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Worldwine Women: des femmes engagées sur la route du vin en Roumanie

Worldwine Women vin roumanieWorldwine Women vin roumanie
Zoé, Elisabeth, Manon et Sophie devant leur fidèle Betty (de gauche à droite)
Écrit par Grégory Rateau
Publié le 22 février 2021, mis à jour le 3 mars 2021

Cette semaine notre rédaction est allée à la rencontre de quatre voyageuses un peu particulières car très engagées pour l'environnement et soucieuses de la place de la femme dans le milieu des vignerons. Entre amies, elles ont donc fait la route du vin en Roumanie et nous parlent des projets qu'elles souhaitent en tirer avec leur association, Worldwine Women.

 

Grégory Rateau: Tout d'abord, pouvez-vous nous présenter brièvement votre association Worldwine Women?

Elisabeth Auzias: L’association Worldwine Women a été créée par 4 amies qui sont parties en 2019 sur les routes mondiales du vin, rencontrant des vignerons et visitant des vignobles de tous les continents. En 2020, nous avons repris l’association pour une deuxième édition à l’échelle européenne et avec des objectifs très différents : étudier les enjeux environnementaux de la viticulture et promouvoir la place de la femme dans ce milieu.

 

Nous voulons aussi montrer que 4 femmes peuvent partir en van à travers toute l’Europe et se débrouiller seules

Vous êtes 4 jeunes filles de 22 ans voyageant sur les routes du vin depuis le 1er septembre. N'aviez-vous pas peur de vous lancer entre femmes dans ce périple?

Nous avons traversé une quinzaine de pays, depuis l’Espagne jusqu’à la Turquie en passant par les Balkans et l’Europe Centrale. Nous avions eu quelques appréhensions notamment pour certains pays réputés dangereux, mais nous avions confiance en nous et savions que nous n’aurions pas de problèmes de sécurité sérieux. Et nous avions raison ! Nous voulons aussi montrer que 4 femmes peuvent partir en van à travers toute l’Europe et se débrouiller seules, afin de combattre les préjugés qui nous ont valu beaucoup de conseils de précaution dont on n’a pas eu besoin.

 

La pandémie n'a-t-elle pas compromis la suite de votre projet?

La pandémie a surtout impacté la préparation du projet, nous avons dû changer notre itinéraire en fonction des conditions sanitaires de chaque pays, et pendant le voyage, nous n’avons pas pu entrer en Grèce ni en Géorgie à cause de la fermeture des frontières.

Pour la suite du projet, nous espérons surtout que nous pourrons organiser une avant-première et des projections du documentaire en présentiel, car c’est bien plus convivial !

 

La Roumanie était une découverte

Qu'est-ce qui vous a le plus marqué durant votre périple en Roumanie et vos rencontres avec les vignerons?

Pour chacune d’entre nous, la Roumanie était une découverte. Nous avons été impressionnées par la beauté des paysages que nous avons traversés mais surtout agréablement surprises de rencontrer beaucoup de francophiles. En effet, nous avons été frappées par le lien avec la France, notamment à cause de la langue latine très proche. Cette proximité avec notre pays se ressent également dans le développement viticole et nous avons noté une grande différence avec la Bulgarie ou d’autres pays qui ont connu le modèle communiste. 

Enfin, pour l’anecdote, nous nous souviendrons que les garagistes roumains sont des mécaniciens hors pair puisqu’ils ont réussi à nous remettre notre Betty (notre van) d’aplomb en moins de 24h après avoir perdu une roue et frôlé la mort !

 

La Roumanie a vécu une grande période de sécheresse l'année passée. Les vignerons sont-ils conscients des changements climatiques et comment comptent-ils s'adapter?

Nous n’aurons pas la prétention de parler au nom de tous les vignerons, mais parmi ceux du Dealu Mare que nous avons rencontrés, ils perçoivent en effet ce changement climatique 

Pour l’instant ils se réjouissent encore pour la plupart de l’impact de ces perturbations sur les vins : des vins rouges plus concentrés et avec une couleur profonde. En revanche, si ces sécheresses venaient à s’accentuer, les vignerons s’inquiètent d’un changement de typicité non favorable. 

Enfin, le véritable problème sera sans doute le manque d’eau. Il y a désormais moins de neige l’hiver, voire pas du tout, ce qui réduit considérablement les réserves d’eau. 

Les vignerons s’adaptent principalement en changeant la date des vendanges, en essayant de récolter au moment opportun. En ce qui concerne les événements extrêmes comme la grêle ou le gel, ils ne savent pas vraiment l’anticiper alors qu’ils peuvent y perdre une grande partie de leur récolte. 

Mais ils sont surtout de plus en plus sensibles à l’environnement en général et diminuent les traitements dans l’ensemble pour réduire leur propre empreinte. 

 

Est-ce qu'en Roumanie il y aurait des possibilités de remplacer les cépages actuels par des cépages plus résistants aux conditions climatiques plus chaudes?

En effet, les cépages ne réagissent pas tous de la même manière aux perturbations du climat. Si le Feteasca alba, un cépage autochtone du Dealu Mare s’adapte relativement bien, le Pinot Noir qui a été massivement planté il y a vingt ans est bien plus sensible au changement climatique et certains vignerons envisagent déjà de le remplacer. 

 

Est-ce qu'il y aurait des nouvelles zones viticoles qui pourraient apparaître en Roumanie suite aux changements climatiques ?

Ce sujet n’est pas encore une problématique abordée par les vignerons roumains, toutefois on peut imaginer que la situation continue d’évoluer dans le sens de températures plus élevées et des vagues de sécheresses, le vignoble roumain pourrait se déplacer vers des zones plus en altitude pour conserver la fraîcheur. 

 

Votre documentaire devrait sortir au mois de mai prochain. Quel est son objectif ?

Notre documentaire vise à montrer le métier de vigneronne à travers des témoignages de femmes inspirantes qui viennent de différents pays et qui produisent leur vin avec passion. Nous voulons mettre en lumière les difficultés et les joies du métier, mais aussi ce que ça implique d’être vigneronne, mère, femme et épouse en même temps. En parallèle, nous montrerons également notre voyage initiatique sur les routes du vin et comment nous, jeunes femmes en pleine période de questionnement existentiel, avons évolué à travers ces rencontres riches en émotions et en apprentissage.

 

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