Édition internationale

Le traité d'interdiction des mines antipersonnel menacé par la guerre en Ukraine

Le retrait annoncé de plusieurs pays baltes et de la Pologne fragilise le traité d'Ottawa contre les mines antipersonnel, soutenu par des ONG comme Handicap International.

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photo CMAC

Le conflit entre l’Ukraine et la Russie menace aujourd’hui d’anéantir des décennies d’efforts visant à bannir les mines antipersonnel des arsenaux militaires.
En 1997, après une vaste campagne menée par une coalition d’organisations de la société civile — avec un rôle central joué par le Cambodge —, la Convention sur l'interdiction de l'utilisation, du stockage, de la production et du transfert des mines antipersonnel et sur leur destruction, également connue sous le nom de Convention d’Ottawa ou Traité d’interdiction des mines antipersonnel, avait été adoptée.
En décembre 2024, 165 pays avaient signé et ratifié ou adhéré à ce traité.

Retrait annoncé de plusieurs pays baltes, de la Pologne et de la Finlande

Cependant, dans un contexte de tensions croissantes liées à la guerre menée par la Russie contre l’Ukraine, plusieurs pays proches de Moscou envisagent de se retirer de la Convention.
Le 16 avril, la Lettonie a approuvé son retrait du traité. Quelques semaines auparavant, l’Estonie, la Lituanie, la Pologne et la Finlande avaient également annoncé leur intention de s’en retirer.

Ces retraits annoncés ne sont toutefois pas encore effectifs : les parlements nationaux doivent d'abord valider officiellement la décision. Si cela est confirmé, il faudra encore attendre six mois pour que les États concernés — les pays baltes, la Pologne et la Finlande — ne soient plus liés par les obligations de la Convention. Néanmoins, l’urgence est réelle pour les défenseurs de l’interdiction des mines antipersonnel : en Lettonie, le processus de retrait a été enclenché dès le 16 avril 2025, suite au vote du Parlement.

Une arme indiscriminée aux conséquences durables

L'interdiction des mines antipersonnel repose sur deux constats fondamentaux.
D'une part, cette arme ne distingue pas les combattants des civils. D'autre part, elle continue de menacer des vies bien après la fin des conflits, demeurant enfouie dans les sols jusqu'à leur destruction. Le Cambodge en est un triste exemple : trente ans après la fin de plusieurs décennies de guerre civile, les opérations de déminage y sont toujours en cours.

Un espoir en danger dans un monde instable

Certes, la Convention d’Ottawa n’avait jamais été ratifiée par certaines grandes puissances militaires, comme les États-Unis, la Chine et la Russie.
Cependant, elle incarnait un espoir réel, à la fin d’un XXᵉ siècle marqué par deux guerres mondiales et les guerres d’émancipation postcoloniales, d'un monde moins inhumain et moins ravagé par les conflits.

Un appel urgent à la mobilisation

Des organisations telles que Handicap International appellent aujourd’hui à une mobilisation pour éviter l’affaiblissement de la Convention d’Ottawa.
Espérons que leur appel sera entendu.

Avec l'aimable autorisation de Cambodianess, qui a permis la traduction de cet article et ainsi de le rendre accessible au lectorat francophone.

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