L'accès à la santé est une problématique majeure au Cambodge. En période de crise économique, Buddhism for Health collecte des fonds dans les pagodes de Phnom Penh pour aider les plus pauvres dans les provinces cambodgiennes.
Créée en 2004, Buddhism For Health (BFH) est une organisation non gouvernementale qui encourage l’accès aux soins des populations les plus démunies. L’ONG a pour mission de permettre aux populations les plus démunies de bénéficier de services de santé. Si ceux-ci sont gratuits pour les personnes pauvres titulaires d’une carte de solidarité, nombre de bénéficiaires potentiels n’osent pas aller se faire soigner de peur de ne pas recevoir les mêmes soins que les personnes qui paient ou par manque de moyens. En effet les soins sont gratuits pour les plus pauvres mais le transport pour se rendre à l’hôpital ne l’est pas. C’est un coût non négligeable pour une personne qui doit se rendre plusieurs fois par semaines dans un centre de soins pour recevoir un traitement, par exemple pour des dialyses. « En 2019, 100 000 transports ont été pris en charge par BFH », se réjouit Jean-Yves Dekeister, coordinateur de l’association.
Cette organisation est présente dans 12 provinces, 63 districts à travers 400 comités d’entraide. Chaque comité est rattaché à un centre de soins et regroupe les autorités religieuses, les autorités locales comme le chef de village, un conseiller communal, le responsable du centre de soins, le directeur de l’école et un membre de la société civile. Tous les comités comptent à leur tête au moins une femme. De nombreux volontaires œuvres pour la collecte des dons ainsi que pour la prévention et l’information. Ce sont les comités qui décident des bénéficiaires parmi les personnes atteintes du VIH, de la tuberculose, les femmes enceintes seules, les orphelins, les personnes âgées.
Née initialement de la volonté d’un moine bouddhiste de Kirirom, dans la province de Takeo, l’organisation est en fait œcuménique puisque les dons sont récoltés aussi bien dans les pagodes que dans les mosquées ou les églises selon les villages. Le président d’honneur de l’organisation est le moine Samdech Kim Son, supérieur hiérarchique des bonzes de Phnom Penh. Le chef du comité est toujours un responsable religieux, le plus souvent un moine, mais trois imams tiennent aussi ce rôle. Les collectes de fonds se font donc dans les lieux de cultes des 400 communautés, en très grande majorité des pagodes. Depuis fin 2019, ces communautés étant parmi les plus pauvres du pays, le vénérable Kim Son, responsable des moines de Phnom Penh, a mis en place des collectes dans la capitale cambodgienne afin de récolter plus de fonds, qui abondent un fonds national de solidarité, afin de les distribuer ensuite aux comités locaux.
La crise économique qui vient de s’abattre sur le Cambodge, liée à l’épisode de Covid-19, a laissé sur son passage un grand nombre de personnes démunies. Les comités ont proposé une aide exceptionnelle de distribution de kits de première nécessité à 1000 familles très pauvres. « L’organisation vit des dons. Il faut au minimum 250 dollars par comité pour pouvoir assurer les transports des malades mais avec plus de dons nous pourrions employer des travailleurs sociaux pour sensibiliser la population à l’importance de se faire soigner. Si les personnes malades se font soigner sans attendre, on peut éviter des épidémies » précise le moine Khiev Khon, secrétaire de Buddhism For Health. D’après une étude menée par l’université d’Oxford en association avec la London School of Hygiene and Tropical Medicine, là où les comités de Buddhism For Health sont actifs, les populations pauvres se font davantage soigner que dans les autres provinces.