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Viande de chien : faut-il l’interdire ?

Le Cambodge ainsi que d’autres pays d’Asie du Sud-Est commencent à prendre des mesures concernant la consommation de viande de chien. Outre le traitement atroce que subissent les animaux, elle représente un risque pour la santé humaine.

Chien en cageChien en cage
La consommation de viande de chien
Écrit par Lepetitjournal Cambodge
Publié le 13 avril 2024, mis à jour le 13 avril 2024

BILLET

Le 4 avril, nous avons célébré la Journée mondiale des animaux errants, qui vise à sensibiliser le public aux difficultés auxquelles ils sont confrontés dans le monde entier.

 En 2010, la Conférence nationale néerlandaise sur les animaux errants leur a créé une Journée mondiale. Cette journée a lieu le 4 avril, six mois exactement après la Journée mondiale des animaux, qui a lieu le 4 octobre. Les animaux "errants" sont généralement considérés comme des animaux de compagnie abandonnés ou perdus, par opposition aux espèces domestiques ou nées dans la nature et classées comme animaux "sauvages".

 La Journée mondiale des animaux errants est une occasion importante de faire la lumière sur le commerce désastreux des chiens destinés à la consommation de viande. Selon l'organisation internationale de protection des animaux Four Paws, environ 30 millions de chiens et de chats font chaque année l'objet d'un trafic de viande en Asie, en particulier en Chine, au Viêt Nam, en Indonésie, au Cambodge, au Laos et en Corée du Sud.

 Dans la plupart des pays, à l'exception de la Corée du Sud où les chiens sont principalement issus d’élevages, des personnes se chargent de les capturer dans les rues et même de voler les animaux de compagnie.

 De plus, on croit que torturer ces animaux et les faire souffrir donne un meilleur goût à leur chair. La réalité déchirante que doivent subir ces animaux est encore occulte.

Les attrapeurs de chiens utilisent du poison pour les piéger quand ils se reposent dans les rues ou sur les plages. La capture est un processus abjecte. On leur colle un ruban adhésif sur le museau, on les attache,  puis on les place dans une cage de transport.

 

La consommation de viande de chien en Asie

Cependant, les croyances concernant la consommation généralisée de viande de chien et de chat en Asie pourraient être exagérées. Des enquêtes menées par des organisations de protection des animaux telles que Four Paws révèlent des chiffres différents : En Chine, par exemple, moins de 20 % de la population consomme de la viande de chien. La tendance est similaire au Cambodge et en Indonésie, où la consommation de viande de chien est peu courante.

Même constat au Viêt Nam, les enquêtes révèlent un clivage évident. Seuls 11 % des habitants de Hanoi et 1,5 % de ceux de Ho Chi Minh Ville consomment régulièrement de la viande de chien.

Ces statistiques sont encourageantes, ainsi l'interdiction du commerce de la viande de chien et de chat n’affecterait qu’une minorité de la population.

 

Les gouvernements prennent des mesures

Des mesures semblent être mises en place, mais les gouvernements peuvent certainement s’y pencher davantage.

Corée du Sud : La Corée du Sud est entrée dans une nouvelle ère de protection des animaux avec une loi adoptée à l'unanimité par son parlement au début d’année. Cette loi interdit l'élevage, la vente et l'abattage de chiens à des fins alimentaires, ce qui aura pour effet d'éliminer progressivement, d'ici 2027, la consommation de viande de chien.

Indonésie : Au début de l'année, le gouverneur de Bali, a pris une position ferme contre le commerce de la viande de chien. La nouvelle loi, Bali Regulation, interdit l'achat, la vente et la distribution de viande de chien. L'objectif principal de cette loi est de promouvoir l'ordre public, la paix et le bien-être des animaux. Toute personne qui enfreint cette réglementation locale est passible d'une peine d'emprisonnement ou d'une lourde amende de 50 millions de roupies (3 150 dollars). Depuis des années, la Bali Animal Welfare Association et d'autres groupes travaillent sans relâche pour faire interdire ce commerce inhumain et protéger les chiens de Bali. Cette nouvelle réglementation est une étape indispensable pour envoyer un message clair selon lequel un tel comportement barbare ne sera plus toléré.

 

Et au Cambodge ?

Après que Four Paws ait révélé en 2020, la triste réalité d'environ trois millions de chiens tués pour la viande chaque année au Cambodge, le département provincial de l'agriculture, des forêts et de la pêche de Siem Reap a pris des mesures en publiant une directive interdisant l'abattage et le commerce de chiens  dans la province. Ce commerce est désormais passible d'une peine maximale de cinq ans de prison, assortie d'amendes allant de 1 700 à 12 200 dollars.

Les organisations de protection des animaux ont réussi à attirer l'attention sur la cruauté du commerce de la viande de chien. Toutefois, certains considèrent l'interdiction de ce commerce comme une réponse hâtive. Le véritable problème réside dans l'absence d'une législation nationale complète, ce qui crée de dangereuses lacunes.

Ce commerce illégal s'appuie sur une chaîne d'approvisionnement obscure d'animaux dont l'origine est inconnue, ce qui met en danger la santé humaine. Il existe une forte probabilité que des maladies zoonotiques soient transmises à des personnes par ces chiens, par l'intermédiaire de salive, de particules aérosoles, d'urine ou d'excréments contaminés, ou encore par contact direct.

 

Risques pour la santé  humaine

La consommation de viande de chien présente les risques suivants pour l'homme :

 -   Contamination bactérienne :  La consommation de viande de chien peut augmenter de manière significative le risque de contracter des maladies bactériennes. En effet, la viande de chien peut abriter des bactéries nocives telles que la Salmonelle ou encore la bactérie responsable du choléra.

 -   Infections parasitaires :  La trichinellose, une infection parasitaire transmise par la viande contaminée, peut être transmise du chien à l'homme. Ce parasite provoque une inflammation des vaisseaux sanguins entraînant des hémorragies et une grave faiblesse musculaire, pouvant conduire à la mort.

 -   Transmission virale :  Le commerce de la viande de chien peut contribuer à la propagation de la rage, une maladie virale mortelle. Cela est particulièrement vrai si la viande provient d'animaux non vaccinés ou infectés.

Au Cambodge, la rage constitue une menace sérieuse. On estime que cette maladie transmise par les chiens fait environ 800 victimes par an. Pour enrayer ce virus mortel, il faut obtenir une immunité collective, c'est-à-dire qu'au moins 70 % de la population canine soit vaccinée.

 Le commerce de la viande de chien entrave les efforts d'éradication de la rage. En effet, le retrait d'un nombre important de chiens, y compris de chiens vaccinés, rend difficile l'atteinte de ce seuil de 70 % d'immunité collective.

 Par conséquent, le commerce de la viande de chien constitue un obstacle important à l'objectif d'éradication. Pour atteindre l'objectif "Zéro rage" d'ici à 2030, il est essentiel d'interdire ce commerce illégal à l'échelle nationale.

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