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FRANCOPHONIE – Interview avec Simona Necula (CEREFREA)

Simone Necula francophonieSimone Necula francophonie
Écrit par Francophonie
Publié le 3 mai 2018, mis à jour le 22 mai 2018

Nous nous sommes entretenus avec Dre. Simona Necula, secrétaire générale du Centre Régional Francophone de Recherches avancées en Sciences Sociales (CEREFREA) de l’Université de Bucarest, basé à la Villa Noël de Bucarest. L’occasion de mieux comprendre le rôle joué par le CEREFREA dans la région, les différents événements francophones mis en place tout au long de ces années et la place qu’occupe la Francophonie dans le milieu académique, entre autres.

 

 

Vous êtes la secrétaire générale du Centre Régional Francophone de Recherches Avancées en Sciences Sociales (CEREFREA). Pouvez-vous vous présenter brièvement ?


Simona Necula: Bonjour ! Je suis chercheure, membre du Conseil Scientifique et secrétaire générale du CEREFREA Villa Noël de l’Université de Bucarest. Je suis docteure ès lettres de l’Université de Bucarest et en histoire et civilisations de l’Ecole des hautes études en sciences sociales (EHESS). Mes domaines de recherche sont les études de genre, l’histoire culturelle et les littératures féminines francophones. Je suis auteure de l’ouvrage Controverses autour du Deuxième Sexe de Simone de Beauvoir et codirige l’axe de recherche « Francophonie et droits humains » du CEREFREA. En même temps, je suis une activiste qui lutte pour les droits des femmes (aux côtés du Centre FILIA) et des non-voyants (aux côtés de l’Association TANDEM).

 

Pouvez-vous décrire en quelques mots les raisons qui ont poussé à la création du CEREFREA en 2012 ?


Le CEREFREA a été créé afin de former, de maintenir et de renforcer dans la région de l’Europe centrale et orientale, en coopération avec des établissements francophones de recherche et de formation du monde entier, un réseau de chercheur-e-s de haut niveau en Sciences Humaines et Sociales (SHS) et une plateforme d’échanges académiques internationaux. Le Centre a été fondé par l’Université de Bucarest, le New Europe College de Bucarest, la Nouvelle Université Bulgare de Sofia et l’Ambassade de France en Roumanie, quatre partenaires qui ont analysé les intérêts scientifiques communs des chercheur-e-s de la région, mais aussi le besoin réel de partager les résultats de leur travail dans d’autres coins du monde. Toutes les institutions francophones de Bucarest répondent à ces attentes. De plus, on a constaté les dernières années que les grandes universités de l’Ouest et pas seulement s’intéressent aux partenariats avec des établissements de l’Europe centrale et orientale (ECO).

 

Le CEREFREA a emménagé dans la splendide Villa Noël en 2014. Quelles opportunités cela offre au CEREFREA et quel bilan tirez-vous de ces trois premières années ?


Notre projet a été couronné du Prix culturel Louis D (750 000 €) accordé par l’Institut de France en 2012, grâce auquel la Villa Noël a été réhabilitée pour abriter le CEREFREA. En ce moment la Villa Noël dispose de salles de conférence dotées d’équipements techniques performants, de salles de séminaire, de bureaux pour les chercheur-e-s, d’une bibliothèque de plus de 6500 ouvrages en SHS et de plusieurs studios pour les enseignants et les jeunes chercheur-e-s et artistes en résidence. Cela nous a permis d’organiser plus de 300 événements, plus de 150 formations pour les étudiants, environ 30 concours et 10 projets artistiques, tout cela en partenariat avec des institutions et les établissements scientifiques francophones nationaux et internationaux avec lesquels nous avons des réunions de travail régulières. Comme vous pouvez le constater, nous sommes un appui important pour les formations francophones de Bucarest. Grâce au soutien des institutions francophones de Bucarest (Agence universitaire de la Francophonie en ECO, Institut Français de Roumanie, BRECO de l’Organisation Internationale de la Francophonie, Délégation Wallonie Bruxelles à Bucarest, etc.) nous avons pu développer dix axes de recherche, plusieurs projets de recherche internationaux (plus de 50 mobilités de recherche) et financer 57 bourses doctorales et post-doctorales. Depuis un an déjà nous avons des bourses post-doctorales financées par l’UEFISCDI aussi. Nous avons conclu, jusqu’à ce jour, environ 30 accords interuniversitaires. C’est plutôt bien, n’est-ce pas ?

 

De nos jours, quelle place occupe encore le français dans le monde académique roumain et dans celui de la région d’Europe centrale et orientale ?


Le bilan offert peut vous donner une image claire sur ce que le français et la Francophonie représentent pour le milieu académique roumain et de la région. Je pense que le français n’a pas perdu sa place, au contraire, aujourd’hui il y a beaucoup plus d’opportunités pour les francophones qu’il y a 18 ans, quand j’ai commencé mes études universitaires. Les références françaises culturelles et scientifiques sont toujours essentielles pour le développement de l’esprit critique de chaque intellectuel, soit-il roumain, tchèque, bulgare, etc.

 

Le CEREFREA est ouvert à tous les chercheurs francophones. En dehors de la Roumanie, de quels pays proviennent les chercheur-e-s invité-é-s ou subsidié-e-s en général ?


Pour ne donner que l’exemple de l’année 2017, nous avons eu plus de 500 participants de 34 pays aux activités du CEREFREA et de ses partenaires. Ceux qui ont été hébergés à la Villa Noël (environ 100 spécialistes et étudiants francophones) proviennent de toutes les régions du monde : Algérie, Arménie, Belgique, Bulgarie, Canada, Cameroun, Croatie, Espagne, France, Grèce, Hongrie, Irlande, Italie, Kosovo, Macédoine, Pays-Bas, Pologne, Portugal, République de Moldavie, Roumanie, Serbie, Slovénie, Suède, Suisse, Tunisie. Beaucoup de francophones.

 

« Francophonie et droits humains » est l’un des axes de recherche du CEREFREA et s’est développé en partenariat avec le Bureau Régional de l’Organisation Internationale de la Francophonie pour les pays d’Europe Centrale et Orientale (BRECO). Pouvez-vous nous préciser la visée de cet axe de recherche et les publications et activités qui y sont liées ?


La collection Francophonie et droits humains du CEREFREA est une nouvelle collection qui a été créée dans le cadre de l’axe de recherche du même nom, développé en partenariat avec le BRECO de l’Organisation Internationale de la Francophonie et soutenu aussi par l’Agence universitaire de la Francophonie depuis 2016. A travers cet axe, qui est dirigé par ma collègue Larissa Luică et moi-même, nous suivons deux directions de recherche : la question des droits humains articulée autour de sujets multiples et pluridisciplinaires des sciences humaines et sociales et l’analyse des représentations des identités féminine et masculine, telles qu’elles sont développées à travers les littératures francophones. Plusieurs colloques internationaux ont déjà été organisés dans le cadre de notre axe, plusieurs projets de recherches ont commencé en 2016 et 2017, d’autres sont envisagés cette année et pour les années à venir. Ces démarches donnent lieu à plusieurs ouvrages. Le sous-axe des droits humains se matérialisera en 2018 et 2019 dans les actes des colloques « L’égalité femme-homme dans et par l’éducation. Perspectives croisées : engagements nationaux et internationaux dans et pour les PECO (2016) », « Les violences faites aux femmes dans les PECO. Tolérance zéro (2017) », « Les représentations politiques des femmes dans les PECO (2018) ». Le sous-axe des littératures francophones a déjà eu comme résultat la publication du volume « Les femmes (se) racontent. Expériences dans les Pays de l’Europe centrale et orientale » réalisé en marge de La Conférence des Femmes de la Francophonie qui s’est tenue à Bucarest les 1er et 2 novembre 2017, ouvrage qui a été réalisé en partenariat avec l’Organisation Internationale de la Francophonie. Un deuxième volume est à peine sorti ; il s’agit de l’ouvrage de Larissa Luică, résultat d’une recherche individuelle dans le cadre des études doctorales : « Je e(s)t un autre. Écriture autobiographique et pseudo-autobiographique dans l’œuvre de Driss Chraïbi ». A la fin 2018 et en 2019, la collection sera déjà complétée par deux autres volumes, les actes des colloques « Les représentations de l’étrangère dans la littérature et l’art cinématographique au Maghreb (2017) » et « Masculin/féminin. Genre, condition féminine et déconstruction de la virilité dans les littératures du Maghreb ».

 

Quelles sont les autres activités que vous avez déjà mises en place en partenariat avec le BRECO de l’OIF ? Et quelles sont les prochaines activités prévues ?


Il y en a beaucoup. Il s’agit principalement d’événements scientifiques organisés au CEREFREA (tels la rencontre-débat avec Kamel Daoud autour de la littérature maghrébine, la table ronde internationale sur les littératures francophones de l’Afrique, les concours sur la traduction littéraire ou les représentations des femmes) ou des événements culturels et artistiques organisés par l’OIF et dans le cadre desquels la dimension de recherche a été assurée par le CEREFREA par les choix des thématiques ou des spécialistes à intervenir (les ateliers de journalisme radio du Delta du Danube dans le cadre du Festival Pelicam, les séminaires régionaux sur les droits humains organisés avec des ONG dans plusieurs pays de la région ECO, les forums des étudiants francophones). Les prochaines activités prévues sont les deux colloques sur les représentations politiques des femmes (17-19 mai 2018) et les littératures du Maghreb (7-8 septembre 2018) déjà mentionnés, le séminaire régional sur les droits humains d’Albanie, l’atelier de journalisme radio sur l’environnement (16-24 juin 2018), le forum Jeunesse et emplois verts pour les jeunes de l’ECO. Je dois ajouter, quoi que vous n’ayez pas posé la question, que nous avons de très beaux souvenirs ensemble. Sans être partenaires dans la réalisation de certaines activités du CEREFREA, l’OIF a été à nos côtés dans des moments essentiels pour nous comme par exemple l’inauguration officielle de la Villa Noël ou l’inauguration du Centre de réussite universitaire de l’Université de Bucarest.

 

Selon vous, quel rôle la Francophonie joue, ou doit jouer, dans le monde académique de la région d’Europe centrale et orientale, et dans la région tout court ?


La Francophonie a été et reste toujours un moyen de vivre sa vie dans l’esprit de l’égalité avec les autres et de partages culturels en français. C’est un très bon instrument de communication pour les jeunes et les moins jeunes, femmes et hommes, un passeur indispensable pour comprendre les autres pensées (philosophiques, religieuses, culturelles, intellectuelles, etc.). La Francophonie, c’est notre style de vie et de ceux avec lesquels nous construisons les beaux projets émergents que nous tenons à cœur. Le monde académique en a besoin dans la région ECO et ailleurs.

 

Avez-vous un souhait en particulier pour le CEREFREA, ou pour la Francophonie, pour cette année 2018 ?


Mon souhait pour cette année est de réaliser tous les projets de recherche que nous avons planifiés. Pour la Francophonie, je lui souhaite de rester unie et ouverte vers le monde, de contribuer au maintien de la paix et au respect des droits humains.

 

Merci beaucoup pour vos réponses, Dre. Simona Necula, et bonne continuation dans vos projets !

 

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Publié le 3 mai 2018, mis à jour le 22 mai 2018

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