PATRIMOINE - Le Phsar Thmey nouveau est inauguré

Quatre mois après la fin des travaux de rénovation, le Marché central de Phnom Penh a été inauguré mercredi matin en grande pompe. Le bâtiment construit par les architectes français, Jean Desbois et Louis Chauchon a fait peau neuve

(crédit photos : Léa Guichou)

Un parterre d'officiels à majorité khmers écoute d'une oreille distraite la succession des discours du directeur de l'Agence Française de Développement (AFD), de l'ambassadeur de France et du gouverneur de Phnom Penh. L'inauguration du Phsar Thmey réunit le gratin de la politique locale de la capitale cambodgienne. Chacun y va de sa petite photo pour se souvenir de ce jour. Des danseurs traditionnels Khmers ont été sollicités pour donner un petit côté authentique à l'événement.

Un jour particulier, puisque c'est la fin officielle de 7 années de travaux et de 10 années d'un projet architectural qui aura coûté 6 millions d'euros. Un partenariat entre la France et le Cambodge pour préserver ce que Eric Beugnot, directeur de l'AFD qualifie « d'élément de patrimoine et de fierté » pour les autorités phnom pennoises.

Après plus d'une heure de discours, les bancs des officiels français et khmers s'agitent. C'est l'heure de la remise des médailles. Grosses pour les architectes, petites pour les représentants des commerçants du Phsar Thmey. La petite troupe des cadors de l'événement se réunit devant les journalistes khmers et étrangers pour découper le ruban rouge. Un coup de ciseau chacun, et l'honneur du dernier revient au gouverneur S.E. M. Kep Chuktema. Commence alors une procession ouverte par les danseurs et chanteurs à travers le marché. Deux jeunes khmers brandissent une longue tige de bambou. À chaque stand, les commerçants placent quelques riels dans une bourse rouge.

Un partenariat franco-khmer
Le but affiché par les représentants du projet est « d'offrir un meilleur niveau de confort, d'hygiène et de sécurité pour répondre aux besoins des commerçants et de la population ». La municipalité de Phnom Penh espère bénéficier des retombées économiques de cette entreprise. Elle a par ailleurs lancé un programme de mise en salubrité de deux autres marchés. Une aubaine pour les entreprises françaises qui sont déjà sur les rangs pour répondre aux appels d'offre pour les chantiers publics de Phnom Penh. Éclairage des voiries, traitement des eaux usées, distribution d'eau potable... Les entreprises françaises jouent sur tous les fronts. « La France représente effectivement une part non négligeable dans l'économie cambodgienne. Ces partenariats sont pour nous une forme de continuité entre nos deux pays », confirme Eric Beugnot.

L'ambassadeur de France à Phnom Penh, Christian Connan, lui, s'est largement félicité de l'aboutissement d'un projet commun entre les deux pays. Il a insisté sur la disponibilité du secteur privé français pour répondre aux besoins des projets publics au Cambodge. Un créneau qu'a su saisir le cabinet d'architecte, Arte Charpentier. L'agence parisienne qui a remporté l'appel d'offre pour le Phsar Thmey en 2005 a oeuvré de manière à ce que l'activité des 3.000 commerçants du site puisse être préservée. Un moyen aussi de dynamiser les affaires au sein de la régie autonome qui gère le Marché central. Mission accomplie. Certains stands commencent déjà à espérer des bénéfices supplémentaires. « Je pense que ce nouveau marché va attirer plus de touristes. Ce nouveau cadre va nous permettre d'augmenter les prix des bijoux en or et en argent », confie Seng Hong, jeune vendeur depuis trois mois.

L'inauguration de Phsar Thmey est aussi l'occasion d'une exposition photo. Une manière de mettre en valeur l'évolution du marché à travers le temps et les hommes et femmes qui le font vivre depuis sa construction en 1937.

Eric Kuoch et Léa Guichou (www.lepetitjournal.com) Jeudi 26 mai 2011