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KHMERS ROUGES – Une justice restreinte

Écrit par Lepetitjournal Cambodge
Publié le 1 janvier 1970, mis à jour le 22 juin 2014

Le jugement dans le premier procès du dossier no 002 sera rendu en août alors que celui du deuxième procès de ce dossier est en cours. C'est une bonne nouvelle pour les victimes qui attendent justice. Une justice que beaucoup qualifie de limitée : seuls deux accusés sont encore en vie et ne reconnaissent pas leurs fautes. Un article de notre média partenaire www.thmeythmey.com

L'accusé Ieng Sary est mort alors que la santé de Ieng Thirith est dans un état critique - elle est actuellement hospitalisée en Thaïlande. Il ne reste alors que deux derniers accusés, Nuon Chea et Khieu Samphan, dans un état de vieillesse certain et qui ne reconnaissent pas leurs fautes. Par ailleurs, la confiance envers la juridiction pose également des problèmes tant pour les victimes que les accusés. Dans ce contexte, la justice dans le cadre du dossier du procès des Khmers rouges ne semble pas avoir la portée escomptée au départ.

D'un côté, les victimes et la masse reprochent toujours au tribunal que ce procès ne concerne que quelques personnes. De l'autre côté, les accusés qui sont les anciens dirigeants suprêmes du régime khmer rouge, eux aussi, critiquent le tribunal et pointent du doigt la pression politique  sur le tribunal.

Il faut rappeler que le Grand Frère no 2, Nuon Chea, a reproché au tribunal qu'il « ne parlait que du corps du crocodile et qu'il ne remontait pas à la tête et à la queue qui étaient les parties importantes de la vie quotidienne ». Ce Grand Frère voulait dire que pour rendre la vraie justice, le tribunal ne devrait pas tenir compte seulement du contexte de la période entre 1975 et 1979, et qu'il faudrait remonter à l'origine de la naissance du régime khmer rouge jusqu'à la fin de ce régime.

Quant à Khieu Samphan, ancien président du Présidium de l'État du régime khmer rouge, il souhaite que le tribunal appelle des personnalités importantes du gouvernement à comparaître en justice. Ieng Sary, quand il était en vie,  a refusé la juridiction en se basant sur le décret royal de Samdech Norodom Sihanouk qui lui a accordé sa grâce en 1996. Les anciens dirigeants khmers rouges estiment que ce tribunal hybride est incomplet et que sa juridiction ne pourra jamais leur rendre justice.

Accusés et victimes ont chacun des raisons de reprocher au tribunal qu'il ne peut pas leur rendre justice. Certains souhaitent que le tribunal appelle cette personne-ci, cette personne-là à comparaître comme témoin, et d'autres préfèrent mettre en cause d'autres personnes pour rendre la justice complète aux victimes.

Certains sont désespérés et ne portent plus intérêt à ce sujet, d'autres affirment qu'ils souffrent davantage en entendant les dirigeants khmers rouges nier « toute leur responsabilité » dans ces affaires. Malgré tout, beaucoup d'autres personnes attendent toujours que justice soit rendue. Surtout ils souhaitent qu'au moins  le tribunal condamne ces anciens dirigeants khmers rouges à prison à perpétuité, la peine la plus lourde au Cambodge.

Cependant, « la justice » demeure un sujet qui fait souffrir davantage les victimes. Il est évident qu'il n'y a pas de vraie justice pour les crimes systématiques qui se sont produits sous un régime comme celui des Khmers rouges. On peut dire que la justice est seulement un symbole au cas où le procès puisse arriver jusqu'au bout pour juger les accusés qui sont encore en vie.

En tout cas, dans le dossier des Khmers rouges, ce que l'on attend est la clarification des motifs et des circonstances aboutissant au massacre de leur propre population. De ce fait, au lieu de chercher des prétextes pour s'en débarrasser, les accusés auraient dû éclaircir les problèmes sans dissimulation, ce ce que la plupart de victimes attendent.

En somme, il semble que les victimes et les accusés sont en train de se battre pour une justice abstraite alors que cette justice est restreinte bien que le tribunal s'efforce d'accélérer le procès. Il serait si bien que les deux derniers accusés du dossier no 002 puissent écouter le verdict d'une juridiction qui irait jusqu'au bout.

 

Pen Bona - www.lepetitjournal.com/cambodge - Lundi 23 juin 2014

 

        

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Publié le 21 juin 2014, mis à jour le 22 juin 2014

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