Édition internationale

ENTRETIEN – Rithivit Tep, « de la patience et de l’argent » pour le Tennis.-

Écrit par Lepetitjournal Cambodge
Publié le 1 janvier 1970, mis à jour le 13 novembre 2012

Rithivit Tep se démène depuis plusieurs années pour relancer le tennis cambodgien. Les succès glanés lors de tournois à l'étranger témoignent des progrès effectués, mais reste un obstacle de taille : l'absence de terrains à Phnom Penh. Entretien

Tep Rithivit, le très passionné secrétaire général de la Fédération Cambodgienne de Tennis (crédit: LPJ Cambodge)

Comment se porte le tennis cambodgien ?
Nous allons de l'avant. La fédération a été relancée en 1994 et compte aujourd'hui 150 licenciés. Avant cela, le tennis n'existait plus au Cambodge. Nous vivions dans le souvenir des années 1950 et 1960, au cours desquelles nos tennismen ont connu leurs plus belles heures sur les courts. On battait tout le monde dans la région de l'Asie du sud-est !

Quel a été votre plan pour relancer ce sport ?
Nous avons pris conscience que pérenniser le tennis au Cambodge passerait d'abord par le développement des catégories juniors. C'est ce que nous avons fait en lançant en 2003 le mini-tennis dans une dizaine d'écoles. Cela nous permet ainsi de toucher une plus grande couche de la population.

Les résultats se font-ils déjà sentir ?
Oui. Grâce à cette politique, nous avons pu obtenir des médailles d'or dans des tournois de jeunes au Pakistan et au Bangladesh. L'un de nos meilleurs joueurs, Tan Nysan, a également remporté en 2007 la médaille de bronze lors des Jeux de l'Asean. Cela reste, à ce jour, notre meilleure performance. Nous espérons faire aussi bien lors des prochains jeux en 2009 au Laos.

Tentez-vous de rendre le tennis moins élitiste ?
Oui, on essaye de rendre ce sport accessible. Aujourd'hui, nous donnons des cours à 15 000 étudiants. On leur fournit les balles, les raquettes et ils peuvent jouer pendant la récréation. C'est là qu'on repère ceux qui ont du potentiel. Depuis trois ans, nous avons ainsi retenu deux joueurs que nous allons envoyer en France pour un stage de deux mois. Ils se formeront et progresseront au contact des coaches et des joueurs français.

Quels sont les événements organisés au Cambodge ?
Nous organisons trois tournois : le Cambodia Open en février, un tournoi privé en été et le tournoi Tep Khunnah. Celui-ci est dédié à la mémoire de mon père, décédé en 1995, et qui était membre de l'équipe nationale cambodgienne dans les années 1960. La 13e édition a eu lieu en décembre dernier. Tous ces événements ont lieu à Phnom Penh, car nous n'avons pas le moyen de développer le tennis dans les provinces. Cela fait partie de nos projets, mais nous pensons déjà à solidifier le tennis à Phnom Penh.

A quelles difficultés êtes-vous confrontés ?
Le manque de terrains. Nous sommes la seule fédération de l'Asean à ne pas disposer de nos propres terrains. Jusqu'à présent, on joue grâce à l'aide de clubs privés. C'est frustrant, car il y a huit terrains disponibles au stade olympique. Ces courts devraient appartenir à la fédération plutôt qu'être payants comme ils le sont à l'heure actuelle ! Nous en avons donc fait la demande au ministère de la Jeunesse et des Sports ainsi qu'au Comité Olympique. Nous aimerions en faire un centre tennistique et nous avons d'ailleurs les moyens de refaire les terrains à neuf. On attend toujours une réponse. Pour l'instant, cette absence de courts constitue un frein considérable pour le développement du tennis cambodgien.

C'est-à-dire ?
Sur les terrains privés qu'on l'on nous met à disposition, nous ne choisissons pas les horaires. Le plus souvent, nous devons nous entraîner pendant les heures les plus chaudes de la journée. C'est aussi une question de prestige. Pour pouvoir organiser un tournoi international, il faut disposer d'un minimum de quatre terrains. Nous sommes donc les seuls parmi tous les pays voisins à ne pas avoir de tournoi ATP ou ATF. C'est un peu honteux quand même ! Si le Cambodge parvient à démontrer sa volonté de développer le tennis, je suis persuadé que les sponsors, les instances et les télés ne demanderont qu'à nous aider. Mais si on ne fait même le nécessaire pour avoir ce centre et ces terrains, on restera dans notre médiocrité. Il nous manque encore une volonté commune. Le président de la fédération, Cham Prasidh, également ministre du commerce, en est conscient et m'épaule dans ces démarches pour avoir gain de cause.

Quel est votre parcours tennistique ?
J'ai joué pendant plusieurs années au Québec, où j'ai figuré parmi les dix meilleurs joueurs du pays. Cela m'a permis d'intégrer l'équipe nationale du Québec et de disputer des tournois en Amérique centrale. Le tennis est pour moi une vraie passion et j'entraîne d'ailleurs nos tennismen avec l'aide d'un coach local. On leur en fait baver (rires) ! Depuis que je suis à la fédération, cela me coûte du temps et de l'argent, mais le développement de ce sport au Cambodge le nécessite. On ne peut pas avoir des résultats tout de suite. En tennis, mieux vaut miser sur des périodes de sept à dix ans. Il faut donc de la patience.

Quel est aujourd'hui le niveau exact du tennis cambodgien ?
Notre meilleur joueur, Tan Nysan (19 ans), évolue en France où il est classé 30, ce qui veut dire qu'il figure parmi les meilleurs français. Nous avons aussi un joueur de 15 ans qui est classé 15, et un autre de 16 ans qui est classé 15/1. La plupart des autres joueurs sont classés 15/2 ou 15/3. On commence à progresser. Par apport aux pays voisins, si l'on en juge par les derniers Jeux de l'Asean, nous sommes bien mieux perçus grâce à la performance de Nysan, qui a tout de même battu le n°2 thaïlandais.

Parlez-nous de l'équipe nationale?
Elle compte dix membres. On essaye d'y incorporer des jeunes de façon à pouvoir les faire progresser sur le long terme. Ils sortent beaucoup jouer à l'étranger. En janvier, notre sélection partira ainsi en Malaisie pour y disputer des matches. Pas question de Coupe Davis pour le moment. Non seulement il nous manque des points nécessaires pour prendre part aux qualifications, mais, là encore, on nous demande de disposer de terrains.

Avez-vous d'autres projets ?
Nous sommes toujours en pleine phase de construction des joueurs et j'ai donc engagé des Camerounais présent au Cambodge pour le football, afin qu'ils assurent la préparation physique de nos tennismen. Ils leur donneront du punch physique, chose qui nous manque encore actuellement. Je suis aussi en pourparlers avec un coach américain pour qu'il rejoigne la fédération et assure avec son assistant 30 semaines de cours par an.

Pierre-Olivier Burdin (LePetitJournal.com Cambodge) vendredi 9 janvier 2009

Résultats du 13e tournoi Tep Khunnah, organisé du 14 au 21 Décembre 2008 au VIP Sport Club :

Simple hommes
1. Sok Sam Ath    6-4 / 4-6 / 6-3
2. Pel Vanna       

18 ans et moins
1. Min Sam Sochea Phirun  0-6 / 6-4 / 6-4
2. Ek Chamroeun     

Double hommes
1. Thun Tola + Yi Kevirak  4-6 / 6-3 / 6-4
2. Aun Sambath + Khan Sophoan

Simple femmes 
1. Cheng Chornay
2. Cheng Srey Pich

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Publié le 9 janvier 2009, mis à jour le 13 novembre 2012
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