait pourtant tout du blockbuster bourré d'actions.
Mais Hollywood n'a pas dit son dernier mot. Redacted, film expérimental sur le viol et le meurtre d'une petite Irakienne, par le brillantissime Brian de Palma, et Stop Loss (par Kimberly Peirce), qui raconte les déboires d'un soldat ne voulant pas retourner au front, seront autant d'autres tentatives pour séduire les foules et qui sait, éveiller les consciences?
Nicolas MANGIN. (www.lepetitjournal.com) lundi 26 novembre 2007
En savoir plus
Studio Magazine ? Irak : Hollywood contre Bush
Le Figaro ? Portrait d'une Amérique meurtrie
Cyberpresse ? Les films consacrés à la guerre en Irak ne rapportent pas
Engagez-vous qu'il disait, Redford
- Fiche de Dans la vallée d'Elah , sorti en France le 7 novembre
- Fiche de Lions et agneaux , sorti en France le 23 novembre
































