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Phnom Penh en souffrance d'espaces publics

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Une rue de Phnom Penh. Crédits : Roger Gerbig / Flickr Creative Commons
Écrit par Lepetitjournal Cambodge
Publié le 22 novembre 2018

Dans deux rapports, l’ONG Sahmakun Teang Tnaut expose un problème actuel et futur du quotidien des habitants de la capitale cambodgienne : la gestion des espaces publics.

Quasi absence de parcs, trottoirs envahis par des 4x4, motos et vendeurs ambulants... A Phnom Penh, la jungle urbaine étouffe les lieux de rencontre, de calme et de repos dont peuvent jouir ses habitants. C'est le constat fait par l'ONG Sahmakun Teang Tnaut, spécialisée dans les questions d'urbanisme et d'habitation, qui a publié en octobre et en mai deux rapports sur l'accès des Phnompenhois aux espaces publics.

Très peu de parcs, de zones calmes sont disponibles pour les habitants de Phnom Penh. On y recense quelques espaces verts, comme autour de Wat Phnom, à Wat Botum, le long du quai Sisowath ou encore tout le stade olympique où les Cambodgiens ont pour habitude de faire du sport ou se relaxer. Les rues et trottoirs représentent en effet 14% de la superficie de Phnom Penh, ce qui place Phnom Penh à des niveaux proches de Bangkok (16%) et de Manille (15,4%) mais bien loin de Singapour (21,6%). Les espaces publics ouverts, comme les parcs de Wat Phnom et Wat Botum ou le stade olympique, ne représentent, quant à eux, à peine plus de 2% de la capitale, quasiment exclusivement dans le centre-ville, bien loin du standard international de 10%. Or, l'ONG note que ces espaces sont essentiels pour que la population puisse faire de l'exercice physique, mais aussi participer à la vie citoyenne du pays. Les espaces publics – une notion qui regroupe tous les lieux accessibles à la population, c'est-à-dire les rue, trottoirs mais aussi les espaces publics ouverts comme les parcs et esplanades piétonnes – représentent moins de 17% de la superficie de Phnom Penh, alors que l'ONU recommande recommande un taux de 45%.

Les Phnompenhois veulent davantage d'espaces publics

Lors de groupes de discussion organisés par SST, 88% des personnes interrogées ont répondu que Phnom Penh devait compter plus d’espaces publics, et 90% d’entre elles estiment qu’ils doivent être créés à l’initiative du gouvernement. D’autant que la ville regorge de potentiel avec une situation idéale vis-à-vis du Tonlé Sap et du Mékong et un dynamisme propre aux villes d’Asie du Sud-Est. Phnom Penh a par ailleurs clairement affiché ses ambitions en obtenant le statut de ville-hôte des South-East Asian Games de 2023.

L’ONG souligne par ailleurs les disparités entre le centre-ville de Phnom Penh et ses quartiers périphériques. Dans les quartiers pauvres, souvent caractérisés par des ruelles exiguës, le taux d'espace public total atteint à peine 10%, contre 21% pour le centre-ville de la capitale, qui suivent généralement les plans d'urbanisme aérés hérités de l'époque coloniale. Pour Sahmakun Teang Tnaut, ce manque d'espace peut avoir des conséquence sur la santé des résidents de ses quartiers du fait du manque d'endroits où faire de l'exercice physique.

STT pointe aussi du doigt la multiplication des boreys, des quartiers fermées, accentuant les inégalités d’accès aux espaces publics notamment dans en dehors du centre-ville de Phnom Penh. En effet, les boreys comprennent souvent des espaces verts, offrant ainsi le luxe de la verdure à leurs occupants, et comptent en moyenne 24,7% d'espaces publics. Et si certains sont en effet ouverts au public, ils n’en restent pas moins des propriétés dont les l’accès au public peut être fermé à tout moment.

L'ONG indique en outre que de plus en plus d’espaces autrefois définis comme publics sont privatisés. Un phénomène qui trouve son origine dans la loi foncière cambodgienne, votée en 2001. En effet, si un espace public est inaliénable tant qu’il est considéré comme une propriété publique, ce n’est pas le cas des propriétés privées de l’Etat, qu’il gère à sa guise. La privatisation d'espaces autrefois publics s'explique par leur perte de la qualité d’usage d’intérêt public de ces terrains, qui les rend inapte à être considérés comme espaces publics et ne font plus partie du domaine public inaliénable. Selon l'ONG, la perte de l’usage d’intérêt public de ces terrains est opérée en l’absence de consultation publique avant qu'ils soient reclassifiés en propriété privée de l’Etat. A titre d’exemple, en mars dernier, ce sont d'ailleurs plus de 92 000 m² de terrains publics qui ont été classés en tant que propriétés privées de l’Etat à Phnom Penh.

 

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Publié le 22 novembre 2018, mis à jour le 22 novembre 2018

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