Cette semaine, la French Tech a organisé la troisième édition de « Inspiring Women in Business » à l'Université Roumaine Américaine, un événement dont l'objectif était de promouvoir des femmes occupant des postes de direction. L'événement a inclus deux présentations de style TED Talk, ainsi que trois séances de discussions avec des femmes qui dirigent des entreprises à succès et qui ont partagé avec leurs auditeurs leurs réalisations, leurs perspectives et leurs parcours. L'événement a réuni plus de 500 personnes dont des entrepreneurs et des dirigeants d'entreprise et a été animé par Elena Enache, conférencière et investisseuse.
« L’événement Inspiring Women in Business est plus qu’une plateforme qui célèbre les réalisations des femmes ; c’est une opportunité de créer des liens, d’encourager la collaboration et de stimuler la discussion sur le leadership transformationnel. La French Tech Bucarest invite tous les passionnés d’innovation, de leadership et d’autonomisation des femmes à se joindre au mouvement.” a déclaré Grégoire Vigroux, président de La French Tech Roumanie et organisateur de l'événement.
Corina Tiu - vice-présidente des opérations chez TELUS Digital pour la Bosnie-Herzégovine, l’Allemagne, la Pologne, la Roumanie et la Slovaquie - a abordé le problème du syndrome de l’imposteur, qui touche beaucoup de femmes dans le milieu professionnel. “A mon avis cela est lié à la peur de l'échec et à un besoin de perfectionnisme. Des fois il faut un ou deux ans pour devenir un expert et maîtriser parfaitement son job donc il faut se demander si on a envie de prendre le temps d’apprendre, de se perfectionner. Mon conseil c’est de sortir du côté émotionnel “je ne suis pas assez compétente, légitime” et d'être pragmatique en se fixant des objectifs à long terme et en prenant le temps de les atteindre."
Ilinca Paun est la fondatrice de Bravva Angels, une communauté de business angels, qui investissent dans des start-ups fondées par des femmes ou des équipes mixtes. “Il y a au moins 3 raisons pour lesquelles les start-ups fondées par les femmes m'intéressent: la manière durable dont les femmes construisent une entreprise, le fait qu’elles cherchent à résoudre de vrais problèmes de la vie (dans les domaines de la santé, de l'éducation, de la nutrition, …), et qu’elles sont toujours dans un esprit d'apprentissage. Malheureusement les femmes ne représentent que 10% des fondateurs de start-ups”. Avec sa communauté elle cherche aussi à attirer des femmes investisseurs dans le monde du capital-risque où seulement 15% des investisseurs sont des femmes. “Les femmes investissent moins car ça a l'air trop risqué, ça ressemble à des jeux d'argent ou à de la charité, et c’est en dehors de leur aire d’expertise. Mon objectif est justement de combler cet écart entre les sexes et d'avoir un impact grâce aux investissements, en encourageant beaucoup plus de femmes à se lancer en tant qu'entrepreneuses ou en tant que business angels." Elle invite aussi les femmes à avoir plus de courage mais aussi à relativiser.
“Il faut arrêter de penser que toute la pression de l'autonomisation des femmes, du leadership des femmes et des femmes qui produisent le changement dans le monde repose sur vos épaules! Cela n'a pas commencé avec vous et il ne faut pas oublier que dans les générations passées il y a eu des femmes courageuses qui ont mené des luttes très difficiles. Il faut savoir d'où on vient pour ne pas se sentir seule dans ce combat.”
Lavinia Neagoe, directrice de l'ingénierie et responsable du site technologique de Bucarest chez Google, fait aussi partie du mouvement Women in Tech Romania, une organisation dont la mission est de combler l’écart entre les sexes et d’aider les femmes à adopter la technologie. Elle évoque une étude publiée par Google qui souligne les principaux obstacles empêchant les jeunes filles de choisir les filières informatiques et numériques. Parmi ces obstacles Lavinia a cité le manque de modèles auxquels les jeunes filles peuvent s’identifier, l’environnement familial qui ne les encourage pas dans l'apprentissage de l'informatique, le manque de professeurs formés dans ce domaine mais aussi l’absence de réseaux de pairs.
“Avec Women in Tech Romania notre but est justement de faciliter l'accès des femmes/jeunes filles à l'éducation numérique et la maîtrise des technologies, et de les intégrer à une communauté et à des réseaux.
Elle aborde aussi la question des stéréotypes de genre en entreprise. “Je me suis rendue compte que je travaillais plus que mes collègues masculins pour démontrer mon expertise, ma valeur et je pensais que c'était la norme. Il y aussi plein d'études qui montrent que les femmes sont plus dures et exigeantes avec leurs collègues femmes et beaucoup de croyances préconçues comme l'idée que les femmes seraient plus adaptées aux rôles d’organisation ou le fait qu’on attende toujours des femmes qu’elles prennent des notes.” (...) ”Ces stéréotypes et ces attentes liés à notre éducation, mais aussi à notre culture, surtout en Roumanie, peuvent limiter nos opportunités et notre progression professionnelle.”
Marian Blanco Romero - responsable des finances pour la région Europe chez Airbus Helicopters Espagne - conclut sur une note d’espoir:
“mon parcours en tant que femme leader, dans un espace clairement dominé par les hommes, n'a pas toujours été facile. Notre environnement peut nous influencer, mais il ne nous définit pas ni ne doit limiter notre potentiel. Nous, les femmes en affaires, sommes courageuses, résilientes, apprenantes et en constante évolution. Continuons à nous soutenir et à inspirer la prochaine génération de femmes pour qu’elles puissent rêver en grand et dépasser leurs limites. L'avenir est prometteur !”