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Vers une suspension de l’accord commercial entre l’UE et le Cambodge

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Cecilia Malmström, commissaire européenne pour la commerce. Crédits : Europortalen.se / Flickr Creative Commons
Écrit par Pierre Motin
Publié le 10 octobre 2018, mis à jour le 11 octobre 2018

L’Union européenne a annoncé vendredi 5 octobre qu’elle lançait la procédure pour suspendre son accord « tout sauf les armes » avec le Cambodge d’ici un an. Une décision critiquée par le premier ministre Hun Sen.

Cecilia Malmström, la commissaire au commerce de l’Union européenne (UE), a informé vendredi 5 octobre les autorités cambodgiennes de la décision prise par les Etats membres de l’UE de suspendre leur accord préférentiel avec le Cambodge, en raison de « graves violations des droits de l'homme » dans le pays. Cet accord permet au Cambodge d’exporter tous ses produits - armes exceptées - vers l’UE, second partenaire commercial du royaume, sans payer de droits de douane. L’UE a lancé un examen de six mois de l’accord, ce qui pourrait se traduire par une suspension de l’accord préférentiel d’ici un an « sans améliorations claires et concrètes » du Cambodge, a indiqué Cecilia Malmström vendredi à l’issue d’une réunion des ministres du commerce européens. « Nous devons agir lorsque nous constatons des graves violations », a-t-elle ajouté. La Birmanie est elle aussi susceptible de voir son accès privilégié au marché européen suspendu en raison des violences contre les Rohingyas.

La commissaire européenne a indiqué que cette décision était motivée par la détérioration de la situation en matière de respect des droits de l’homme, notamment en matière de liberté d’expression, droits des travailleurs et liberté d’association. Cecilia Malmström a souligné que l’application de l’accord « tout sauf les armes » est soumis au respect de 15 conventions des Nations Unies et de l’Organisation internationale du travail.

Le premier ministre cambodgien Hun Sen, au pouvoir depuis plus de 30 ans, a répliqué en soulignant l’importance du principe de non-interférence dans les affaires internes du pays. « Quelles que soient les mesures qu’il veulent prendre contre le Cambodge, notre pays doit rester fort dans la défense de sa souveraineté », a-t-il indiqué dans un discours partagé dimanche sur sa page Facebook. « Je l’ai toujours dit : il ne faut pas échanger notre souveraineté nationale contre de l’aide, il ne faut pas échanger la paix du pays contre de l’aide. »

Les exportations du Cambodge vers le marché unique européen représentaient cinq milliards d’euros en 2017, selon les chiffres de la Commission européenne. La suspension de l’accord préférentiel européen pourrait avoir de lourdes conséquences pour l’industrie du textile cambodgienne, qui emploie plus de 800 000 ouvriers. Les Etats-Unis et l’Union européenne sont de très importants marchés pour ce secteur. Environ 40% du produit intérieur brut du Cambodge provient des exportations de vêtements.

L’Union européenne avait mené une mission d’enquête début juillet au Cambodge afin de vérifier si le royaume honorait ses engagements en termes de respect des droits de l’homme et de droit du travail. Fin juillet, les élections législatives se sont soldées par la victoire du parti du premier ministre, qui a remporté la totalité des 125 sièges de l’Assemblée nationale. Le Parti national du sauvetage du Cambodge (CNRP), principal parti d’opposition, a été dissous en novembre 2017, accusé de préparer une révolution de couleur avec le soutien de puissances étrangères.

Arnaud Darc, président d’Eurocham, a pris position dans une interview à Cambodge Mag contre une suspension des accords préférentiels européens. Les représentants de la chambre de commerce américaine Amcham ont fait de même, indiquant qu'une telle suspension aurait de graves conséquences sociales et pousserait le Cambodge dans les bras du géant chinois.

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Publié le 10 octobre 2018, mis à jour le 11 octobre 2018

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