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UNIVERSITE - Rentrée du collège juridique franco-roumain

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collège franco-roumain
Écrit par Grégory Rateau
Publié le 9 octobre 2017, mis à jour le 3 juin 2019

A l’occasion de la rentrée du Collège juridique franco-roumain d'études européennes, filière délocalisée de Paris 1 au sein de la Faculté de droit de l’Université de Bucarest, Madame le Professeur Christine Neau-Leduc, Vice-Présidente de l'Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, et le Professeur François-Guy Trébulle, Directeur de l'Ecole de Droit de la Sorbonne, ont fait le déplacement à Bucarest pour consolider les liens entre les deux pays et leurs deux universités. Ils ont été accueillis par Madame Rhoda Serban, Secrétaire générale du Collège qui a, elle aussi, accepté de répondre à nos questions. Pendant la cérémonie de rentrée de la Faculté, devant un amphithéâtre noir d’étudiants, l’Ambassadrice de France en Roumanie, Madame Michèle Ramis, a pris la parole et invité les étudiants à travailler dur sans perdre de vue leurs responsabilités car ils deviendront un jour les futurs décideurs en charge de notre société.

 

 

Tout d’abord, pouvez-vous dire à nos lecteurs ce que c’est exactement le collège franco-roumain ? Qui l'a fondé ? De quelle institution dépend-t-il?

Rhoda Serban: Le Collège franco-roumain a été créé en 1995 sur une idée de Robert Badinter qui était, à l’époque, professeur à l’Université Paris 1 Panthéon Sorbonne et président du conseil constitutionnel. Il souhaitait que se développent dans les pays de l’Est des formations axées sur le droit des affaires pour aider au passage du communisme à l’économie de marché, et accompagner ces pays sur la voie de l’adhésion à l’Union européenne. Le Collège juridique existe maintenant depuis plus de 20 ans ; il est devenu une sorte de faculté d’excellence, spécialisée en droit comparé et européen, au sein de la Faculté de droit de l’Université de Bucarest. Il accueille environ 300 étudiants par an, de la première année de droit au doctorat. Au total, 14 universités françaises, rassemblées en consortium, qui appuient le Collège, notamment en envoyant des professeurs pour des missions d’enseignement. Le Ministère des affaires étrangères, l’Ambassade de France à Bucarest et l’Institut Français de Roumanie soutiennent très fortement le Collège également.

 


Pourquoi un collège franco-roumain?

François-Guy Trebulle : Ce qui est important de souligner dans ce programme c’est que nos étudiants sont diplômés à la fois de l’Université Panthéon-Sorbonne et de l’Université de Bucarest, ils suivent un cursus complet de la première année jusqu’au doctorat, bilingue roumain-français les quatre premières années, puis exclusivement en français à partir de la cinquième année, et avec, à chaque fois, la reconnaissance des deux diplômes. Ce qui en fait quelque chose de beaucoup plus intéressant qu’un simple programme d’échange ou qu’une simple filière au sein d’une université.

Christine Neau-Leduc : Ils auront la double culture juridique, cela leur permet de passer en France ou en Roumanie des examens professionnels et d’accéder au marché des emplois juridiques. Ce sont deux cursus complets de chaque côté.

 


Cette formation est-elle dédiée aux Roumains ou aussi aux Français et autres francophones ?

FGT: Il faut bien rappeler que de la première année jusqu’au Master, la maîtrise de la langue roumaine est indispensable, les étudiants ne parlant que le français pourront par contre accéder après, à partir du Master 2, à cette formation. A contrario, les Roumains ne parlant pas le français devront donc, eux aussi, faire l’effort de l’apprentissage de la langue française pour pouvoir continuer leur cursus. Notre objectif est de développer cette formation, qui est l’un des pivots de la francophonie, c’est un point central de notre coopération internationale.

CNL : C’est l’idée d’un pôle régional, pour ceux qui ne souhaiteraient pas, pour des raisons personnelles, suivre cette formation depuis Paris, ils trouveront une formation équivalente ici-même. Des étudiants français venus de différentes universités viennent d’ailleurs la suivre régulièrement sur place, à Bucarest, c’est donc un gage de qualité et d’ouverture aussi.

 

rentrée-collège-franco-roumain

 

Pourquoi êtes-vous présents aujourd’hui à Bucarest pour cette rentrée ?

CNL : Nous avons répondu présents à cette invitation car il faut dire que notre attachement à ce pays est avant tout historique, culturel, et amical. Depuis les vingt dernières années, il s’est formalisé mais c’est aussi un attachement bien plus ancien. On vient de visiter la magnifique bibliothèque et l’on voit des ouvrages français très anciens, des collègues qui venaient bien avant la création du collège franco-roumain, donc c’est à la fois pour célébrer et réaffirmer notre engagement historique mais aussi parce que Paris 1 est en train de revoir son propre développement international notamment dans l’aire européenne avec l’idée de créer un réseau européen d’universités fortes, dans lequel Bucarest aurait une place particulière. On doit développer, pour ce faire, les points suivants : la formation mais aussi et surtout la recherche. On pourrait donc renforcer avec Paris 1 des recherches de financements, sur des questions diverses, du domaine du droit de l’environnement, du droit pénal, sur des questions du blanchiment d’argent, des réseaux de criminels organisés où l’on a des spécialistes comme David Feinstein qui serait tout à fait d’accord pour développer des projets de recherche.

FGT : On est à un moment très intéressant, car, étant leaders dans ce secteur en France, nous avons besoin de cette ouverture vers l’international mais nous ne pouvons pas aller partout. Nous n’en avons pas les moyens humains, économiques, matériels. Un enjeu très fort pour nous est d’identifier quels sont les endroits stratégiques. Nous sommes donc ici entre autre pour assumer que Bucarest fait bien partie de ces lieux stratégiques dans lesquels on est en confiance, et à partir desquels on veut travailler le rayonnement qui est celui du droit français et du droit européen. Cette expérience a été pilote et elle est tout à fait fondatrice de nos ambitions. De manière plus conjoncturelle, on se rapproche de la saison France-Roumanie et de la prochaine présidence de l’Union européenne par la Roumanie. On est d’ailleurs dans le cadre d’un consortium, cette formation n’a pas été pensée par une université mais par plusieurs, 14 pour être précis. On vient donc en tant que représentants de notre université bien sûr mais aussi au nom de toutes les autres. On avance tous ensemble, cette solidarité donne une plus grande force.

CNL : Je rebondis sur ce que vient de dire mon collègue pour préciser que l’on pourrait envisager de développer cela sur d’autres disciplines et pas seulement le droit mais les sciences politiques, l’économie, le management, des disciplines avec lesquelles les juristes ont beaucoup de liens et qui pourraient être intéressantes pour l’Université de Bucarest et pour celle de Paris 1.  

 

Quels sont les liens aujourd’hui entre la France et la Roumanie dans le domaine de l’enseignement?

RS : Des liens d’excellence, il est vraiment question de cela, élever le niveau par l’ouverture en gardant un enseignement de qualité équivalente. Les étudiants qui viennent ici en Master 2 sont triés sur le volet, parmi une centaine de candidatures, seulement une vingtaine d’étudiants ont été sélectionnés et ont été admis pour intégrer cette formation. Les liens sont en expansion, ils sont renforcés un peu plus chaque année. Malgré le recul du niveau de langue des élèves en français, les programmes se multiplient pour palier à cela, des cours de français sont dispensés en début de programme avec la faculté de science politique, de journalisme. Bordeaux développe d’ailleurs des liens avec des universités d’autres régions de la Roumanie, les liens sont donc très vivants et pas du tout figés.

CNL : Cela passe comme vous l’avez dit par l’enseignement du français. La France reste d’après ce que l’on a pu constater, une destination privilégiée des étudiants Erasmus de Roumanie ; notamment dans le domaine du droit, ce qui ne peut qu’améliorer leur niveau de langue et revitaliser l’apprentissage du français qui était autrefois la première langue en Roumanie.

 

Malgré la baisse des financements publics et la concurrence accrue d'autres formations universitaires, le collège attire toujours plus d’étudiants étrangers. Comment expliquez-vous cela?

RS : Le collège est devenu plus visible, l’ouverture vers l’étranger a forcément élargi la renommée du collège. Ce qui a joué également, ce sont les professeurs de français qui viennent ici depuis parfois dix et même quinze ans, et qui, à leur retour, ont exprimé des avis très positifs sur le collège et la Roumanie. Cela a fait une publicité extraordinaire au collège. Mais surtout, c’est le fait que le le collège attire toujours autant d’étudiants  et même plus qu’avant, depuis l’adhésion de la Roumanie à l’Union européenne en 2007 qui est un succès :contrairement à ce que l’on aurait pu croire, les étudiants roumains, qui ont depuis 2007, de très nombreuses possibilités pour étudier à l’étranger (programmes Erasmus notamment) continuent à préfére étudier au collège ; cela prouve l’utilité, la qualité et le prestige du collège.

FGT : Ce que je remarque chez les étudiants passés ici parmi nos effectifs, c’est qu’ils deviennent d’excellents juristes, pour ceux d’entre eux qui sont diplômés, car ils sont formés dans un cursus double, dans une logique double, donc ils sont en position d’ouverture et de curiosité nécessaire pour un juriste et cela, quelque soit le métier qu’il décidera de faire ensuite. De ce point de vue, le fait d’avoir été confronté pendant 5 ans à nos modes de pensée et de raisonnement en droit et en même temps de suivre des études ici, on arrive à des étudiants formés avec une exigence accrue et dont la performance et la capacité d’adaptation est souvent supérieure à la moyenne de leurs camarades. C’est cela la meilleure carte de visite de nos établissements respectifs, les étudiants, et leur incroyable réussite.

CNL : Il faut une grande capacité de travail pour suivre ce double cursus, on n’allège peu, au contraire, les élèves ont quasiment deux formations au lieu d’une seule (le cursus roumain et le cursus du collège: il fait suivre les deux pour obtenir les deux diplômes), donc cela veut dire, plus de travail et des résultats forcément optimaux pour ceux qui auront eu la capacité et l’exigence de travail nécessaires pour arriver jusqu’au bout.

 

Est-ce que l’institution prévoit des initiatives, des programmes pour aider les étudiants à mieux s’intégrer ici?

RS : Pour les étudiants qui viennent d’un pays européen, l’intégration est nettement plus simple que pour ceux qui ne le sont pas, je parle du point de vue administratif surtout. La reconnaissance des diplômes, pour ceux qui ne sont pas citoyens de l’UE surtout, demande un parcours assez compliqué. Les non roumanophones souhaitant s’inscrire dans un parcours en langue roumaine doivent généralement faire une année préparatoire d’ apprentissage du roumain, organisée par l’université, pour pouvoir ensuite s’intégrer, parfois avec des places réservées aux étudiants étrangers, dans différents programmes. Sinon, au collège, le traitement est identique entre les étudiants d’ici et d’ailleurs. Les non roumains, ou ceux qui ne résidaient pas en Roumanie avant d’intégrer le Collège, sont accueillispar nos services, guidés par l’Association des étudiants du Master, et par des étudiants roumains très serviables et ouverts, qui vont également les prendre en charge pour les guider, les aider à sociabiliser. C’est d’ailleurs l’une des raisons pour lesquelles les étudiants roumains choisissent ce programme, c’est l’idée d’échanges avec des étudiants étrangers, la possibilité d’interagir et de s’enrichir par la différence des cultures.

 

grégory rateau
Publié le 9 octobre 2017, mis à jour le 3 juin 2019

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