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SOCIETE - Ils ont décidé de s'installer à la campagne

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Nicolae Grigorescu - Fete lucrand la poarta
Écrit par Sarah Taher & Grégory Rateau
Publié le 9 octobre 2017, mis à jour le 9 octobre 2017

Qui n’a pas entendu au hasard d’une conversation, entre amis, en famille ou dans le métro «on devrait se mettre au vert», «fuir la pollution et les gueules de travers»? Les gens parlent mais très peu ont le courage ou la volonté réelle pour sauter le pas, abandonner leur confort, leurs activités, leurs amis, pour aller vivre au calme, dans des villages où tout est à reconstruire. Pour cette semaine, notre rédaction est donc allée à la rencontre d’un couple de Roumains et d’un Français qui ont définitivement quitté la ville pour aller vivre à la campagne. Ont-ils trouvé le bonheur, un nouvel éden, ou au contraire, loin des lumières de la ville se sentent-ils un peu trop isolés?

 

 

Selon les statistiques (INS), chaque année, plus de 100 000 Roumains décident de déménager de la ville à la campagne, 35 000 de plus que ceux qui font le chemin inverse. Les villes seraient-elles devenues moins attractives? Certains sociologues expliquent ce phénomène, par le fait que beaucoup d’habitants de la campagne préfèrent partir à l’étranger plutôt que de chercher un travail dans les grandes villes roumaines. Alexu Toader et Mara Elena Oana ont la trentaine, elle est avocate, lui est graphiste, ils font partie de ceux qui ont décidé de quitter le béton pour respirer au grand air.

 

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Photo: Viscri 32

 

Il y a deux ans, ils ont donc quitté leur maison au coeur de Bucarest pour s’installer à Viscri dans une vieille maison saxonne appartenant à un Français, qu’ils ont baptisée «La Maison Bleue». Leur projet était de la convertir en maison d’hôte avec restaurant. Après une première visite dans le village, ça été le coup de coeur et, un mois après, ils ont décidé de s’y installer.

 

Alexu Toader : «Un des plus grands problèmes dans la ville c’était la vitesse à laquelle tout se passait, on n'avait plus le temps d’apprécier les choses qui nous tenaient à coeur. On vivait pour cocher des choses à faire sur une liste. La première visite dans le village n’a duré que quelques heures mais la tranquillité autour et l’atmosphère du village nous a permis de prendre du recul sur nos vies. On peut vivre autrement, on peut changer quelque chose si nous sommes disposés à faire des sacrifices.»

 

Ils ont choisi de vivre plus simplement mais, tout en prenant en considération les sacrifices financiers de leur nouveau mode de vie. Ils ont vendu leur appartement de Bucarest, leurs voitures, ils ont mème dû demander un crédit et emprunter de l'argent à plusieurs de leurs amis. La restauration de la maison a duré beaucoup plus longtemps que prévu et ils ont dû trouver une équipe locale avec de l’expérience dans la restauration mais aussi les matériaux adaptés. Ils ont même voyagé à travers la Transylvanie pour trouver du mobilier authentique qu’ils ont ensuite appris à réhabiliter. Leur plus grand défi, comme ils le disent, a été d’être patients, car la durée des travaux s’était étendue sur un an et demi. Un investissement dans la durée qui leur a beaucoup coûté.

 

«La vie à la campagne est très différente quand on y vit au quotidien. Nous sommes donc passés par des moments difficiles. Il y a eu des nuits où l’appartement de la ville, le confort en général nous manquaient, mais on a tenu bon. On espère qu’après la période stressante du début, suivra pour nous un train de vie plus calme et qu’on aura le temps de faire des balades à cheval ou à vélo, ou d’aller cueillir des truffes. Peut-être que si on avait su ce qui allait suivre, on n’aurait pas pris cette décision mais aujourd’hui, en regardant en arrière, nous sommes quand même heureux d’avoir sauté le pas.»

 

Pour ceux qui aimeraient tenter l’aventure, le conseil d’Alexu est «d’apprendre en faisant», et de ne pas perdre sa motivation et sa passion et cela même quand on manque de moyens.

 

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Laurent Jouault

 

Laurent Jouault, a décidé il y a dix de venir s’installer en Roumanie et dès le début il s’est retrouvé à Moieciu, un village en bas de la montagne, d'où sa femme étant originaire. Passionné de photos, Laurent a construit à côté de la maison familiale, un atelier/musée autour de la photographie, « La cabane à photo », grâce à laquelle il s’est très vite intégré dans la vie du village. Laurent Jouault : « Aujourd'hui j'ai beaucoup d'amis dans le village et j'ai vraiment l'impression de faire partie de la communauté ». Même si la vie dans les grands espaces peut paraître idyllique, ce n’est pas toujours si simple.

 

« L'hiver est particulièrement rude et long à Moieciu. Je n'ai pas le luxe ou les facilités que je pourrais avoir en ville. Il faut couper le bois chaque jour, entretenir le feu dans les sobas de terracotta. Il faut régulièrement déneiger le chemin jusqu’à la route (environ 200 mètres)... L'hiver il m'arrive de ressentir un sentiment d'isolement. Vivre à la campagne ça veut également dire prendre soin du terrain autour. Engraisser le terrain au printemps, faucher et travailler le foin en été, récolter les fruits à l'automne...»

 

Laurent regrette parfois une vie plus facile d’un point de vue matériel. Aller voir une pièce de théâtre ou un concert signifie pour lui une bonne heure de route. Il est très conscient de la réalité du quotidien rural : isolement, éloignement géographique avec les structures scolaires, les soins, les activités culturelles et les loisirs,… Mais dès que reviennent les premières chaleurs Laurent a du mal à quitter son village.

 

« Pouvoir marcher pieds nus sur l'herbe du jardin est un véritable bonheur que je ne laisserai pour rien au monde. J'ai appris à vivre avec la nature et les saisons. C'est un bonheur de travailler dehors et j'ai trouvé un équilibre dans le village entre tranquillité et vie sociale. Du lundi au vendredi le village est très calme et le week-end apparaissent des touristes de Bucarest et d'ailleurs.»

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Publié le 9 octobre 2017, mis à jour le 9 octobre 2017

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