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Face à l’opposition, Hun Sen lance l’opération “nouilles patriotiques”

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Crédits :cuisine-du-cambodge.com
Écrit par Pierre Motin
Publié le 4 juin 2019, mis à jour le 5 juin 2019

Un plat traditionnel cambodgien, le num banh chok, est désormais au coeur de la politique cambodgienne. Le premier ministre Hun Sen a appelé les membres du Parti du peuple cambodgien à préparer, servir et manger des nouilles khmères froides dimanche 9 juin. D’après le gouvernement, les partisans du CNRP, l’ancien parti d’opposition, entendent montrer leur soutien au parti dissous en novembre 2017 en se rassemblant cette semaine pour manger du num banh chok.

Le premier ministre cambodgien Hun Sen a appelé lundi 3 juin les membres de son parti à préparer, servir et manger des nouilles khmères froides dimanche 9 juin, afin de ne pas laisser le monopole de la politisation du num banh chok au CNRP, qu'il accuse de vouloir instrumentaliser le célèbre plat pour rassembler les soutiens de l'ancien parti d'opposition.

Depuis le mois de mai, la justice cambodgienne a interrogé 36 anciens membres du CNRP à Battambang pour avoir déjeuné dans un restaurant de pâtes ouvert par Sin Chanpeaou Rozeth, une ancienne élue de l’opposition. Ces convocations portaient sur la poursuite supposée de leurs activités politiques malgré la dissolution du parti en novembre 2017. Pourtant, aucun des 118 responsables du CNRP ciblés par une interdiction de mener toute activité politique ne figure parmi les 140 Cambodgiens convoqués par les tribunaux du pays ces dernières semaines.

Lors d’une remise de diplômes lundi 3 juin à Phnom Penh, le premier ministre Hun Sen a indiqué que le num banh chok était en passe d’être associé au soutien à l’opposition. « Ils veulent faire du num banh chok une question politique, en disant que ceux qui mangent du num banh chok sont leurs sympathisants. Manger des nouilles khmères ne doit pas être quelque chose qui fracture la nation. Le num banh chock appartient au Cambodge. » Hun Sen, qui est par ailleurs président du CPP, le parti au pouvoir, a souligné que le fait de se réunir pour manger des nouilles froides khmères ne devait pas être vu comme un rassemblement illégal.

« C’est similaire à une stratégie qu’utilisait Pol Pot, appelée “la rouille corrode le fer”. Mais cela n’atteindra pas la hache de Hun Sen !  », a ajouté le premier ministre cambodgien. Une référence à une stratégie utilisée par les Khmers rouges dans les années 90, qui rejetaient le gouvernement et montaient des attaques à l’encontre de civils.

« Si la prochaine fois vous faites une annonce pour manger du nom krok (gâteaux de riz cambodgiens), je mangerai du num krok. Si vous mangez du banh chhev (crèpes cambodgiennes), je mangerai du banh chhev. »

76 communautés et organisations de la société civile, dont le Centre cambodgien pour les droits de l’homme (CCHR) et la Ligue cambodgienne pour les droits de l’homme (LICADHO) ont signé samedi 1er juin une déclaration afin d’appeler le gouvernement à « cesser le harcèlement des anciens membres du CNRP, prendre des mesures concrètes pour le rétablissement d’un espace civique, et assurer le respect des droits de tous les Cambodgiens. »

La Cour suprême cambodgienne a dissous le CNRP en novembre 2018 pour trahison, un mois après l’arrestation du président du parti Kem Sokha, accusé de fomenter une « révolution de couleur » avec le soutien de puissances étrangères.

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Publié le 4 juin 2019, mis à jour le 5 juin 2019

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