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L'UE investit 87 millions de dollars dans l'agriculture cambodgienne

L'Union européenne investit 87 millions de dollars pour moderniser l'agriculture cambodgienne et améliorer l'accès des agriculteurs aux marchés. Ce programme bénéficiera à 100 000 petits exploitants et renforcera la sécurité alimentaire.

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Écrit par Lepetitjournal Cambodge
Publié le 18 mars 2025

L’Union européenne (UE) va injecter près de 87 millions de dollars dans le secteur agricole cambodgien afin de moderniser la production et d’améliorer l’accès des agriculteurs aux marchés nationaux et internationaux. Cette initiative vise à bénéficier à des centaines de milliers d’exploitants agricoles et d’entreprises agroalimentaires, en particulier dans les zones rurales.

Vendredi, la Banque européenne d’investissement (BEI) et le Ministère de l’Économie et des Finances (MEF) ont signé un accord portant sur une subvention de 16,3 millions de dollars de l’UE pour financer le programme Agriculture Services Programme for an Inclusive Rural Economy and Agricultural Trade (ASPIRE-AT). Ce programme de six ans (2025-2030) vise à fournir aux agriculteurs et aux entreprises agroalimentaires des outils et des infrastructures pour accroître leur production, élargir leur accès aux marchés et améliorer la sécurité alimentaire.

Un financement diversifié pour un développement structuré

L’investissement global de l’UE repose sur plusieurs sources de financement :

  • 65 millions de dollars de prêt octroyé par EIB Global
  • 4,9 millions de dollars de fonds européens pour l’assistance technique
  • 49 millions de dollars cofinancés par le Fonds international de développement agricole (FIDA), une agence des Nations unies spécialisée dans le développement rural

Modernisation des infrastructures et amélioration de l’accès au marché

Le programme prévoit la modernisation du Laboratoire national agricole dans la province de Kandal, ainsi que des centres de recherche, laboratoires et stations de quarantaine à Phnom Penh, Kampong Speu, Battambang, Svay Rieng et Stung Treng. Par ailleurs, l’initiative financera la construction du pont de Koh Khsach Tonlea dans la province de Kandal, facilitant ainsi le transport des marchandises agricoles vers les marchés.

Selon Nicola Beer, vice-présidente de la BEI, cet investissement bénéficiera directement à 100 000 petits exploitants agricoles, 25 000 ménages sans terre et 500 entreprises agricoles.

« Avec ce financement, nous aidons le gouvernement à renforcer la sécurité alimentaire, à augmenter les revenus des agriculteurs et à ouvrir de nouveaux débouchés pour les produits cambodgiens », a déclaré Nicola Beer dans un communiqué de presse.

Interrogée sur la stabilisation des prix du marché, Beer a précisé que, bien que l’initiative ne puisse pas les réguler directement, elle contribue à accroître la valeur marchande en améliorant les infrastructures, les partenariats commerciaux et l’accès aux marchés.

« Si vous produisez selon les standards internationaux les plus élevés, vous pouvez accéder aux marchés européens et régionaux », a-t-elle ajouté. « Si vos produits sont certifiés en laboratoire et transformés avec un haut niveau technique, ils gagnent en valeur sur place, permettant ainsi aux agriculteurs de vendre à de meilleurs prix. »

Des agriculteurs prudemment optimistes

Von David, producteur de poivre dans la province de Tbong Khmum, salue cet investissement mais soulève des questions sur les subventions disponibles, les normes de qualité et le soutien aux petits producteurs et associations. Il plaide pour que le ministère de l’Agriculture fournisse des mises à jour sur les prix et facilite l’accès aux tests de laboratoire.

« Par le passé, les entreprises qui achetaient du poivre à bon prix envoyaient d’abord leurs produits en laboratoire, mais c’étaient les agriculteurs qui devaient en assumer les coûts », a-t-il expliqué.

Il note toutefois une amélioration des prix ces deux dernières années, passant de 2,5 dollars à 6,5 dollars le kilo après une forte baisse.

De son côté, Nok Bunthorn, président de l’Association des producteurs de noix de cajou de Kampong Thom, soutient l’initiative, estimant que les tests de qualité aideront les agriculteurs à mieux négocier leurs prix. Actuellement, les producteurs vendent leurs récoltes à des intermédiaires vietnamiens sans certification, ce qui les expose aux fluctuations du marché.

« Même si les prix sont restés stables cette année, les petits exploitants n’ont toujours pas accès aux tests de qualité, ce qui limite leurs opportunités commerciales », souligne-t-il.

Une stratégie ciblée sur le poivre et la noix de cajou

L’ambassadeur de l’UE au Cambodge, Igor Driesmans, a précisé que le programme ASPIRE-AT ne cible pas de cultures spécifiques, mais met un accent particulier sur le poivre et la noix de cajou.

« Ensemble, nous aidons le secteur à devenir plus inclusif et résilient, au bénéfice de tous les Cambodgiens, notamment en milieu rural », a-t-il déclaré.

Le ministre de l’Économie et des Finances, Aun Pornmoniroth, a exprimé sa reconnaissance envers la BEI, l’UE et le FIDA pour leur engagement dans la conception et la mise en œuvre du programme ASPIRE-AT. Il a ajouté que cet investissement s’inscrit dans les objectifs de développement à long terme du Cambodge, visant à atteindre le statut de pays à revenu intermédiaire supérieur d’ici 2030 et de pays à revenu élevé d’ici 2050.

 

Signing Ceremony
photo UE

 

 

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