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Día del inmigrante : la petite histoire de l’immigration en Argentine

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Écrit par Cécile Chênerie
Publié le 15 septembre 2020

Le 4 septembre dernier, l’Argentine a célébré le día del inmigrante. Cette date a été établie par le président Juan Domingo Perón en 1949 par le biais du décret Nº 21.430, et fait écho à la décision prise en 1812 par le premier Triumvirat d’offrir la protection à toutes les familles souhaitant s’installer sur le territoire argentin. Retour sur cette histoire de l’immigration en Argentine.

 

L'Argentine, berceau historique de l’immigration

L’Argentine a longtemps été un véritable berceau de l’immigration, comme le souligne avec une pointe d’humour Borges lorsqu’il affirme que « les Mexicains descendent des Aztèques, les Péruviens des incas et les Argentins… des bateaux ». Cette immigration s’est faite de plusieurs vagues successives.

Avant le XIXe siècle, l’immigration est essentiellement composée d’hommes pour la majorité Espagnols, qui cohabitent avec les peuples autochtones présents sur place tels que les Guaycurúes et Wichis dans la région du Chaco; les Huarpes dans Cuyo et au nord de la province de Neuquén; les Ranqueles à l'est de Cuyo et au nord des Pampas; les Tehuelches dans les Pampas et la Patagonie, ou encore les Onas et Yámanas dans l'archipel de la Terre de Feu. S’ajoute à cela l’arrivée d’esclaves africains, pour la majorité angolais. Cette arrivée d’esclaves noirs est conséquente, puisque certaines études affirment qu’environ 5% de la population argentine descendrait de ces esclaves.

Dès le 4 septembre 1812 le Premier Triumvirat assurait la protection à toutes les personnes souhaitant s’installer sur le sol argentin. En 1853, le pays confirme son statut de terre d’accueil et y consacre même l’article 25 dans sa Constitution :

El gobierno federal fomentará la inmigración europea y no podrá restringir, limitar ni gravar con impuesto alguno la entrada en el territorio argentino de los extranjeros que traigan por objeto labrar la tierra, mejorar las industrias e introducir y enseñar las ciencias y las artes

À la suite de cela, des centaines de milliers d’immigrés arrivent en Argentine. La majorité sont italiens et espagnols mais on compte aussi des français et des britanniques, et de manière plus marginale des russes, des allemands, des polonais et des juifs. Au recensement de 1895, 34% de la population est étrangère, en 1914 ce chiffre passe à pas moins de 43%.

Plus récemment, on compte parmi les immigrés en argentine des asiatiques, appelés les Chinos, qui viennent essentiellement de Corée, du Japon et de Chine. Cette vague d’immigration débute après la Seconde Guerre Mondiale et se poursuite encore aujourd’hui puisque les chinois sont la 4e plus grande communauté d’arrivant en Argentine. Les Turques, Syriens et libanais, font aussi partie de cette vague d’immigration.

Mais la nouvelle immigration reste essentiellement l’immigration latino-américaine provenant des pays voisins de l’Argentine.  Depuis la seconde moitié du XXe siècle l’immigration en Argentine est majoritairement composée de boliviens, paraguayen, péruviens et chiliens. Ces nouveaux immigrants sont attirés par ce pays qui est l’un des plus riches de la région, mais à la différence d’avant, cette immigration n’est pas une volonté de l’état.

 

Zoom sur l’histoire de l’immigration française

Jusqu’en 1914, l’immigration française est le troisième flux migratoire le plus important en Argentine. Parmi ces immigrés on compte aussi bien des exilés militaires et des intellectuels que des français d’origine modeste et des pétainistes d’après-guerre. Comme le souligne Hernán Otero, auteur de Historia de los franceses en la Argentina, la particularité de cette immigration française est qu'elle s'intègre très rapidement à la société Argentine. « On envoyait les enfants dans les écoles publiques où ils y apprirent la langue, de nombreux mariages mixtes se célébrèrent et la seconde génération ne partit pas combattre sous le drapeau français en 1914 ». Autant de signes démontrant la volonté et la réussite de cette intégration qui contribua à « l'uniformisation culturelle » de la société argentine.

De plus, les immigrants français ont eu un réel impact sur la culture du pays. Ils sont parmi les immigrants les plus qualifiés, et ont une influence artistique, culinaire et industrielle.

Les français se consacrent à la culture céréalière ainsi qu’à la production de vin mais sont aussi ouvriers, techniciens ou cadres. Grâce aux capitaux français et britanniques, l’Argentine développe son industrie. Les français sont aussi très influents dans le domaine de la restauration jusqu’au début du XXe siècle.

De même, les français contribuent à part entière à l’urbanisation et au développement de l’architecture dans le pays comme par exemple avec l’architecte Pierre Benoit ou le paysagiste Charles Thays.   Plusieurs bâtiments ont été construits selon le modèle architectural français, comme par exemple le Palais du Congrès de la Nation Argentine, la cathédrale métropolitaine de Buenos Aires, ou encore la Banque centrale d'Argentine.

Dans le domaine de l’art, Eugène Py pour le cinéma ou Paul Groussac ou Julio Cortázar dans le domaine littéraire sont quelques grands noms qui ont marqué la culture argentine.

Du côté de la science, deux lauréats argentins du prix Nobel étaient d'origine française : Bernardo Houssay qui a reçu la moitié du prix Nobel de physiologie ou médecine de 1947, et Luis Federico Leloir prix Nobel de chimie en 1970.

L'Argentine a donc été grandement influencée par la France, terre d’accueil chaleureuse et pleine de possibilités pour les immigrants, sympathie déjà évoquée au XIXe siècle dans le recueil périodique Le Corrrespondant : « Et cette préférence ne vient pas d'un engouement capricieux et passager, il est le résultat d'une sympathie naturelle que rien n'a pu détruire chez l'Argentin, et d'une similitude parfaite entre son caractère et le nôtre. Même légèreté de caractère, même vivacité dans l'esprit et les mouvements, même bienveillance envers les étrangers, égale facilité à ce rayonnement d'expansion internationale. »

 

Quelques chiffres sur l’immigration française en Argentine aujourd’hui

Aujourd’hui, près de 12 000 Français sont enregistrés au registre consulaire et la communauté est estimée à 20 000 personnes. Ces expatriés sont majoritairement jeunes, et ce sont généralement des cadres ou des personnes exerçant des professions intellectuelles.

La plupart de ces expatriés vivent à Buenos Aires, et plus précisément dans le quartier de Palermo, la Recoleta ou San Telmo. Après Buenos Aires, les expatriés français s’installent généralement à Cordoba ou à Santa Fe.

L’Argentine compte 270 filiales françaises qui n’emploient pas moins de 60 000 personnes. La création de PME par les français est plus rare dans ce pays et les français travaillent généralement dans des entreprises de télécommunication, eau, gaz, électricité, santé restauration, hôtellerie, industrie automobile ou encore dans les nouvelles technologies.

L’institut français ou encore l’Alliance française sont autant d’institutions qui témoignent de la présence française sur le sol argentin et aide à la fois à leur intégration et à la mise en valeur de leur culture. 

 

cecile chenerie
Publié le 15 septembre 2020, mis à jour le 15 septembre 2020

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