Édition internationale

Un guide pour une presse cambodgienne plus sûre et équitable

L’UNESCO et le DMC s’allient pour renforcer la sécurité des journalistes au Cambodge, en ciblant les défis spécifiques des femmes et des professionnels LGBTQ+ dans les médias.

photographie de journaux et de magazines photographie de journaux et de magazines
cr : PEXELS
Écrit par Lepetitjournal Cambodge
Publié le 27 février 2025

 Protéger ceux qui informent : une priorité

Au Cambodge, exercer le métier de journaliste ne va pas sans risque, surtout pour les femmes et les personnes LGBTQ+. Pour y remédier, le Département des Médias et de la Communication (DMC), en partenariat avec l’UNESCO, a élaboré un Guide de sécurité sensible au genre destiné aux rédactions du pays. Son but : créer un environnement de travail où chacun se sent protégé et respecté, que ce soit au sein des salles de rédaction ou sur le terrain.

Des ateliers pour changer les mentalités

Afin de faire d'encourager sa mise en place, cinq ateliers de sensibilisation ont récemment été organisés : trois à Phnom Penh et deux dans les provinces de Battambang et Siem Reap.  149 participants y ont pris part — journalistes, associations, étudiants en journalisme, représentants du gouvernement —, tous unis par une volonté commune : rendre les rédactions plus sûres et plus inclusives.

Le poids des inégalités dans les rédactions

D'après le rapport de l'UNESCO, aujourd’hui encore, les médias cambodgiens restent majoritairement masculins : seulement 9,4 % des journalistes sont des femmes, et rares sont celles qui accèdent à des postes de direction. Cette absence de diversité renforce une culture qui minimise, voire ignore, les besoins spécifiques des femmes. Harcèlement en ligne, discriminations, violences sur le terrain : les obstacles s'accumulent, freinant la progression de nombreuses professionnelles.

Une étude de l’UNESCO en 2023 révèle que 73 % des femmes journalistes dans le monde ont subi des violences en ligne. Au Cambodge, une seule salle de rédaction dans tout le pays dispose actuellement d’un projet de politique de genre et d'un point de contact pour signaler le harcèlement.

Un guide pour bâtir des rédactions plus sûres

Face à ce constat, le guide conçu par le DMC et l’UNESCO devient un outil essentiel. Il propose des mesures concrètes : désigner un référent genre dans chaque rédaction, établir des mécanismes clairs pour signaler le harcèlement, et veiller à une répartition équitable des sujets traités — sans cantonner les femmes aux rubriques dites "douces".

« Ce n’est pas juste une question de sécurité, c’est une question de justice », insiste Ung Bun Y, responsable du DMC.

« Protéger nos journalistes, c’est protéger la liberté d’informer. »

 Un pas vers un journalisme plus juste

Cette initiative s’inscrit dans le cadre du projet « Renforcement du développement des médias et de la liberté d’expression au Cambodge »,  soutenu par l’Agence suédoise de coopération internationale pour le développement (SIDA). Elle s’appuie sur les indicateurs sensibles au genre pour les médias définis par l’UNESCO et encourage les rédactions à adopter des pratiques concrètes pour une presse plus égalitaire.

Au-delà des mots, des actes concrets

Les journalistes ne demandent pas seulement des promesses, mais des actions. Grâce à ce guide, les rédactions disposent désormais d’une feuille de route pour construire un espace où les femmes et les personnes LGBTQ+ peuvent exercer leur métier sans peur. 

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