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J’AI TESTE POUR VOUS – Le film d’amour thaï doublé en khmer au Lux Cinéma

Écrit par Lepetitjournal Cambodge
Publié le 1 janvier 1970, mis à jour le 5 janvier 2018

16h23 : arrivée au Lux, le cinéma de référence de tous les Phnompenhois. Nous achetons nos billets, 5.000 riels l'unité. A quelques minutes du début du film, nous sommes pour le moment les seules à attendre de découvrir A little thing called love, une histoire d'amour entre deux adolescents? qui va davantage nous faire rire que pleurer.

 

 

Installées sur des chaises en plastique, nous sommes bientôt rejoints par deux couples. Les murs sont placardés d'affiches de films d'horreur, toutes plus sanglantes les unes que les autres. Ce sont les diffusions à venir. Il semble que nous soyons venues l'une des rares semaines où une comédie romantique est projetée. A Little Thing Called Love retrace la love story de deux adolescents se cherchant l'un l'autre pendant des années.

Après vérification rigoureuse des sacs (et confiscation des paquets de cigarettes), on nous laisse entrer dans une salle immense et glaciale. La climatisation doit être à son maximum, on gèle. Une employée nous place à côté d'un enfant de trois ans. Je sens que cette séance va être agitée. Avant que les dernières lumières ne s'éteignent, un rat passe nous saluer, à deux reprises. Mon amie ne posera pas ses pieds au sol une seule fois pendant tout le film.

Première avertissement à l'écran : "éteignez vos portables". Personne ne regarde, tous sont occupés à pianoter sur leur clavier. Les publicités suivent : exclusivement des films plein de petites filles démoniaques et du sang. A la troisième annonce, je me demande encore s'il s'agit du même film ou de plusieurs. Juste avant le début de la projection, l'hymne du Cambodge est joué, avec un arrêt sur image sur le drapeau du Royaume. Difficile d'imaginer le MK2 de Beaubourg diffuser la Marseillaise...

Il est maintenant 17h. Une petite chose appelée amour commence enfin. Comme le reste de la salle, nous n'avons pas résisté à la dégustation de chips. Les croc-croc viennent s'ajouter à la bande-son du film. Les voix khmères, ajoutées sur les dialogues des acteurs thaïs, sont nasillardes et exagérées. Pour sûr, on ne risquera pas de confondre les hommes et les femmes. Les scènes se succèdent, parfois de manière un peu maladroite, mais on reconnaît le style teen movie, scène de baiser ou d'amour en moins. Pour le reste, il y a les personnages lookés, réputés dans le lycée, et le vilain petit canard qu'est le personnage principal : Nam (joué par Pimchanok Luevisadpaibul). Elle a des lunettes, la peau foncée, une coupe au carré et elle est accompagnée de ses copines : la grosse, qui mange pendant tout le film ; la petite nerveuse, qui veut se battre toutes les trois séquences ; et la coincée, qui n'a pas vraiment d'intérêt. Nam est amoureuse de Shone.

Quand Shone (joué par Mario Maurer), que l'on appellera "beau gosse", fait apparition pour la première fois à l'écran, toute la salle se met à commenter sa beauté, même nous. Il a la peau blanche et le nez bien dessiné. Sa maman est blanche et son papa est thaï. Il joue bien au foot, venge les victimes d'injustice et n'hésite pas à frapper s'il le faut. Il fait de la photographie et n'oublie jamais son appareil photo numérique, même quand il va à l'école.

Le temps passe et nos deux héros vont découvrir l'amour chacun de leur côté. La vilaine Nam devient un cygne blanc et fait fondre tous les garçons. Mais quand elle déclare enfin sa flamme à Beau Gosse, il la rejette. En partant, abattue, elle tombe par accident dans la piscine. La scène, larmoyante, vire au grotesque : mais nous sommes prises d'un fou rire.

Quelques dialogues plus tard (que nous n'arrivons plus du tout à suivre), les héros amoureux finissent par se retrouver sur un plateau télévisé, une dizaine d'années après. Shone dit des choses à Nam qui la font pleurer. Une déclaration d'amour ? Le problème, c'est que sans le baiser final propre aux happy ends des films d'amour, nous ne sommes pas absolument sûres de l'issue de l'histoire? Nous ressortons de la salle, amusées mais aussi un rien frustrées. Heureusement, nous allons pouvoir plus tard tirer au clair certaines zones d'ombre du film, grâce à une version du film sous-titrée en français dénichée sur Dailymotion. Vous pouvez donc voir le film en intégralité ici (partie 1 et partie 2), mais il serait dommage de se priver du doublage criard et des rats du Lux Cinema.

 

Emilie TÔN (www.lepetitjournal.com/cambodge) Vendredi 23 mars 2012

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Publié le 23 mars 2012, mis à jour le 5 janvier 2018
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