Aujourd’hui, la noix de cajou de votre apéritif vient principalement d’Inde. Plaisir de l’apéritif ou petit plus d’une recette tendance, elle est surtout indispensable à l’économie du continent Indien. Mais sa production n’est pas sans conséquences… Enquête.
Qui es-tu, noix de cajou ?
La noix de cajou vient d’un arbre appelé l'anacardier. Celui-ci donne des pommes de cajou, dotées chacune d'un petit (et un seul) appendice en-dessous qu’on appelle communément la noix de cajou. Avant de constituer notre apéritif, les appendices sont décortiqués et traités. Et l’anacardier justement, il en pousse des milliers et des milliers en Inde, particulièrement dans le Tamil Nadu (l’Etat au Sud d’Inde). Le pays en est le principal producteur mondial, avec 700 000 tonnes chaque année, représentant plus de 60% de la consommation de par le monde. On peut ainsi dire que la petite noix de cajou est indispensable à l’économie du pays, au même titre que le riz basmati, les épices et le thé.
Salée, grillée, aromatisée, cuisinée, la noix de cajou fait la joie des apéritifs et des recettes tendance en Occident, d'autant qu'elle constitue un encas sain et même, un coupe-faim. C’est une excellente source de minéraux, de vitamines et d'antioxydants. Le fruit sec est aussi considéré comme un produit de luxe servi à l’occasion de fêtes en Inde, comme l’Aïd et Diwali. En effet, les fruits secs (noix de cajou, amandes, raisins…) sont le présent idéal à offrir lors de la fête des lumières. Selon certaines études, la consommation de cette denrée a bondi de 50% entre 2010 et 2014 !
Seulement voilà, sa production mais surtout sa transformation n’est pas sans conséquences pour des milliers de petites mains…
Le cauchemar des travailleuses indiennes
Pour que la noix de cajou soit belle, dorée, salée, appétissante au cœur de votre apéritif, il faut qu’elle soit bichonnée lors de sa production. Et cela a un prix : la santé de milliers de travailleuses indiennes.
En effet, l’employée (principalement une femme) doit enlever la peau et la coque une fois la noix de cajou ramassée. Cependant la coque est dure et se casse difficilement. A l’intérieur du fruit sec, il y a une substance résineuse, appelée cardol et celle-ci est très nocive pour la santé. Sans précaution, le produit brûle et noircit la peau. Jour après jour, la main de l’employée est donc brûlée par cet acide, ses doigts noircissent, ses yeux sont abîmés, et cela provoque de la fièvre... Mais le pire est que les brûlures causées sont très douloureuses et irréversibles. Porter des gants lui ferait perdre sa productivité journalière et ça, c’est inenvisageable pour elle car son salaire (entre 4 et 6 euros par jour) en dépend. Changer de travail ? Pas si simple car cette tâche est l’une des seules options de la région et lui rapporte un peu d’argent, de quoi faire vivre son modeste foyer…
Aujourd’hui, les langues se délient autour de cette situation inacceptable. Les médias s’emparent du sujet, à l’image de ce reportage sur France 2, à visionner ici
Comment lutter contre cet enfer quotidien ?
Au niveau du pays, officiellement le gouvernement de l'Inde et les gouvernements des États ont promulgué des lois qui encadrent le travail dans l'industrie. Mais sur le terrain, les règles ne semblent pas toujours être appliquées, productivité et gains obligent. De ce fait, des ONG mettent régulièrement la pression pour réglementer et donc protéger ces femmes indiennes, comme Cadre India, une ONG de Tamil Nadu qui soutient des groupes d'entraide pour les femmes et qui sensibilise les ouvriers aux questions sanitaires.
Aujourd’hui, la majorité des usines qui fournissent les supermarchés européens et américains doivent respecter des normes de sécurité. Les travailleurs doivent être protégés et des certificats d'inspection affichés sur les murs de l'usine. « De nombreuses entreprises disposent des installations nécessaires. Mais, comme dans tout pays, certaines entreprises suivent à la lettre les pratiques imposées par la loi et d'autres ne le font pas. » raconte un gérant d’usine de transformation de noix de cajou en Inde. Du côté des représentants des détaillants et supermarchés, le message est clair « ils sont conscients des problèmes qui existent dans certains secteurs de l’industrie indienne de la noix de cajou et sont donc attentifs à travailler avec des fournisseurs offrant des conditions de travail décentes. »
A l’échelle du consommateur, le boycott n’est peut-être pas la solution car des milliers de travailleurs indiens vivent de la production des noix de cajou. Cependant, il est fortement recommandé de privilégier des produits labellisés. Changez ou choisissez bien vos encas pour votre prochain apéritif…