L’histoire du thé en Inde recèle tous les Ingrédients d’un bon roman policier. Une légende, un secret bien gardé, un marié qui veut faire plaisir à sa dulcinée, un voleur, des intrigues, une guerre, une conquête, j’en passe et des plus rocambolesques.
Alors, vous êtes accrochés ? C’est parti pour un feuilleton en 4 épisodes, à retrouver le mardi dans lepetitjournal.com. Dans ce premier épisode, on s’éloigne un peu de l’Inde pour découvrir les origines du thé, en Chine.
À l’origine du thé, un prince chinois endormi...
Les légendes sont jolies, d’où qu’elles viennent. En ce qui concerne le thé, elles mettent en scène un empereur chinois ou un prince bouddhiste, émerveillés, qui par la subtilité de l’arôme d’une feuille de thé tombée dans son eau bouillie, qui par les vertus énergisantes de la feuille en question.
Au 3e millénaire avant notre ère, l’empereur chinois Shennong, qui s’essayait à gouter des plantes de toutes sortes (avec les aléas que comportaient ces expérimentations), aurait trempé ses lèvres dans une eau dans laquelle avait infusé une feuille tombée du théier sous lequel il s’était assoupi. Trouvant le breuvage délicieux, il l’adopta.
D’autres légendes parlent d’un Prince bouddhiste qui, pour lutter contre le sommeil qui le gagnait pendant ses pérégrinations, se serait essayé à la boisson et en aurait été émerveillé. Les feuilles magiques lui permettaient de lutter contre l’endormissement.
Une autre version, indienne cette fois-ci, raconte à peu près la même histoire avec un prince parti d’Inde pour porter le Bouddhisme en Chine et cherchait à éloigner le sommeil. Un texte médical de l'an 220 conseille même d'en boire pour « mieux penser ».
… et des dynasties marchandes
Toutes ces légendes attestent de l’origine du théier dans ce triangle de l’Asie du Sud-Est compris entre le Nord de la Birmanie, le Sud-Ouest de la Chine et le Nord Est de l’Inde. Elles soulignent également l’habitude ancienne de faire bouillir l’eau pour la rendre propre à la consommation. Il semble d’ailleurs que la boisson soit devenue quotidienne dès le IIIe siècle. Que le thé y devienne une boisson princière puis aristocratique sous la dynastie des Tang (618/907) puis sous celle des Song (960/1279) est attesté par l’archéologie.
Le thé était échangé avec les nations voisines et apprécié pour ses vertus thérapeutiques. Il était réputé soulager la fatigue et fortifier la volonté. Dès la période Song, le thé en brique ou de plus en plus pulvérisé a servi de monnaie d’échange, notamment avec les peuples du Nord. Les Mongols l’échangeaient contre de la viande et le consommaient plutôt salé et épicé.
Quand l’histoire du thé croise celle de la porcelaine
Après la conquête mongole, le reflux des envahisseurs ou leur acculturation et le redressement de l’Empire, la dynastie Ming remet la petite feuille au gout du jour. Le thé se déguste alors comme aujourd’hui. Tasses et théières apparaissent pour faire infuser les précieuses feuilles. L’histoire du thé croise celle de la porcelaine. Du coup, les produits venus de Chine augmentent. Aujourd’hui, on parlerait de soft power.
La renommée de l’Empire du Milieu passe en effet par ses productions uniques et la maitrise de ses échanges. Qu’il s’agisse de la soie, du thé ou de la porcelaine, la Chine maitrise toute la chaine, depuis la production jusqu’à l’acheminement. Les premiers voyageurs européens, dont fait partie Marco Polo, vont revenir éblouis par toutes ces splendeurs rapportées par voie de caravanes jusqu’à Venise, porte de l’Occident.
Il va falloir attendre la Renaissance et les Grandes Découvertes pour que le thé gagne d’autres territoires….
Prochain épisode : "la découverte européenne"
Originaire de Chine, le thé est introduit en Europe par les colons à l’époque des Grandes Découvertes. Les Portugais puis les Hollandais, en rapportant la petite feuille de leurs pérégrinations, vont lancer une vraie passion en Angleterre...