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PORTRAIT – Amour, gloire et Kun Khmer

Écrit par Lepetitjournal Cambodge
Publié le 25 juillet 2008, mis à jour le 9 janvier 2018
Promouvoir le Kun Khmer, voilà ce à quoi Philippe Sébire et sa femme consacrent la majeure partie de leurs temps. Entre Andrésy et Phnom Penh, le couple ne ménage pas ses efforts pour donner à cette discipline ancestrale la reconnaissance qu'elle mérite

Philippe Sebire lors d'un entraînement au Vieux Stade de Phnom Penh (Crédit: Nicolas Axelrod)

Loin, très loin de la renommée de la boxe Thaï, le Kun Khmer est, aujourd'hui encore, très peu connu au-delà des frontières cambodgiennes. Et c'est bien ce qui choque Philipe Sébire, pour qui cette discipline ancestrale est marquée du sceau de l'authenticité, alors que sa cousine thaïlandaise est avant tout affaire de gros sous. C'est en 2006, à l'occasion d'un voyage humanitaire, que Philippe, lui même propriétaire d'une salle de boxe, découvre le Kun Khmer et, immédiatement, décide de se consacrer à son développement.
Son épouse, Môm, d'origine cambodgienne, le suit dans l'aventure. Assistante de direction dans le civil, elle n'est pas forcément une passionnée de boxe, et pourtant son rôle est essentiel. "Elle parle la langue et gère les relations officielles... Son rôle n'est pas simple, surtout dans un pays aussi machiste", rappelle Philippe. L'objectif est de redonner au Kun Khmer ses lettres de noblesses, mais aussi d'offrir aux combattants des conditions d'entraînements décentes, et, pourquoi pas, la possibilité de vivre de ce sport. "Aujourd'hui, la plupart des boxeurs gagnent moins de 50$ par mois. Ils font des heures de ménages ou lavent des vitres pour des salaires ridicules..." concède Philippe, un brin désabusé.
Alors très vite, le projet prend de l'ampleur. En France d'abord, où le couple se démène pour créer une fédération. Volonté concrétisée avec le lancement de la Commission Fédérale de Kun Khmer, affiliée à la Fédération de Boxe Thaï, Muay Thaï et Disciplines Assimilés (FBTMTDA). Des stages sont organisés, mêlant boxeurs français et khmers. D'abord au Cambodge, dès février 2007, puis en France quelques mois plus tard, sur une idée de Luc Mensah, président de la fédération et soutien inconditionnel de Philippe.
En juin 2007 est organisé le premier combat de Kun Khmer dans l'Hexagone, et ce sont près de 7.000 spectateurs qui se pressent au Palais Omnisport de Paris Bercy. Parmi eux quelques 3.000 membres de la communauté cambodgienne de France, apparemment fiers de voir l'art martial national capter enfin un peu de lumière.

Un championnat du Monde en 2009
Un beau succès mais pas une fin en soi. Leur commission désormais reconnue par la fédération cambodgienne de boxe khmère, Philippe et Môm planchent sur l'organisation d'un championnat du Monde, à Phnom Penh, "car une telle compétition ne peut se dérouler que dans le pays d'origine du sport en question" selon Philippe. Un combat qui devrait avoir lieu en 2009, même si les boxeurs ne sont pas encore connus. "Il faut un peu de temps pour que les clubs se fédèrent. D'autant qu'il existe une certaine concurrence entre les différentes fédérations, certains n'hésitent pas à nous mettre des bâtons dans les roues" avoue Philippe.
Mais avant cela, Philippe et Môm ont un rêve : créer une école de Kun Khmer à Phnom Penh. Ils ont déjà rencontrés des membres du gouvernement, très réceptifs à leur projet, et sont à la recherche d'un terrain. Pour financer le tout, le couple envisage de vendre sa maison d'Andresy dans les Yvelines.
L'école devrait accueillir en permanence une cinquantaine de stagiaires du monde entier quelques soient leurs disciplines et, en parallèle, servir de centre d'entraînement aux meilleurs boxeurs cambodgiens.
L'école serait financée par les stages, même si le couple espère réunir autour de 120.000$ pour financer l'achat du matériel. Cinq orphelins khmers intégreraient également l'école, "afin de leur donner une éducation et les former au Kun Khmer. L'argent qu'ils gagneront via leurs combats ou les sponsors serait alors bloqué sur un compte jusqu'à leur majorité". Un rêve que Philippe touche aujourd'hui du bout des doigts, lui qui travaille près de dix huit heures par jour entre la boxe et son activité d'aide soignant, et dont la seul hâte "est de vivre au Cambodge, avec ma femme et mes trois fils ". En principe, le projet devrait aboutir d'ici quelques mois, même si Môm, prudente, avoue "qu'il ne faut pas s'avancer tant que rien n'est fait, car la maison d'Andresy n'est toujours pas vendue?".
Alexandre BELLITY. (www.lepetitjournal.com - Cambodge) vendredi 25 juillet{mxc}
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Publié le 25 juillet 2008, mis à jour le 9 janvier 2018

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