Un seul-en-scène percutant sur l'identité, le racisme et l'homosexualité, joué en khmer par Seyhassneth Heng à Siem Reap et Phnom Penh. Un moment rare de théâtre engagé au Cambodge.


Après deux représentations très remarquées à Phnom Penh lors du Golden (R)age festival, la pièce La Peau hors du placard sera jouée à Siem Reap le 22 juin (Phare Circus), puis de retour à Phnom Penh les 26 et 27 juin (Institut français du Cambodge). Adaptée et mise en scène par Jean-Baptiste Phou, cette œuvre intime et percutante interroge l’identité, le racisme, l’homosexualité et le sentiment d’exil intérieur. Pour la première fois, elle est présentée en khmer, portée par un seul comédien : Seyhassneth Heng.
Entretien exclusif avec Seyhassneth HENG, le comédien principal
Formé au théâtre dès le lycée et passé par des études artistiques en Turquie, Seyhassneth Heng signe ici une performance saluée pour sa justesse et son intensité.
« Ce rôle m’a attiré pour plusieurs raisons, explique-t-il. D’abord parce que j’avais commencé à lire le livre original de Jean-Baptiste et j’étais touché par ce qu’il disait sur les discriminations envers les hommes asiatiques en Occident. Ensuite, parce que j’avais envie de relever le défi du monologue. »
Une création collective portée par la langue khmère
Le travail de création a été collectif, avec une traduction du texte assurée par la poétesse et autrice So Phina.
« Ce n’était pas juste apprendre un texte. Il fallait le rendre vivant, fluide, incarné, tout en intégrant une mise en scène très précise, avec des repères sonores et lumineux qui m’aident à enchaîner. »
« Beaucoup ont cru que le texte avait été écrit directement en khmer ! Ils étaient étonnés que je retienne tout par cœur pendant 70 minutes... Certains m’ont même pris pour un acteur professionnel. Mais ce n’est pas seulement mon jeu — c’est aussi la puissance du texte et la mise en scène qui tient l’attention du début à la fin. »
Un théâtre cambodgien qui brise les tabous
La Peau hors du placard aborde de front des thèmes rarement évoqués sur les scènes cambodgiennes : l’homosexualité, le racisme structurel, les fractures identitaires vécues dans les pays occidentaux.
« En tant que Cambodgien, même si je n’ai pas grandi en France comme le personnage, j’ai vécu des expériences de rejet similaires à l’étranger. Cette pièce m’a permis de mettre des mots sur ces choses, et d’ouvrir des réflexions nouvelles. »
À la fois touchant, politique et traversé d’humour, ce spectacle inédit est une invitation à repenser ce que l’on croit savoir sur l’identité, la sexualité et l’exil.
« C’est la première fois qu’un seul-en-scène est joué en khmer, rappelle Seyhassneth Heng. Et surtout, c’est une pièce fun. On rit, on apprend, on se laisse emporter. »
Infos pratiques :
Siem Reap : https://afsiemreap.com/theater-coming-out-of-my-skin
Phnom Penh : https://www.ifcambodge.com/fr/culture/en-ce-moment/spectacles/
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