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RETOUR - Ils ont décidé de revenir en Roumanie

Écrit par Lepetitjournal Bucarest
Publié le 2 juillet 2017, mis à jour le 3 juillet 2017

En 2015, les Roumains étaient environ 350 000 en France. Parmi eux, certains sont revenus vivre dans leur pays d'origine. Choisi ou subi, toujours synonyme de changement, parfois déclencheur d'un choc culturel inversé, le retour est souvent moins bien préparé que le départ. Iulia, Mirela et Luminica ont vécu en France et habitent maintenant en Roumanie. Trois parcours, trois retours différents.


Selon une étude de l'Observatoire de l'expatriation daté de 2011, 42 % des expatriés considèrent le retour dans leur pays d'origine comme une période difficile. Certains subissent même un choc culturel inversé : après plusieurs années à l'étranger, les expatriés sont parfois, à leur retour, en décalage par rapport au pays qu'ils ont quitté. La réadaptation professionnelle, sociale et culturelle peut durer jusqu'à deux ans.


« Le retour a été très difficile. » Iulia est arrivée à Bucarest il y a un mois seulement, après avoir étudié deux ans en France. Elle a découvert le monde de l'entreprise en France. « Il faut que je me réadapte à la manière de travailler en Roumanie, qui est un peu plus transversale, moins spécialisée », explique-t-elle. Alors qu'à 24 ans, elle commence sa carrière en Roumanie, Mirela*, elle, a gravi les échelons en France. De réceptionniste à entrepreneur dans la restauration en passant par directrice d'hôtel, elle est rentrée après le non-renouvellement de son contrat. Après avoir passé une vingtaine d'années dans la capitale française et sa banlieue, le retour à Bucarest a été pour elle un soulagement. Loin de ressentir un choc culturel, elle sent parfois un décalage : « Ici les gens se plaignent, mais ils ne font rien. Par exemple, ma rue est en travaux, donc les éboueurs n'étaient pas passés depuis quelques jours. Tout le monde se plaignait. Moi j'ai pris le téléphone, j'ai appelé la mairie, j'ai demandé le numéro de l'entreprise de ramassage et le lendemain à 7h, ils avaient ramassé les poubelles ». Si elle a voulu rentrer, c'est avant tout pour garder son niveau de confort, qu'elle ne pouvait plus se permettre à Paris. « Les gens sont surpris que je sois revenue. Ils veulent que je leur dise que j'ai échoué », se désole Mirela. Mais son retour est un choix. Aujourd'hui conseillère client, elle n'a plus de responsabilité, a retrouvé son confort et un sentiment de sécurité, qu'elle n'avait plus à Paris.

Luminica a toujours habité en ville. D'abord en Roumanie, puis en France à partir de 2000. Partie pour rejoindre celui qui deviendra son époux, elle vivra en France pendant 10 ans. Puis, à la retraite de son mari, c'est le retour dans son pays d'origine. « C'était plutôt lui qui voulait quitter la France et la ville pour aller à la campagne, en Roumanie. Pour moi c'était nouveau », se souvient-elle. Avec ce déménagement, nombreux sont les changements, mais Luminica s'adapte vite : « En Roumanie, en France ou ailleurs, si je me sens bien, c'est comme si c'était mon pays. »

L'expatriation donne du recul sur son propre pays. Même si Iulia ressent une réelle affinité avec la culture française, ses années d'études en France l'ont rendue fière de la Roumanie. « Pour moi, il était important de revenir, pour changer la politique », affirme-t-elle. Luminica, elle, ne s'intéresse pas à la politique. Elle est revenue et vit sa vie de tranquillité, à la campagne. Un avant et un après ? Luminica en rit : « La seule chose qui a changé, c'est qu'en Roumanie je ne portais pas toujours la ceinture en voiture, je m'y suis habituée en France, et maintenant, chaque fois que je monte je la mets. »

 Propos recueillis par Maeva Gros (www.lepetitjournal.com/Bucarest) - Lundi 3 juillet 2017


L'expatriation roumaine en quelques chiffres :

En 2017, 2 millions de Roumains travaillent à l'étranger, soit presque 10 % de la population. Ils partent en majorité dans les pays de l'Union européenne. L'Italie et l'Espagne sont les deux premiers pays d'accueil des expatriés roumains.
En France, la diaspora roumaine était constituée d'environ 350 000 personnes en 2015.

*Le prénom a été modifié.

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Publié le 2 juillet 2017, mis à jour le 3 juillet 2017

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