Parmi le torrent d'horreurs que l'on peut lire chaque jour, certaines sont plus choquantes que d'autres, comme celle-ci : Le 14 janvier, une grand-mère a tué son petit-fils de 8 ans parce que, extrêmement pauvre, elle ne pouvait plus le nourrir. Ce drame s'est déroulé dans la province de Kampong Speu, et la meurtrière a reconnu son crime, l'expliquant ainsi, rapportent les médias sur la base d'informations fournies par la police.
En langage journalistique, ces informations pourraient être traitées comme des nouvelles brèves telles que des accidents de la route, des vols, des crimes sordides ou des crimes passionnels. Je les classerais plutôt dans la catégorie des sujets de société, car elles mettent en lumière un comportement, un dysfonctionnement, voire une faille dans notre façon de vivre ensemble.
Sous réserve que les résultats de l'enquête policière soient confirmés par les autorités, l'assassinat de cet enfant nous rappelle d'abord que, même si la pauvreté a remarquablement reculé dans le pays ces dernières années, des situations d'extrême précarité persistent. Cette situation n'est pas propre au Cambodge et s'observe également dans les pays développés.
Mais je me pose la question : Quelle que soit la misère de cette femme, comment a-t-elle pu en arriver à prendre cette mesure extrême de préméditer et de commettre ce crime ? Un moment de folie ? Peut-être.
Mais si elle avait toute sa raison, pourquoi ne s'est-elle pas adressée aux autorités locales pour leur faire part de toutes les difficultés extrêmes qu'elle rencontrait pour élever son petit-fils ? Était-elle si isolée, si seule, au point de n'avoir personne à qui parler de sa douleur ?
N'y avait-il personne qui aurait pu se rendre compte que l'enfant était en danger à cause de la pauvreté et qui aurait pu signaler cette situation aux autorités ?
Certains diront que cette femme était responsable de la pauvreté dans laquelle elle se trouvait.
Mais personne ne pourrait affirmer que l'enfant l'était.
Il aurait dû être secouru. Il ne l'a pas été. La société a échoué et nous devrions veiller à ce que le destin tragique de ce garçon de 8 ans serve de base à la réflexion et à l'action en faveur de la protection de l'enfance.
Avec l'aimable autorisation de Cambodianess, qui a permis la traduction cet article et ainsi de le rendre accessible au lectorat francophone.